Quatre remaniements ministériels intervenus au Tchad en six mois! Idriss Déby change les ministres comme des chaussettes. Deux membres du gouvernement ont été limogés, vendredi 11 janvier. Boukar Michel, ministre du Pétrole et sa collègue des Postes et Télécommunications, Ndolenodji Alixe Naïùnaye, ont été mis à la porte par décret présidentiel.

On savait que la ministre des Postes et Télécommunications était sur la sellette depuis qu’elle avait engagé un bras de fer avec les responsables des organismes sous tutelle qui sont des bras de la famille présidentielle. Mais le départ du gouvernement de Boukar Michel, ministre du Pétrole, qui fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Idriss Déby s’est débarrassé du ministre du pétrole alors que ce dernier était officiellement en mission à l’étranger. Et pour cause, le ministre a cru bien faire en attribuant un bloc pétrolier à la fois à des entreprises chinoises et taiwanaises.

Depuis deux ans, le président tchadien Idriss Deby pleure que le contrat passé en 2013 avec la société de négoce suisse Glencore pour les ventes de pétrole était un marché de dupes. “Nous pensions que c’était une opportunité, c’était un marché de dupes”, avait déclaré Deby à l’émission co-realisée par RFI, Le Monde, TV5 Monde, estimant avoir fait à l’époque “une démarche irresponsable. Je m’en rends compte aujourd’hui. Il y a un délit d’initiés, et il y a une enquête en cours”.

Glencore a acquis en 2013 au Tchad 100% de la part étatique du pétrole pour une valeur correspondant à 16% du budget national de ce pays, un des plus pauvres de la planète. Les ONG dénoncent régulièrement la position des sociétés de négoce suisses impliquées dans les ventes de pétrole des gouvernements africains.

Alors que Déby avait juré avoir totalement résilié le contrat de Glencore en 2017, on apprend plutôt en début janvier 2019 que l’État tchadien a renouvelé le contrat Bloc pétrolifère de Glencore). Pire, le renouvellement de ce contrat intervient sans paiement préalable de 3,75 millions de dollars américains au trésor public par Glencore.

Selon le contrat de partage de la production du Tchad (CPP), Glencore devrait verser 50% de frais du programme d’investissement non exécuté pour le compte du trésor public, puisque les travaux exécutés avoisinent 7,5 millions de dollars contre 15 millions de dollars les frais initiaux prévus dans le programme de travail minimum dans l’article 9.1 du contrat de partage de production (CPP).

Glencore avait contracté pour le compte du Tchad, auprès des institutions financières, la monstrueuse somme d’un milliard cinq cents millions de de dollars (1.500.000.000) pour racheter les actions de Chevron au profit du Tchad. Depuis ce rachat, le Tchad ne voit même passer un kopeck dans ses caisses.

Depuis quatre ans, Glencore n’a fait que payer les commissions, rembourser les intérêts et se faire payer le principal de l’avance de six cent millions de dollars, faite au Tchad ; en d’autres termes la part du Tchad, est destinée uniquement à payer Glencore, les commissions des intermédiaires et les intérêts du prêt principal.

Quel est le montant des commissions ? Quelle est l’identité des bénéficiaires ? C’est à Idriss Déby de répondre, lui qui gère l’argent du pétrole depuis 2014 et qui a confié sa commercialisation à Esso pour se faire payer en espèces comme dans une boutique de sous quartier.

J. RÉMY NGONO

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