Le lundi 22 novembre dernier, pour la première fois depuis leur nomination, les inspecteurs et contrôleurs d’État ont été convoqués à une rencontre peu ordinaire dans la salle de réunion de l’IGE.

Cette rencontre s’est tenue, dans une ambiance électrique, autour de l’inspecteur général d’État, Ali Mbodou Mbodoumi, et de son adjointe, madame Detoloum Binon Célestine. Elle va donner lieu à la révélation d’un scandale sans précédent. L’inspecteur général d’État leur présente un faussaire du nom Idriss Mahamout Idriss, qui a falsifié un ancien ordre de mission afin d’aller arnaquer les responsables et agents de l’Hôpital de l’amitié Tchad-Chine ainsi que ceux de l’ONAPE sous prétexte de contrôler la gestion des fonds alloués.

Dans ses explications, le faussaire, qui a même eu le droit d’assister à ladite rencontre, a laissé entendre avoir agi sur instruction du Président du Conseil militaire de transition (PCMT) et promis à ses victimes d’adresser à celui-ci des fiches favorables pour leur valoir des promotions. Le faux ordre de mission (voir photo) a été signé le 18 novembre 2021, comporte le nom de l’actuel inspecteur général d’État, Ali Mbodou Mbodoumi et est estampillé de la signature de son prédécesseur.

Si ce faussaire ne serait pas à son premier fait, il ne peut réussir sa forfaiture sans des complicités bien établies puisque justement, tous les simulacres d’audition qu’il a menés se sont déroulés dans l’enceinte de l’IGE, précisément dans un bureau qu’il partage curieusement avec un inspecteur d’État.

La scène aurait été filmée par un policier sur instruction de l’inspecteur général. Mais, à la fin de la réunion, Ali Mbodou Mbodoumi aurait décidé, malgré la gravité des faits et à la surprise de ses collaborateurs, de pardonner publiquement le faussaire en mettant en avant sa jeunesse et sa situation familiale, qui pourraient être compromises par sa détention. Ce qui, selon des témoins, n’était pas du goût de son adjointe, qui se serait opposée à ce pardon et trouvé surprenant que son titulaire couvre un faussaire malgré tout le mal qu’il a causé à l’IGE et ses victimes.

Aussi, l’avocat de l’une des victimes (dont on tait le nom pour le moment), qui a fini par apprendre que son client était en réalité convoqué et auditionné par un faussaire, envisagerait de saisir la justice pour le dénoncer et ses complices avec.

Cette rocambolesque affaire vient écorner sérieusement l’image de l’IGE qui a couvert un faussaire alors que sa raison d’être est plutôt de traquer le faux au sein de l’administration. Pire encore, il est difficile de comprendre que le gendarme de l’État, au lieu de sévir avec rigueur, ait décidé d’absoudre des faits d’une telle gravité, commis au nom du PCMT, pour arnaquer de paisibles citoyens. Quoiqu’il en soit, ce scandale n’est rien à côté de l’affaire d’un compte bancaire fictif créé en janvier 2017 au nom de l’IGE-BNF, qui implique également l’actuel inspecteur général et qui risque de faire grand bruit dans les prochains jours.

Tchadanthropus-tribune avec Tchad.com

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