Ce qui nous manque au Tchad pour dégager ce gênant ami de la France, c’est l’esprit de rébellion. Les tchadiens sont téméraires et courageux, mais il leur manque l’esprit de rébellion qui leur permettra de défier ouvertement Idriss Deby Itno (IDI) et le pousser à la faute, c’est-à-dire le faire trébucher. Avant, l’instabilité était favorable à IDI. Aujourd’hui,  ca ne l’est nécessairement, car la forme a tellement changé et les circonstances internationales défavorables. Je m’explique.

            

Hier, l’instabilité était favorable à IDI avec une Libye alliée (Kadhafi lui-même), avec une Centrafrique alliée et contrôlée par les tchadiens (le préfet Bozizé tranquillisant le front sud), avec Paul Biya endormi au Cameroun (une neutralité rassurante), et Boko Haram au Nigeria était en développement. La vraie incertitude gérable venait du côté Est du Tchad (le Soudan). Il y avait beaucoup d’agitations, mais un seul vrai front d’où pourrait venir le vrai danger. IDI avait gagné toutes les confrontations.

            

Aujourd’hui, l’allié libyen n’est plus, celui-là même qui a sauvé IDI. Non seulement l’allié n’est plus, ce qui reste de l’allié est une menace au lieu d’absence ou de neutralité. La Centrafrique est en feu, un feu qui monte de plus en plus. Plus de préfets pour contenir le front sud, plutôt des adversaires non déclarés prêts à profiter du moins endormissement. Le Cameroun n’est plus neutre en raison de nombreuses préoccupations liées à la sécurité. Boko Haram est devenue une menace internationale nécessitant des réponses internationales (les réunions organisées en catastrophe à Paris et d’autres prévues à court terme). L’incertitude au Soudan demeure comme hier, elle est gérable comme hier.

            

IDI est certes surarmé, mais sa situation est plus défavorable qu’elle ne l’était hier. Surarmé, signifie, aussi qu’il est possible de venir puiser dans ses stocks d’armes en excès, de demander à ses hommes de quitter avec armes et bagages plutôt que de quitter les mains vides.

            

Enfin, les fronts se multiplient et s’étirent, le territoire est vaste et les hommes peu fidèles, de nombreux ennemis actifs en même temps, l’opinion et l’image politiques defavorables ! Voilà une équation à plusieurs inconnues et de degré inconnu qui inquiète le survivant IDI. Pire encore, d’ici là, il devra trouver une façon pour faire accepter une nouvelle candidature après 24 ans de pouvoir  exacerbant et destructeur. Encore là, un argument favorable à l’opposition véritable.

            

Alors, que reste-t-il à faire ? La réponse est simple : se rebeller avec conviction et détermination de porter le changementIl faut retrouver l’esprit de rébellion, l’esprit de vrais rebelles qu’étaient nos ainés lorsqu’ils se sont rebellés face aux chars et avions libyens et ont donné la victoire au peuple tchadien, certes avec de grands sacrifices.

            

Il faut se rebeller pour redonner aux tchadiens l’honneur perdu, pour sortir le Tchad de l’indignité et de la médiocrité dans lesquelles IDI l’a plongé, pour replacer le Tchad sur les rails de véritable progrès, pour rétablir simplement l’état et la justice, car le Tchad est aujourd’hui un sultanat avec une teinture républicaine. Il faut être rebelles et dignes plutôt que soumis et indignes. Face à IDI, rébellion et dignité riment, rébellion et justice riment, rébellion et démocratie riment.



Hamad Guera,

Le rebelle de la dignité et de la justice

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