Ce projet financé à hauteur de 69 milliards, n’est que le terrassement de la terre battue sur les axes existants. Cependant, pour la durabilité de ce projet, il le faut un entretien après la fin de chaque saison des pluies, car après le passage des véhicules pendant la saison des pluies, cette route se détériorera. Et ceci laisse croire qu’il faut dépenser au minimum la même somme et se serait un éternel recommencement.

Désormais, ce projet peut servir de leçon pour de futurs projets routiers.

L’échec de ce projet s’explique comme suit :

Causes :

1 : Le projet a été réalisé sans l’implication de la population, qui est également la première bénéficiaire du projet et par extension, qui mérite d’être intégrée dans toutes les phases du projet.

Si cela a été faite, la population décidera sûrement de la construction de ponts en béton compte tenu du budget qui est minime pour la construction des routes.

2 : Sans une étude d’impact environnementale et sociale (EIE).

Sinon en faisant une EIE, la partie des autres options réapparaitra et à travers les biens faits de chaque option, ils vont en toute logique retenir l’option la plus faisable bien sûr en tenant compte des critères. Et pour ce projet c’est l’option pont qui est bénéfique pour la population.

Cependant, comme le projet n’est pas encore finalisé, il sera judicieux d’injecter le reste de l’argent pour la construction des ponts. Ceci à travers un diagnostic qui fera ressortir tous les grands Wadis qui présentent des enjeux majeurs pendant la saison des pluies.

Parce que l’impact de ces routes se fait sentir à plusieurs niveaux : économique, social, environnemental et sanitaire.

Les conséquences :

Sur le plan Social :

1.La noyade des passagers au niveau des Wadis pendant la saison pluvieuse qui la plupart sont des personnes vulnérables (femmes, enfants, personnes âgées, des personnes malades, des personnes diminues et les handicapés).

Sur le plan sanitaire :

1.Pendant la saison des pluies, les usagers font des heures ou des jours d’enfer sur la route ou certaines voitures tombent en panne et encore des heures ou des jours de travail pour la réparation et après ils dorment sur la route (brousse) sous la pluie et à la merci des moustiques. Et cela pour conséquences des maladies hydriques. De plus, certains passagers passent des jours sur la route sans manger, ce qui entraîne des conséquences sur la santé ;

2. Le cas des patients graves évacués en urgence vers la ville d’Abéché qui parcourront des heures sur une distance d’environ 300 km qui serait normalement une distance de 3 heures de temps, soit une vitesse moyenne de 100 km / heure, tandis que les usagers font près de 12 heures de temps de route à moins que la voiture ne tombe en panne ;

3.Avec la dégradation de route, imaginons le sort des personnes qui ont subi une intervention chirurgicale ;

4. Certaines personnes seront traumatisées à vie lorsqu’elles voient leurs parents se noyer sous leurs yeux ; il y a aussi ceux qui sont traumatisés par la perte de leurs biens qui sont emportés par le Wadi ;

6.Les blessures physiques subies lors de la traversée des oueds sont également importantes.

7.Vers le nord, la population utilise principalement des puits traditionnels (en creusant de puits auprès de Wadi) et les produits polluants emportés par l’eau s’infiltrent dans la nappe et cela pollue les eaux souterraines et par ricochet l’eau des puits (conséquence sanitaire et économique). Avec la survenue des crues, les eaux polluées se mélangent également aux eaux de surface. Force est de noter que la population de la zone utilise les eaux de surface pendant la saison des pluies, et à cet effet, les conséquences sont d’ordre sanitaire et économique.

Sur le plan Économique :

1. Les Wadis emportent les véhicules et les transporteurs dont qui en ont le seul capital que leurs véhicules restent au chômage et les conséquences sont énormes sur le plan économique sachant que ces derniers contribuent fortement à l’économie de la région par extension du pays ;

2.Les Wadis emportent aussi des produits et c’est une grande perte pour les commerçants et par ricochet ;

3.Les personnes qui dorment sur la route sans tapis ni moustiquaires tombent facilement malades de maladies d’origine hydrique. Et puis il faut calculer les dépenses de santé en sachant que ces dernières sont des catégories moins riches ou pauvres ;

4.Si le temps est égal à l’argent ; les usagers de la route passent parfois plusieurs jours à atteindre leur destination. Il faut souligner que les transporteurs approvisionnent des régions et des villages isolés ;

5.Avec l’état des routes qui est déplorable, presque tous les véhicules se détachent et donc une fois arrivés à destination, chaque transporteur apporte son véhicule au garage pour réparer et faire un état de lieu et par ricochet tous leurs profits sont allés au garage et à la fin certains se retrouve déficitaires ;

6.Le délai d’amortissement d’un véhicule qui empreinte cette route ne dépasse pas 3ans et de facto certains transporteurs se retrouve au chômage après 3 ans. Force est de noter que chaque transporteur a au moins un assistant (aide chauffeur) qui serait aussi en chômage, et cela engendre une pauvreté accrue et augmente le chômage.

Sur le plan environnemental :

1.La plupart des véhicules s’amortissent sur moins de temps et par conséquent polluent l’environnement par le rejet des émissions de dioxyde de carbone et les nuisances sonores aux riverains ;

2.  Les produits polluants emportés par l’eau s’infiltrent dans la nappe et cela pollue les eaux souterraines. En outre, avec la crue, les eaux polluées se mélangent également aux eaux de surface.

Recommandations :

1. Impliquer la population dans toutes les phases du projet en la considérant comme des acteurs et pas seulement comme des bénéficiaires ;

2. Pour les projets futurs, il est impératif de former une équipe composée de autochtones (représentatifs de la population) et d’ingénieurs (représentants de l’État) pour le suivi et l’évaluation du projet ;

3. Promouvoir la politique de redevances auprès des chefs d’entreprise vis-à-vis de la population de la zone bénéficiaire du projet ;

4. Réaliser une étude d’impact environnemental et social ;

5. Pour chaque projet, il est nécessaire de fixer une période de récupération ;

6. Créer un fonds d’aide aux victimes ;

7.Développer le financement climatique ;

8. Créer une compagnie d’assurance.

 Hassan Bokhit Abdallah Moro

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