De sources concordantes, l’incident du 17 septembre dernier au palais de justice de N’Djamena continue de faire réagir au sein de la société civile, des hommes politiques et autres citoyens.

Les habitants de la capitale continuent de donner leurs avis et affirment sans complaisance que si les proches de ce colonel y compris lui-même, s’ils n’avaient pas de garantie à travers des parents hauts responsables, ils n’auraient pas agi de la sorte, car l’autorité de l’État est intransgressible.

Plusieurs réactions condamnant l’acte d’exfiltration du colonel Abdoulaye Ahamat Haroun par ses parents continuent de nous parvenir. 

Rappelons que jeudi dernier, juste après la condamnation du colonel Abdoulaye Ahmat Haroun à 5 ans de prison ferme pour coups et blessures volontaires mortels contre un mécanicien au marché champ de fil, des femmes proches du colonel, armées de fusils de guerre étaient présentes à l’audience et ont tiré en l’air au moment où le colonel s’apprêtait à monter dans la fourgonnette devant le conduire à la maison d’Arrêt.

Selon le procureur, le colonel qui a été libéré par ses parents a été rapidement localisé et arrêté quelques heures après l’incident.

Selon nos sources, l’arrestation du colonel fugitif s’est faite grâce au commandant 1er adjoint de la garde nationale et nomade du Tchad qui serait proche de Mahamat Ismaël Chaïbo. D’après une source proche de l’enquête, le colonel Abdoulaye Ahamat Haroun serait proche du ministre de l’Administration du territoire, c’est ce qui aurait facilité sa capture. Une version avancée qui affirme que les réactions des proches du colonel s’inscrivent dans le fait que ceux-ci ont une certaine garantie sur le soutien d’un proche au gouvernement sinon leur conduite serait différente.

Ce colonel est conduit à la maison d’arrêt, et ceux qui l’ont aidé à faire cette pagaille sont entre les mains de la justice. Gageons que le colonel purge correctement sa peine de 5 ans même si de point de vue optique être condamné à 5 ans pour un assassinat sur un homme semble être étonnant, tout comme l’amende de 200 000 FCFA sur un crime est dérisoire. Mais la justice semble passer par là et il faut respecter les faits. Ce qui reste est de respecter la mémoire de ce compatriote assassiné en faisant appliquer les peines normalement selon les lois en vigueur.

Ceux qui ont agi au palais de justice en piétinant les lois et les juges doivent aussi être jugés selon les lois en vigueur.

Les réactions.

*U.R.D.

Dans un communiqué de presse le parti Union pour le Renouveau (U.R.D.) du député Romadoumngar Félix Nialbé par ailleurs chef de l’opposition déplore dit il le fait qu’à l’heure où cet évènement de violation grave de la justice se déroule, le premier responsable de la magistrature se trouve en congé chez lui à Amdjarass abandonnant ainsi sa résidence de fonction pour un domicile privé. Pour l’U.R.D. cette manière de faire est tout simplement l’expression d’une manière de se soustraire à ses obligations du Chef de l’État pour laisser libre cours à l’expression des états d’âme souvent malsains.

L’U.R.D. de conclure que l’acte posé le 17 septembre dernier au palais de justice n’est ni plus ni moins qu’une rébellion contre les institutions de la République et doit être traité avec rigueur y relative.

*U.D.P.

Le parti Union des démocrates pour le Développement et le Progrès, U.D.P. de Max Kemkoye dénonce quant à lui le laxisme du procureur de la République qui en d’autres occasions aurait clamé haut et fort la suprématie de la loi sur les intérêts individuels, mais qui en cette circonstance s’est embrouillé dans un gargouillis incompréhensif. L’U.D.P. exige du ministre de la Justice des mesures idoines pour que de telles forfaitures ne se reproduisent plus.

* A.T.P.D.H

Dans un communiqué de presse signé par sa présidente Me Jacqueline Moudeina, l’Association tchadienne pour la Promotion et la Défense de Droits de l’Homme (A.T.P.D.H.) indiquent que ce qu’elle qualifie de film hollywoodien du 17 septembre dernier au palais de justice de Ndjamena a laissé perplexe plus d’un Tchadien. Tout en affirmant ne pas accepter de revivre le régime de Hissein Habré qui est resté le plus sombre de l’histoire du Tchad, l’A.T.P.D.H. condamne la barbarie opérée le 17 septembre dernier au palais de justice de Ndjamena. Aussi appelle-t-elle les Tchadiens à dire non à la barbarie en soutenant les magistrats, avocats et défenseurs de droits de l’Homme. Enfin l’A.T.P.D.H. demande aux autorités judiciaires et politiques de mettre fin à la reproduction de ce film western en remettant le colonel condamné et ses complices à la seule disposition de la justice et de l’institution pénitentiaire.

*TOURNONS LA PAGE

La campagne « Tournons la page, Section du Tchad » condamne elle aussi l’incident du 17 septembre dernier au palais de la justice.

Dans un communiqué de presse, la Campagne tournons la Page, Section Tchad rappelle au Maréchal du Tchad sa citation de ne protéger personne fût – t-elle membre de sa famille vis-à-vis de l’autorité de justice. À ce titre, poursuit le communiqué, la campagne tournons la page exige du Maréchal une déclaration solennelle sur l’état de la nation en lien avec l’indépendance du pouvoir judiciaire et de la démocratie au Tchad.

Tchadanthropus-tribune

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