Yaya Dillo, ancien rebelle au pouvoir en place et rallié à lui, avait posté une vidéo sur sa page Facebook, reprochant à la fondation grand cœur qui est dirigé par la 1ère dame Hinda Déby, d’intrusion capitale dans certains départements de l’État. Il dénonce une convention signée entre cette fondation et l’ancienne structure mise en place par l’État pour combattre le Covid-19.

Ne nous détrompons pas, ce que Yaya Dillo a dit à haute voix, pratiquement tous les tchadiens le pensent à voix basse. Mais personne n’a le cran de relever l’autocratie de cette fondation par peur d’être réprimandé. Lui, Yaya Dillo qui est proche de Déby par sa proximité parentale a retrouvé une voix et une posture hébraïque, barbe de messie et allure fine, et il a fini par donner un coup de pied dans la fourmilière.

Certes, le constat est fait, et la prépondérance de la fondation grand cœur gène les Tchadiens, ceux qui sont taquins, et ceux qui ne veulent point voir le faciès de dame Hinda Déby s’occuper des affaires en relation avec l’État.

Alors, ôtons le facteur immixtion de cette fondation dans les affaires de l’État. N’y a-t-il pas d’autres associations, entreprises sous diverses formes appartenant à des proches du clan, qui se sucrent depuis des années sur le dos de l’État et des Tchadiens ?

Notre investigation continue de mettre en lumière une enquête (qui sera publiée bientôt) sur plusieurs associations dont une association qui a pris le Wadi-Fira en otage depuis des lustres, en recensant des aides, des millions de dollars depuis les années 2000. Cette association n’accepte personne d’autre que ceux du clan au pouvoir ou des affidés. Ils se sucrent sur le dos des Tchadiens en engrangeant toutes les aides octroyées au nom du Tchad. Allez faire un tour dans la région dont cette association s’est inscrite en son nom et constater de visu ce que les populations de cette contrée endurent. Problème d’eau, de pâturage sous forme diverse, là, pourquoi Yaya Dillo n’en fait pas écho ?

Les entreprises créées par les proches de Déby comme SOGECT-TCHAD, qui ne paient ni taxes ni impôts, décriées par tous les Tchadiens ne sont pas énumérées. Il y a ceux qui font semblant de payer, et ceux qui le font aux rabais. Qui en parle ?

Allons voir un certain Aboud Hachim, maire actuel de la bourgade d’Amdjaress, ex-chauffeur particulier de Bedey propriétaire de SOGECT-Tchad. Ce dernier possède même un avion spécial. Avec quel argent ou quelle est la cuillère en or que lui ont légué ses parents ? Tout ce monde pèse chacun entre 15 et 50 milliards. D’où vient cet argent ? Certainement ils devront rendre compte de cela un jour que ce soit au Tchad où à l’étranger ?

Une bonne partie de Tchadiens, s’ils trouvent que Yaya Dillo dit vrai, ils devraient aussi dénoncer toutes les injustices à tous les niveaux et, quelles que soient les personnes mise en cause. Le simple fait de décrier juste la fondation grand cœur et absoudre les autres laissent nos compatriotes sur leur faim et stigmatise la portée de sa sortie.

Aujourd’hui une plainte a été déposée contre Yaya Dillo pour injure et diffamation hors voies de presse. Le collectif d’avocats de Yaya Dillo a brandi l’immunité et les privilèges dont jouit leur client conformément au traité révisé de la Communauté économique monétaire d’Afrique Centrale CEMAC dont YAYA Dillo est fonctionnaire. Le simple fait de le décharger de sa fonction n’enlève point son immunité diplomatique. Il faut d’autres démarches par les Affaires étrangères pour lui enlever cela. Et le procédé qu’entame la justice tchadienne est illégal dans sa forme, comme il demeure aux yeux des Tchadiens comme le fait du plus fort sur le faible, facteur injuste.

Le traité qui dispose en son article 16 alinéas 3,4, et 5 stipule que les fonctionnaires supérieurs de la communauté désignés par les dirigeants des organes intéressés jouissent des privilèges et immunités reconnus aux agents diplomatiques. Fort de ce traité, Me Dainonet Fréderic, un des avocats explique que Yaya Dillo ne peut être convoqué par la justice par la voie ordinaire.

Et puis, une observation s’impose, où sont les Tchadiens pour lesquels Yaya Dillo expose sa vie et sa personne ? En pareille circonstance, une foule doit venir exprimer sa désapprobation quand les choses ne sont pas faites dans les normes. Ce qui tue notre pays, c’est toujours vouloir laisser un martyr pousser la porte de la mort, et venir pleurnicher quand il est mort, disant au passage que c’était un homme juste, il est brave, nous sommes avec lui, mais nous n’avons pas le choix, etc. C’est ça qui a permis l’imposture, et qui fait assoir la dictature.

Yaya Dillo fait face à la justice avec quelques-uns de ses parents qui l’entourent. C’est qu’il a dit est une vérité qui n’est pas complète, mais reste une vérité. Il ne devrait pas être le seul à demander que justice soit rétablie aux Tchadiens, sans que ceux-ci regardent lâchement qu’on le conduise à l’abattoir.

La vérité n’est pas souvent bonne à dire. Mais elle reste l’icône de la vie pour chacun d’entre nous. Il ne faut jamais l’oublier.

Tchadanthropus-tribune

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