Pourquoi pas ? L’homme en a la carrure et l’étoffe. Journaliste de formation,  doté d’une grande expérience professionnelle, SK, parmi les personnalités de l’opposition politique, fait incontestablement partie du peloton de tête, autant par son charisme que par ses qualités intellectuelles. Saleh Kebzabo est un homme bagagé, instruit et sensé. La preuve de tous ces atouts qui sont loin d’être des fleurs qu’on lui jetterait, Saleh Kebzabo est le chef de file de l’opposition. Celui qui, malgré l’armada de politiciens de sa région, déployée contre lui par le régime lors des législatives de 2012, a su tenir tête au rouleau compresseur du MPS dans le Mayo Kebbi,  damant le pion à trois jokers et non des moindres, Pahimi Padacke Albert, Pahimi Kalzeubet Deubet et Jean Bernard Padaré. Un trio composé d’hommes plus jeunes, bien instruits et réputés bien futés et pourtant ! Jean Bernard Padaré, voilà le quidam qu’Idriss Deby Itno a cru être une révélation et dont il a voulu faire son joker dans sa hargne contre Saleh Kebzabo. Jean Bernard Padaré, l’homme des peaux de bananes, celles de l’affaire du lynchage du chef  de village et de ses goumiers par la population de Matta-Léré, exacerbée par l’indifférence des premiers, face aux enlèvements répétés d’enfants de la localité. Des enlèvements monnayés contre de fortes rançons.


Des peaux de bananes aussi ; ce fameux complot du 1er mai 2013, contre la sécurité de l’Etat, dans lequel plusieurs personnalités politiques y compris du sérail MPS fut, à tort, impliqué. Une mise en scène ridicule, qui a fini en queue de poisson. Saleh Kebzabo a été vu derrière  toutes ces affaires. Vu et recherché. Mais introuvable?  Non, plutôt sorti blanc comme neige et grandi. Alors que le fameux joker se trouve aujourd’hui pris dans les mailles de la justice pour des affaires de bandes d’écoute et de corruption.  Jean Bernard Paradé fait à son tour l’amère expérience des allées et venues face aux juges et dans les prisons de la place.


Oui, l’homme d’affaires, le journaliste et le politicien Saleh Kebzabo peut bien prétendre à la magistrature suprême et y accéder si les conditions réelles d’élections libres et transparentes sont réunies. Non pas seulement parce qu’il est chef de file de l’opposition, ce qui demeure un atout incontestable, mais parce que le ras-le bol des tchadiens est à son comble. Les Tchadiens en ont plus que marre de Deby, de son clan et de ses sbires du MPS. Les tchadiens, depuis 1990, année de l’entrée de Deby à N’Djaména, se font canarder au quotidien pour leurs deux roues et leurs voitures. Ils en ont marre. Les tchadiens de Guéreda, de Biltine, de Moissala, de Mbaïkoro, de Maibogo, de Mongo, de Koumra, de Matta Léré, de Goré; de tous les recoins de ce vaste pays, en ont assez de se voir voler leur bétail par des hommes armés  qui sillonnent leurs campagnes et qui, leurs forfaits commis, disparaissent comme des fantômes avec armes et bagages. Alors même que les forces de l’ordre et de sécurité du Tchad sont réputées les plus redoutables et les plus aguerries du continent.  L’impunité qui couronne de tels actes criminels ne traduit pas seulement un laxisme du gouvernement, mais une évidente complicité. Les Tchadiens des villages,  les plus nombreux de ce pays, sont fatigués de se faire agresser chaque année sur les terres de leurs ancêtres par des propriétaires de bétail ; de se faire arracher leurs terres par des gouverneurs et colonels protégés par des com. chefs et com. légions intouchables. Les Tchadiens sont fatigués de regarder mourir leur jeunesse, d’ignorance  et d’alcoolisme,  parce que leur éducation est volontairement compromise par un régime politique qui, à l’évidence, méprise l’éducation et la formation des jeunes. Les Tchadiens en ont marre  de mourir de faim, à cause de la cherté entretenue de la vie ;  de mourir de soif en buvant de l’eau insalubre parce que l’eau potable manque cruellement dans ce pays grand producteur de pétrole. Les Tchadiens en ont plus qu’assez d’être méprisés, d’être humiliés par un clan et une classe  politique pourrie par la corruption  et arrogante.


Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres que cette page ne pourrait contenir, les Tchadiens en ont marre de Idriss Deby Itno et de sa politique.  Et, ils ne s’en cachent pas. La preuve en est la liesse qui s’est emparée des populations au cours des journées des 2 et 3 février 2008.  C’était juste hier. Du  fond de leur cœur, celles-ci  crient avec Kebzabo, plus jamais de Deby, de MPS et de Itno en 2016! Mais Kebzabo l’a dit lui-même, Idriss Deby Itno n’a jamais gagné aucune des élections qu’il a organisées. Et pourtant, c’est un président élu démocratiquement. Par qui ? D’abord par ceux qui font les rois en Afrique.  Ceux qui ont conduit en 1990 IDI a N’Djamena. Ceux qui l’ont maintenu en 2008 au pouvoir. Ceux qui régulièrement envoient des observateurs internationaux pour cautionner des élections à l’évidence, truquées.  Aujourd’hui, Jean Yves Le Drian, ministre socialiste de la Défense estime que Deby est un homme indispensable à la politique française en Afrique. N’est-ce pas lui qui, avec l’argent du contribuable Tchadien fait le gendarme au Mali, en RCA pour la France ? Ceux qui élisent, font et défont  les présidents africains ne sont pas des électeurs Africains. Ce sont la DGSE,  le ministère français de la Défense et  l’Elysée. Stratégiquement, le Tchad est une plaque tournante incontournable de la politique française en Afrique.  Deby le sait et de son côté, il a pu opérer la stabilité chère à la France à l’intérieur et hors de ses frontières, jouant les gendarmes en RCA, au Soudan, au Nigeria à travers des alliances  avec des personnalités  de réputation équivoque. Au Tchad, Deby s’est acheté l’obédience des élites, celles qui ont les responsabilités politiques, des administrations et des institutions de l’Etat. Ce sont ces personnalités  qui triées au volet composent le Conseil Constitutionnel, la Cour Suprême ou la Commission Electorale Nationale Indépendante. Institutions chargées d’organiser, d’encadrer les élections et de décider de qui gagne et qui perd. Elles seront obligées en 2016 comme avant,  d’élire IDI et malheureusement, Kebzabo, sauf miracle, perdra.

 

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