L’acharnement d’Idriss Deby contre son ex ministre de la justice dépasse l’entendement. Passer sous silence le traitement juridiquement attentatoire et moralement odieux que subit Padaré ces derniers temps est inadmissible, même si ce dernier, au sommet de son éphémère gloire, n’a pas hésité à exercer une répression inouïe contre des journalistes et des députés.

 

L’arrestation de Padaré est inconstitutionnelle


La Constitution taillée sur mesure pour le potentat de N’Djamena stipule dans son article 174 paragraphe1 : « La Haute Cour de Justice est compétente pour juger le Président de la République et les membres du Gouvernement ainsi que leurs complices en cas de haute trahison ». Dans un second paragraphe, la constituante (c’était la conférence nationale) précise ce que la haute trahison : «Constitue un crime de haute trahison, tout acte portant atteinte à la forme républicaine, à l’unicité et à la laïcité de l’Etat, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité du territoire national». Il faut aller au 3ème paragraphe pour les textes mettant à nu les poursuites contre Padaré. Le paragraphe3 énonce : «Sont assimilés à la haute trahison, les violations graves et caractérisées des droits de l’homme, le détournement des fonds publics, la corruption, la concussion, le trafic de drogues et l’introduction des déchets toxiques ou dangereux, en vue de leur transit, dépôt ou stockage sur le territoire national». Tout est dit, le cas Padaré est du ressort de la Haute Cour.

Il faut rappeler que la Haute Cour est composée de:

·       dix (10) députés ;

·       deux (2) membres du Conseil Constitutionnel ;

·       trois (3) membres de la Cour Suprême.

Les membres de la Haute Cour de Justice sont élus par leurs pairs respectifs

On est tenté de se demander si le procureur n’est pas entrain de régler ses comptes avec Padaré. Mais selon certaines personnes très introduites au palais rose, rien que le fait d’avoir renommé ce procureur à cette place au moment où Padaré est compromis sur l’affaire Bachir, fait de Deby, de facto, le principal commanditaire.


Selon les informations qui nous parviennent d’Am Sinéné, Padaré est souffrant, sérieusement atteint. Il aurait laissé entendre qu’on ne lui connait aucun antécédent sanitaire et ne souffre d’aucun trouble psychique (aucune intention de suicide).


Face à l’arbitraire organisé à l’aide des institutions de la République, la situation sécuritaire est plus que critique.

 

Résurgence de l’insécurité au Tchad


La recrudescence de l’insécurité au Tchad ce dernier temps a atteint son paroxysme avec l’assassinat du praticien de la médecine douce, Dr Néhémie Mbaiatelbeye, pour voler sa moto. Cette situation rappelle à certain d’entre nous, le Tchad des années 1988-89. Pour déstabiliser le régime de l’époque, on a commencé par braquer, de nuit, les motards, cambrioler les paisibles citoyens, pour instaurer une situation de panique généralisée. Si certains voient les mains de quelques mécontents encagoulés tapis dans l’ombre manigançant et complotant contre Deby, d’aucuns imputent cette situation au despote lui-même qui, cherchant à étouffer tout désir de changement sous cette véritable chape de plomb, rétablit la situation par la suite et se comportera en héros incontournable. Comment expliquer la nomination d’une personne suspectée de collusion avec les coupeurs de routes à la tête de la police?

 

Ahmat Youssouf

 
 

 

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