C’est une nouvelle tendance qui émerge au sein de la culture d’engagement vers un Etat de droit, la grève de la faim. Lancée par l’artiste et écrivain tchadien Kaar Kaas Soon pour protester contre les arrestations arbitraires au Tchad, et sur la situation socio-politique catastrophique qui interpellent aussi bien nos consciences que notre dignité.
Convaincue de la nature répressive du potentat de N’Djamena, connue pour ses violations systématique des droits de l’homme, avec l’approbation des dirigeants français et des puissants lobbyistes grâce au revenu de l’or noir, une amie me demande juste après avoir appris la nouvelle:

-‘’Est-ce que cette méthode marcherait au Tchad?’’
-‘’Est-ce que les tchadiens sont sensibles à des tels engagements?’’

Malgré 23 ans de répression et d’achat des consciences, pour moi le but de cet engagement ne se limite pas à faire une quelconque pression sur les autorités de N’Djamena qui, quoi qu’on face ne les empêchera pas de dormir. Le véritable but est plutôt de faire vibrer les consciences et d’interpeller sur la situation périlleuse que traverse le Tchad, pour qu’ensemble, nous trouvions des solutions .

Il est moralement et politiquement inadmissible de croiser les bras ou de n’exprimer aucune forme d’indignement sur ce qui se passe dans ce beau pays. Cette situation nécessite une action urgente et déterminée, quel qu’en soit la nature, car ne rien faire ne ferait que prolonger les souffrances du peuple tchadien.

L’expérience douloureuse des échecs répétitifs des politico-militaires affairiste et trafiquant d’espoir qui ont abusés de la confiance profonde et aveugle des jeunes épris de justice et du respect de l’intégrité morale en prônant la lutte armée a fait sombrer l’espoir de tout le peuple dans la mélancolie et le désespoir.

Egocentrique et avide de pouvoir, ces chefs rebelles qui brillent par leur immaturité intellectuelle et morale, s’érigent par leur tendances claniques en libérateur, avec des slogans démocratique, qu’ils ne connaissent que pour mieux se positionner en maitre absolu et ainsi écarter toute initiative en dehors de leur vision et qui ne satisfait pas leur appétit égocentrique.


Démasqués, les tchadiens n’attendent plus rien de personne, et moins encore de leur propre personne.

Nous nous retrouvons à demander l’aide des chancelleries occidentales, qui déballent le tapis rouge aux dictateurs africains, ou vers les régimes condamnés qui cherchent à survivre le plus longtemps possible.

Il est aussi indéniable que la géopolitique joue un facteur clef dans l’espoir désespéré du peuple tchadien.

Alors que cette même géopolitique de la région a fait périr Youssouf Togoimi [leaders du MDJT (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad ) disparu  dans des circonstances troubles en Libye  le 24 septembre 2002]  par une trahison interne du numéro 2 de son mouvement en complicité avec la Libye de Gaddafi, ou encore Adouma Hassaballah [ président du mouvement rebelle l’Union de Force pour le Changement et la Démocratie UFCD disparu en 2010 lors d’un transit à l’aéroport d’Addis Abeba-Ethiopie]  et d’autres mouvements dans le pétrin du Darfour au Soudan, ou encore le charismatique opposant  Ibni Oumar Mahamat Saleh, [disparu en 2008, porte-parole de l’opposition au pouvoir en place au Tchad] dont la complicité de l’administration Sarkozy n’est plus un secret pour personne, ou encore la position des socialistes qui ont accueillis avec les honneurs le « démocrate-libérateur » du mali, le général Idriss, oubliant soigneusement et scrupuleusement les 23 années de répressions et la prochaine livraison d’armes à des groupuscules extrémistes en Syrie, ces mêmes extrémistes qui sont responsables de la destruction du Mali.

Tant que l’or noir coule, Idriss Deby  peut malheureusement à tout moment redorer son image, une image que même la chirurgie esthétique est désormais incapable d’arranger, mais avec la magie de l’argent on est toujours forcement ‘ beau’.

La dimension multiculturelle, déchirée par les conflits fratricide soigneusement orchestrés par le régime, et des tendances claniques nourries de vengeance et la haine héritée de l’ère coloniale rend l’énigme encore plus complexe tant dans l’affaire de l’Etat que dans les faits sociaux.

Mais aujourd’hui malgré nos différences culturelles et nos tendances politique ou religieuse, les tchadiens partagent tous la même aspiration qui est celle d’un changement radical du régime et l’instauration d’un Etat de droit et de justice. Une première dans l’histoire du Tchad.

Ainsi, ne doit-on pas pencher pour un changement de l’intérieur, par la rue, malgré les risques de répression? Les peuples qui y sont parvenus, même si la réalité culturelle en diffère, n’étaient-ils pas exposés à la même situation ? A quoi servirait une lutte sans sacrifices? L’intention vaut le fait

DJARMA Acheikh Ahmat Attidjani activiste blogueur
Grévistes de la faim en solidarité avec notre compatriote Kaar Kaas Soon

  
Extrait de son message : ‘’Bonjour à toutes et à tous

Je vous informe qu’à partir de demain, mardi, 4 juin 2013, j’entame une grève de la faim pour :
– protester contre les arrestations arbitraires d’hommes politiques et de journalistes tchadiens, suite à ce que le gouvernement a nommé « tentative de déstabilisation du pays » depuis le 1er mai dernier ;
– protester contre le flou de la justice tchadienne dans cette affaire ;
– attirer l’attention de l’opinion internationale sur ce qui se passe au Tchad dans cette affaire ; et ;
– obtenir la libération de ces personnes détenues sans respect des règles de droit.

Merci de relayer et merci de votre soutien.
Bien à vous !’’
Kaar Kaas Soon artiste et écrivain tchadien

 

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