La mesure consistant à supprimer les indemnités des fonctionnaires pour soit disant « faire des économies » est tout simplement une aberration et une extravagance qui ne trouve sa justification que dans le mépris que le chef de l’Etat a toujours affiché à l’égard des tchadiens en général et des travailleurs en particulier.

 

Pour compenser les pertes de recettes provoquées par la chute du prix du baril du pétrole, le Président Deby n’a pas trouvé autre chose que d’exiger des fonctionnaires, ces cibles faciles, corvéables et serviables à merci, de renoncer à leurs indemnités, confirmant de ce fait sa politique abjecte d’asservissement programmé des fonctionnaires et partant, de tous les tchadiens.

 

Pour appréhender l’ampleur des dégâts que cette mesure pourrait éventuellement causer dans les foyers de ces travailleurs, il convient d’abord de prendre la mesure de ce que représentaient le salaire et autres indemnités perçues jusqu’à là par  ces travailleurs vivant pourtant dans un pays producteurs  de pétrole.

 

En effet, tous les fonctionnaires honnêtes qui n’ont pour seule ressources que ce salaire pour faire vivre leurs familles savent mieux que quiconque que le salaire avec ses maigres indemnités qui leur sont servies jusqu’à là chaque mois ne couvre déjà  en fait que le tiers de leurs besoins réels ; les deux tiers des autres besoins sont souvent couverts par les jongleries et autres gymnastiques auxquels tout bon fonctionnaire tchadien a apprit à se livrer à son corps défendant.

Si les refus successifs des demandes d’augmentation de ces maigres salaires essuyés jusque là par les fonctionnaires de la part d’Idriss Deby sont cruelles, vouloir supprimer les indemnités relève tout simplement du sadisme.

 

Cette mesure, nous l’avons dit n’a pas sa raison d’être et nous pensons que s’il y’a des économies à faire, ce n’est certainement pas sur les indemnités des fonctionnaires ; indemnités qui, au demeurant ne constituent même pas le centième des dépenses de l’Etat ; si Deby veut vraiment faire des économies, les secteurs qui sont des véritables «  tonneaux des Danaïdes » où les déperditions des recettes sont gigantesques  sont très bien connus de lui et de sa famille :  

Cette décision donc est d’autant plus gratuite qu’elle ne peut pas être justifiée par la chute du prix du baril de pétrole : en effet on oublie trop souvent qu’à l’époque où les différentes conventions avaient été signées, il était prévu la création d’un compte de stabilisation des prix du pétrole ; le prix contractuel du baril était à l’époque estimée à 40 ou 50 dollars  ; dans ce compte de stabilisation était donc  logé le surplus d’argent c’est-à-dire tout ce qui est au dessus des 40 ou 50 dollars prévus. Au regard donc de la hausse brutale du prix d’il ya quelques années, l’on serait amené à croire que ce compte devrait être bien garni parce que l’on se souviendra que deux ou trois années plus tard, le prix du baril était monté jusqu’à presque 160 dollars ; l’intérêt de ce compte était de prévenir d’éventuelles baisses comme celle que nous connaissons actuellement (14 dollars) ; et donc que de l’argent devrait être prélevé de ce compte pour combler la différence de manière à respecter les prix contractuels ; conclusion, le Tchad ne devait pas logiquement souffrir des effets de cette baisse des prix du pétrole à cause de l’existence de ce compte de stabilisation dont le rôle était de pallier justement à ce genre de baisse brusque des prix du baril de pétrole ; Il est donc légitime pour les citoyens de se demander où est passé l’argent de ce compte ?

 

Les recettes douanières qui faisaient à l’époque 70% de nos ressources avant l’avènement du pétrole sont en violation flagrante des règles de la Comptabilité Publique logées dans un compte ouvert à la CBT, une banque commerciale de la place ; ces recettes n’arrivent même plus à couvrir la masse salariale surtout depuis que le petit frère du Chef de l’Etat  Directeur Général de la Douane a commencé à avoir la haute main sur celles ci. Les déperditions substantielle de ces recettes étaient tellement importantes que la dernière mission du FMI avait implicitement recommandé le départ des responsables actuels des régies de recettes notamment la douane et toutes les autres régies à la tête desquelles se trouvent les parents du Président.

Si les parents du chef de l’Etat qui sont tous milliardaires et dont certains ont à peine 17 ans sont la cause de déperdition d’importantes recette de l’Etat, Idriss Deby lui est une véritable machine à dépenser de l’argent : en effet, du fait de ses voyages qui s’effectuent à un rythme de 6 en moyenne par mois, et du fait surtout du nombre pléthorique des membres de ses délégations, il est permis de dire que ces innombrables déplacements sont des véritables hémorragies financières : à titre d’exemple, un de ses déplacements effectué aux Etats Unis en 2014 avait couté au trésor public la bagatelle de 4 milliards et demie de Francs CFA.

 

Il convient de retenir également que 90% de l’argent du pétrole est drainé de la BEAC vers la BCC où est logé le compte de la Direction Générale des Grand travaux Présidentiels dirigée par son neveu ; ce compte est une véritable caisse noire dans laquelle des centaines de milliards sont gérés en violation totale des textes régissant l’exécution des dépenses de l’Etat. Si on ajoute à cela l’argent liquide thésaurisé à la présidence servant à la corruption et autres achats des consciences pour pérenniser son pouvoir, les énormes dépenses de prestige, les prélèvements irréguliers et répétés de l’argent qui tombe au compte goutte au trésor, les tournées très couteuses effectuées à l’intérieur du pays, etc. ,on dira sans hésiter qu’Idriss Deby est le principal responsable de la situation actuelle .

 

Nous ne pouvons pas conclure notre étude sans évoquer le rôle néfaste joué par le Grand frère du Chef de l’Etat qui, non content d’avoir pu privatiser la SOTEL comme il l’avait fait auparavant pour la SNER l’a morcelée en de petites entreprises dont les recettes au lieu d’aller au trésor sont versées dans des comptes privés.

Ces trois ou quatre exemples choisis au hasard parmi des dizaines autres suffisent pour illustrer la gabegie financière qui caractérise la gestion familiale et clanique des ressources publiques.

 

Bref, il nous semble que le Président et sa famille sont les seuls responsables du pillage des ressources de l’état et donc responsables de l’anéantissement de ses capacités financières au point où le Tchad n’arrive plus à payer ses fonctionnaire et à recourir (toute honte bue) à des découverts bancaires ; il serait inadmissible de faire supporter les conséquences de la gabegie financière de la dynastie régnante par les maigres indemnités de ces fonctionnaires de l’Etat qui ont déjà du mal à boucler les fins de mois et qui n’ont que ces maigres indemnités pour survivre.

 

Cette situation, couplée a La cherté de vie actuelle qui, disons le, est le fait de nos gouvernants qui n’avaient pas hésité à l’instituer minutieusement nous amène à penser que cette décision fait partie du plan d’asservissement programmé des tchadiens conçu depuis longtemps par le Président de la République.

 

Mahamat Nour IBEDOU 
Secrétaire Général de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme ( C.T.D.D.H) 
Porte Parole Adjoint de la Coalition « TROP C’EST TROP »

 

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