Le Président Idriss Deby Itno n’est plus, tué le 18 avril 2021 à Nokou dans le nord Kanem. Il s’était rendu auprès de ses troupes pour superviser les opérations militaires engagées contre la rébellion armée du FACT qui a déclenché les hostilités depuis le 11 du même mois. Si au Tchad seule la version officielle est accréditée par une large partie de la population ; sur le plan international en revanche, c’est une toute autre version qui est unanimement partagée, vraisemblablement diffusée par les arcanes de la Françafrique et de la DGSE.

Une semaine après la mort d’Idriss Deby et trois jours après son enterrement, les émotions sont nettement retombées, certains ont retrouvé leurs esprits après l’électrochoc qu’ils ont subi à l’annonce de la terrible nouvelle. On peut même dire que ces gens n’ont pas attendu la fin des 14 jours de deuil national pour passer à autre chose de plus préoccupant : la conservation du pouvoir.

En effet, on s’active à tous les niveaux : diplomatique, militaire, politique, social pour faire revivre le régime d’Idriss Deby, décapité. Il y va de l’intérêt de ceux-là qui veulent garder le pouvoir pour leur survie, qui veulent conserver leur poste, qui pensent à protéger leurs immenses richesses, qui veulent utiliser les fils du Tchad pour leur politique étrangère.

La version officielle, largement diffusée et servie en boucle au Tchad, rapporte que le Maréchal Idriss Deby Itno est mort au champ de bataille, arme à la main, en combattant héroïquement l’ennemi pour protéger son pays contre les hordes de « mercenaires et terroristes » venus de la Libye. Alors même que le défunt lui-même l’a dit en public, lors de sa campagne électorale pour la présidentielle d’avril 2021, qu’il se battra avec arme et son sang pour conserver son pouvoir.

Dès lors, cette version officielle de la mort du Président Deby présente un double objectif : elle consiste d’une part à anesthésier les populations par un sentimentalisme morbide pour avoir son adhésion par défaut au projet de dévolution dynastique du pouvoir et d’autre part pour justifier auprès de la communauté internationale afin qu’elle ne condamne pas le coup d’Etat constitutionnel et l’usurpation du pouvoir au Tchad. C’est ce à quoi on assiste et contre lequel le peuple tchadien se dresse.

Quant à la seconde version, elle évoque une fusillade au sein de la garde rapprochée du Président Deby qui lui a coûté la vie. Cette version a été très tôt avancée par le Journaliste Alain Foka et d’autres occidentaux qui ont des connexions avec les réseaux Françafricains et la DGSE.

En effet, Idriss Deby accompagné de son aide camp Khoudar et d’un Officier de liaison français est arrivé à Nokou dans le Kanem le samedi 17 avril. Il s’installe à son QG situé à une cinquantaine de kilomètres de la ligne de front.

Dans la nuit du dimanche 18 avril, Idriss Deby convie certains responsables militaires triés sur le volet à une réunion sous sa tente. Juste à la fin de cette réunion, arrive un Général (Tchadhanana tait pour le moment son nom) qui était lui à un poste avancé protégeant le QG du Maréchal. Aussitôt croisés, Idriss Deby lance à l’endroit de ce Général : « Eh rebelle da, qu’est-ce que tu fais ici ? ». Il faut comprendre que le terme « rebelle » ici n’a aucune relation avec l’ennemi d’en face, le FACT. Mais il traduit bien le ressentiment qu’a toujours Idriss Deby à l’égard de ce Général qui, à l’instar de plusieurs autres Officiers du clan, avait refusé de s’associer à l’attaque du domicile de Yaya Dillo.

La réponse du Général traité de « rebelle » va mettre Idriss Deby hors de lui. Instantanément, Deby sort son pistolet et abat à bout portant ce Général. Presqu’aussi instantanément une rafale retentit dans le groupe d’hommes qui encadrent le Président Deby. C’est le cousin du Général abattu (Tchadhanana tait pour le moment son nom) qui vient de vider le chargeur de son Famas sur le Président Deby. Une fusillade s’en suit, occasionnant la mort de plusieurs militaires et de blessés dont le Général Taher Erda, légèrement touché. Le Maréchal est mort sur le coup.

L’officier de liaison français qui a assisté à cette fusillade informe aussitôt ses supérieurs de la mort de Deby. L’information est rapidement cloisonnée. Le Général Mahamat Kaka qui se trouvait au champ de bataille a été appelé en premier. Il constata le drame qu’à son arrivée. L’Officier français lui passe le Président Emmanuel Macron qui lui explique brièvement ce qu’il y a lieu de faire maintenant pour gérer cette crise. Puis c’est au tour du Chef d’état-major général des armées, le Général Abdelkerim Daoud d’être appelé sur le lieu du crime, mis au fait de ce qui s’est passé et de la décision de l’Elysée de placer le Général Mahamat Kaka à la tête du pays. Un hélicoptère arrive et transporte le corps sans vie du Maréchal et les blessés graves à N’djaména. Au front, l’armée continue la guerre, elle apprendra la nouvelle de la mort de son chef suprême comme tout le monde, c’est à dire le mardi 20 avril 2021.

Cette dernière version est la plus partagée dans les chancelleries et les présidences africaines et occidentales, les médias étrangers. Au Tchad, les partis politiques de l’opposition et les organisations de la société civile ont demandé à la France de clarifier les circonstances exactes de la mort du Président Idriss Deby. L’Union Africaine a annoncé la création d’une commission d’enquête sur la mort de Deby. C’est dire qu’il y a véritablement anguille sous roche. Au front, les militaires s’interrogent car ils n’arrivent pas à comprendre comment le Maréchal ? Et surtout avec quelle faction a t-il combattu ?

Il reste à savoir quelles conséquences cette tuerie au sein du clan va avoir sur le pouvoir que visiblement on s’active avec l’aide de la France à le pérenniser à travers le fils du disparu, le Général Mahamat Idriss Deby.

La rédaction de #TchadHanana

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