Au Tchad, le mois sacré du calendrier musulman a commencé dimanche, pendant que les prix des produits de première nécessité flambent sur les marchés. « Le mois de ramadan, c’est le mois de lecture du coran, de bienfaisance et de bonnes œuvres », déclare cheikh Abdadayim Abdoulaye Ousman, secrétaire général du Conseil supérieur des affaires islamiques (CSAI, autorité suprême de l’islam au Tchad).

Pendnt le ramadan, qui correspond au neuvième mois lunaire de l’année musulmane, les musulmans doivent s’abstenir de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil. Le jeûne est rompu chaque jour par le « iftar », le grand repas commun. Mais, pour la plupart des fidèles musulmans tchadiens, trouver de quoi rompre le jeûne devient de plus de plus difficile. « Tout est cher au marché. Par, exemple, le koro (une tasse qui sert d’unité de mesure, Ndlr) d’oignons, vendu à 1.250 F CFA il y a quelques jours, vaut aujourd’hui 2.000 F », déclare Mariam Aché, ménagère et mère de cinq enfants.

Sur les grands marchés de N’Djaména, la capitale du Tchad, les prix des produits de première nécessité ont en effet grimpé. Le demi koro de gingembre (qui entre dans la préparation de la bouillie…) qui coutait 500 F CFA, vaut 900 F maintenant, soit près du double. Le prix de la bouteille d’un litre et demi de lait caillé a triplé pour atteindre 1.000 F CFA. La bouteille d’un litre et demi d’huile alimentaire est vendue à 1.750 F CFA contre 1.100 F il y a peu de temps. Le poisson frais, ravitaillé du Lac Tchad, et la viande, autre aliment de base des Tchadiens, sont devenus un luxe pour beaucoup de ménages de N’Djaména. Le kilo de poisson frais vaut plus de 2. 500 F CFA, celui de viande tourne autour de 2.000 F CFA. Les ménagères ne pouvant pas débourser autant d’argent, les vendeurs de poissons et de viande leur offrent leurs produits par tas, au lieu d’utiliser la balance imposée par les autorités nationales.

Au marché des céréales, les prix des saces de maïs ou de mil ont augmenté de 25 à 30%. Des produits importés, tel le riz, la farine de froment ou la pâte alimentaire, subissent le plus cette hausse incessante. « On n’a pas le choix, on est obligé de prendre, sinon nous ne pourrons tenir le ramadan », indique Mme Mariam Aché, avec un brin de résignation mal caché. A l’instar des autres consommateurs tchadiens, elle pointe du doigt « ces commerçants véreux » qui augmentent unilatéralement les prix des produits, « parfois avec la complicité de certaines autorités de la place ». Cette accusation est souvent reprise par beaucoup d’observateurs et par les autorités nationales dont le président de la République Déby Itno qui ne manque pas l’occasion de fustiger ces « commerçants sans foi ni loi qui, par des pratiques aussi illicites les unes que les autres, s’enrichissent au détriment des consommateurs et des producteurs ».

Du côté des commerçants, on justifie la hausse des prix des denrées de première de nécessité par des difficultés liées à l’importation des marchandises.

« La frontière entre le Tchad et le Nigeria, via le Cameroun, est devenue inaccessible à cause de l’insécurité », affirme Mahamat Adoum Brahim, vendeur de divers articles au marché central de N’Djaména. Le Tchad, complètement enclavé au coeur de l’Afrique, dépend économiquement des pays voisins, principalement le Nigeria et le Cameroun. « Cette inflation est récurrente non seulement pendant le ramadan, mais également pendant les fêtes de noël et de nouvel an », observe Dingamnayal Nely Versinis, président du Collectif tchadien contre la vie chère (CTVC). « Les consommateurs tchadiens, déjà paupérisés et mis à genou par la cherté de vie sans pareille, ont de la peine à subvenir à leurs besoins élémentaires. Nous en appelons donc au sens des commerçants et au respect du mois sacré de ramadan », ajoute-t-il.

Depuis 2009, le gouvernement tchadien a pris des dispositions pour juguler la cherté de vie: fixation des prix des denrées de première nécessité par consensus avec les opérateurs des produits de première nécessité, achat et la vente des céréales subventionnées par l’Office national de sécurité alimentaire ( ONASA), défiscalisation de certains produits importés, interdiction des exportations des denrées alimentaires, etc.

Il a été fait obligation aux commerçants d’afficher ces prix officiels sur les produits et devant leurs échoppes. La brigade de contrôle des prix effectue régulièrement des contrôles inopinés dans les marchés pour vérifier l’effectivité des prix des marchandises. Des numéros verts ont mis en place pour dénoncer les commerçants véreux. Mais ces mesures n’ont pas donné les résultat escompté.

Source: Agence de presse Xinhua 

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