Une conférence pour le lac Tchad s’ouvre ce lundi 26 février à Abuja au Nigeria pour trois jours. Ce lac, bordé par quatre pays, le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun, est au centre de multiples enjeux, à la fois environnementaux, économiques, politiques et sécuritaires, puisque c’est également devenu une base de repli des terroristes de Boko Haram. L’objectif est donc de lancer un projet de préservation de la région.

La conférence internationale sur le bassin du lac Tchad a démarré ce lundi 26 février avec un discours d’ouverture du vice-président nigérian Osinbajo. Pendant trois jours, experts scientifiques, politiques et investisseurs du monde entier tenteront de mettre en route un plan de « sauvetage » de cet espace menacé par la sécheresse et l’insécurité.

En 40 ans, le lac a perdu 90 % de sa surface en eau. Ce qui a entraîné une fragilisation des populations et une pénurie de nourriture. Les petits agriculteurs et les pêcheurs ont fini par nourrir les rangs des combattants du groupe Boko Haram, ou les rangs des milices qui s’y sont opposées, plongeant la région dans une grande instabilité. Selon les Nations unies, 2 millions de personnes ont dû quitter leur foyer dans la région et 10,7 millions dépendent de l’aide alimentaire pour survivre.

C’est donc pour faire face à cette crise que les élites politiques de la Commission du bassin du lac Tchad se réunissent pour imaginer des solutions et relancer leur projet de sauvetage. L’enjeu – conjurer la menace terroriste en relançant une économie régionale pour l’heure exsangue.

 

Enrayer la disparition du lac

L’objectif premier de la conférence est de créer une conscience globale sur les défis socio-économiques et environnementaux de la région. L’objectif second est d’élaborer un plan d’action détaillé pour préserver le lac de sa disparition. D’ores et déjà, les Nations unies se sont engagées à financer des programmes de recherche et de conservation pour 6,5 millions de dollars soit plus de 5 millions d’euros.

 

  • La conférence doit ouvrir un dialogue mondial entre les pays de la Commission du bassin du lac Tchad. L’UNESCO, des experts internationaux et les éventuels bailleurs de fonds. Tables rondes et sessions plénières devraient ouvrir des pistes de réflexion. Parmi les options de restauration, un colossal projet de transfert d’eau du fleuve Congo vers le lac Tchad. Une étude signée par la société chinoise Power China. Le projet est déjà évalué à 10 milliards de dollars, et soulève beaucoup de questions notamment en termes de conséquences écologiques.
  • « Il y a un manque de données sur ces conséquences écologiques. On navigue un peu à vue sur la question du changement climatique dans le bassin, donc on ne sait pas très bien, à l’heure actuelle, quelle sera la répercussion d’une éventuelle augmentation de la pluviométrie sur les apports des principaux affluents des lacs,prévient Guillaume Favreau est hydrogéologue, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement. On a aussi un manque de données sur les eaux souterraines et sur les eaux de surface. Donc à toutes incertitudes sur les données, évidemment on a des incertitudes sur les projections qui pourront être amenées, sur la qualité des eaux. »

 

Une réunion de haut niveau est prévue le troisième jour. Elle verra la participation de tous les chefs d’État des pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad. Pour le chercheur français, cette volonté politique forte malgré les données scientifiques incertaines est due aux « nécessités politiques locales. C’est une demande de toutes les directions régionales autour de pouvoir répondre aux besoins criants. Et évidemment, le temps de la politique étant plus court que le temps de la science ou du développement attire forcément ce genre de réflexion. »

Tchadanthropus-tribune avec RFI

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