L’élection présidentielle du 10 avril 2016 n’a apporté, hélas, aucune surprise ou presque. Tout était prêt pour la tacite reconduction du président Idriss Deby Itno que le régime a officialisée, le 21 avril, en annonçant un score « modeste » de 61,56%.

Le président Idriss Deby peut se targuer d’un plébiscite pour ce cinquième mandat, avec la fidèle complicité des occidentaux, qui n’ont émis que de timides recommandations pour donner l’illusion de ne pas soutenir pleinement la mascarade.

La tension est montée d’un cran quelques jours avant le scrutin présidentiel, avec l’arrestation des membres de la société civile. Une répression tous azimuts visant à dissuader toute contestation trop voyante d’une « élection » ficelée d’avance, restait l’arme du boycott. Et le dimanche 10 avril, les tchadiens, lucides, ont voté contre, certains ont boudé les urnes.

Ce n’est pas un secret de polichinelle, la corruption, l’achat de conscience, l’invalidation de dossiers de certains candidats à la présidence, l’intimidation, les menaces de toutes sortes, la censure de l’internet et des réseaux sociaux, la confiscation des cartes d’électeurs…tels sont les moyens de pression utilisés par le régime pour se maintenir au pouvoir. Le décor d’une vaste tricherie a bien posé ses valises au Tchad qui reste l’un des derniers pays en Afrique où les résultats d’une présidentielle sont connus d’avance. Celle de 10 avril 2016, n’a pas dérogé à la règle. Déjà, le déroulement de la campagne avait donné un avant-goût de ce que serait ce scrutin : une vaste tragi-comédie.

Du côté du candidat du MPS, parti-État, tous les moyens ont été mis à son profit et rien n’a été laissé au hasard, avec le retour de celui qu’on avait diabolisé et qui est devenu subitement directeur de campagne du Président Idriss Deby.

 Le camp du président Idriss Deby Itno doit sa grande longévité au concours de ses nombreux alliés qui ont battu leurs dernières cartes pour organiser la fraude dont vous connaissez les résultats……

Après avoir brillé pendant longtemps sur le plan de la lutte contre le « terrorisme » en Afrique de l’Ouest et Centrale, voilà le Tchad de Deby qui bat un nouveau record, plus triste cependant. C’est la chape de plomb qui s’est abattue sur le pays.

Le pays s’enfonce dans la répression et les opposants sont désormais, soit en prison, soit en exil par peur d’une dictature impitoyable et d’un système politique qui a coupé toute voie de sortie. Pendant ce temps, en interne, le chômage et la misère continueront, conséquence inéluctable d’une gestion calamiteuse du pouvoir et du népotisme.

Plus de vingt-six années après s’être approprié le destin de pays, le président Deby et ses partisans semblent toujours à la recherche de solutions qui tardent à venir au secours des populations dans l’expectative.

Nous aurions souhaité que cette élection se déroulât dans une perspective strictement non-partisane avec pour objectif la transformation du processus électoral en un processus qui soit tout à la fois légal, juste, transparent, participatif et donc crédible.

Un dictateur n’a pas d’adversaire tant que le peuple ne relève pas le défi, dixit feu François Mitterrand. Mais tout peut changer si une colère monte de la base, du peuple. L’histoire est toujours en mouvement.

Abdelmanane Khatab

 

 

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