Une vieille formule revient en force dans les discours et les esprits tacites de ceux qui veulent diriger le Tchad de demain. Elle tient en deux mots: Préférence et confiance communautaire, saucissonnée d’un intellectualisme dangereux.

 

Cette expression reflète le credo officieux de plusieurs responsables, mais aussi une bonne partie d’anarchiste notoire qui trouve un intérêt identitaire et une existence dans ce mode de fonctionnement. Mais pour un tchadien patriote qui analyse son futur de paix, de stabilité et de progrès, l’écho de ce slogan suscite des inquiétudes dans l’opinion détachée de l’homme public, et ceux qui veulent d’un Tchad plus attaché à son identité, face aux vents de la mondialisation, et plus attentif aux effets négatifs de la concurrence.

 
©Tchadanthropus-Tribune.com
Assileck Halata Mahamat

 

Malheureusement, et bien évidemment, plusieurs des leaders actuels, dotés d’une ambition présidentielle laissent ressortir ce vieux fond de commerce sans se soucier des conséquences. Il n’y a pas de privilège tribal au dessus d’un autre, il nous faut un ciment républicain. 

 

Prenez en exemple les leaders d’opposition, tous se prédéfinissent par rapport à leur région, leur tribu, leur fief, leur village, pourtant ils veulent gouverner le Tchad.

 

L’autre exemple, que tout le monde essaye de taire mais l’exprime sous manche, est le repli identitaire et régional de certains de nos compatriotes de la zone méridionale, qui s’esclaffent dès qu’on énumère les problèmes dans cette zone, et qui de manière brute vous renvoie à la figure votre locution, avec cette interdiction d’évoquer le sujet, du genre, vous n’êtes pas habiliter à vous exprimer là dessus. Le sud du Tchad doit être à part pour les esprits petits, alors qu’avec le régime MPS, plusieurs milliards de FCFA ont été investis dans tous les domaines de projets (discutable ou pas, nous le verrons plus tard). Une certaine presse écrite s’engouffre dans la marre avec une ire extrémiste, alors qu’elle devrait avoir un rôle civique. Sachons dépasser ces clivages, qui ne feront que miner plusieurs générations.

 

La jeunesse tchadienne inscrite dans les différents mouvements d’opposition doit reprendre en main son destin en redonnant tout son sens à la préférence républicaine sur laquelle elle s’est naguère construite. Cette conviction doit animer aux premiers degrés ceux qui veulent bâtir un Tchad prospère, car les idéaux qui depuis les années des révolutions font des hommes politiques, les leaders d’une communauté ont montré leurs limites et mis en désarroi les esprits les plus volontaires. Pire encore, ces hommes politiques deviennent les otages avérés d’une communauté éprouvant l’anarchie, enrichissement et arrogance, mettant en mal des vies et l’harmonie sociétale, bafouant tout azimut les normes d’un état républicain, un état juste et droit.

 

La préférence communautaire sans science de société est un mal dangereux. Il exprime la priorité donnée à une communauté, dans le domaine commercial, politique, économique et social au détriment de la multiple entité qui fait un pays. Cette préférence mine les esprits, installe la forfaiture et l’injustice. Ce mal qui fait du Tchad un pays piégé et dynamité, doit être combattu à toute échelle et à tout niveau, tout comme les hommes qui font de cette préférence communautaire, ethnique et clanique, leurs fonds de commerce, leur tribune et leur existence.

Idriss Deby, au sommet de l’état tchadien, par sa politique protectionniste d’un régime aux abois, cultive et émerge dans le communautarisme, il fait de la résurrection ethnique un pamphlet, il arme les siens au détriment des autres, poussant toutes les communautés vers un assujettissement social. Il manipule des groupes ethniques à vue, pour perdurer au pouvoir même si le Tchad doit disparaître à jamais.

 

Il faut combattre ce fléau à différent niveau, tout comme ceux qui écrivent ça et là avec un accent communautaire et régional tendancieux fortement allusif. Il faut renoncer à cette formule tant qu’elle ne revêt un caractère culturel et d’émancipation. Il faut peut-être l’accepter à condition de ne pas l’interpréter comme un repli derrière des barrières protectrices et politiques, mais comme la volonté de promouvoir un modèle socio-culturel tchadien.

L’opposition plurielle doit promouvoir un idéal capable de mettre en confiance le peuple tchadien qui ne voudrait plus revivre ces 24 ans de communautarisme politique et économique au gré de se retrouver avec des événements à répétition et des conséquences dangereuses. S’il existe un patriotisme tchadien, il vaut mieux qu’il s’exprime positivement, en mobilisant ses ressources au service de ses valeurs. On ne peut vouloir être président au Tchad juste avec sa petite tribu et son accent. Le monde de demain s’éloigne de ce concept.

 

Les Tchadiens veulent de l’ordre, un ordre juste.

Assileck Halata Mahamat

 

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