Tous les ingrédients sont réunis pour faire du Tchad un cocktail explosif. Depuis fort longtemps, à divers étages, la société tchadienne se trouve heurtée à une mauvaise gouvernance qui n’est pas près de s’estomper.

Si la mauvaise gouvernance est sur toutes les lèvres, la situation géopolitique pose réellement de vrais problèmes. Notre pays vit une instabilité chronique dans sa partie nord, à cause des diverses incursions des forces rebelles et la motivation définie du comité d’autodéfense Toubou au Tibesti, qui défend ses intérêts contre le pouvoir central.

A l’est non plus, la situation ne semble pas être stable à cause des tergiversations d’Idriss Déby sur les questions stratégiques avec le voisin soudanais.

Au Soudan, il y a des milliers de Tchadiens jadis opposants politico-militaires qui bivouaquent dans le civil, et qui ont refusé de rallier le régime de Déby quand les deux pays avaient signé leurs accords de paix. Ce vivier toujours mécontent peut être réactivé à tout moment, surtout quand on sait que par deux fois le régime de Oumar Al Béchir avait émis son travers lorsque Idriss Déby s’est rapproché d’Israël, et quand il avait reçu l’opposant Mini Arkou Minaoui à Amdjarass. 

Avant l’offensive programmée des forces du général Haftar, Idriss Déby avait reçu en audience un représentant de celui-ci et Mini Arkou Minaoui à Amdjarass. De source bien informée, 3 milliards de FCFA auraient été remis à l’opposant soudanais afin d’attaquer et affaiblir toutes forces de rebellions Tchadiennes qui opèrent au sud de la Libye. L’accent serait fort appuyé sur les éléments du CCMSR. Plus tard, l’information s’est vérifiée avec les attaques opérées par les forces de Haftar et de Mini Arkou (Toroboros). D’ailleurs jusqu’à maintenant les Toroboros soudanais de Arkou Minaoui prêtent main-forte aux éléments de Haftar contre les Toubous et les tchadiens rebelles dans le Fezzan.

Haftar et Mini Arkou font le travail qu’Idriss Déby n’avait pas prévu de faire à cause des Américains qui posent un bémol à une opération d’envergure sous chapiteau français avec Déby en avant. L’aéroport de Tanoa à l’extrême nord du pays est depuis l’offensive prônée par Haftar et Mini Arkou, le point de logistique énuméré dans le contrat afin d’affaiblir l’opposition politico-militaire au Sud libyen.

Vers l’est du pays, la colère monte au firmament à cause d’une politique sociale mal menée. Idriss Déby cherche par tous les moyens à assujettir ses parents Béri qui n’acceptent plus la nature des humiliations qu’il entretient à leur égard. La confiscation des véhicules 4×4 des populations civiles est devenue problématique et sans raison. Cette population n’a que ce moyen pour faire son commerce et survivre dans des zones plus qu’arides, où la cherche de l’eau est plus que vitale. Sans concession aucune, ni compensation, le régime Déby confisque tout 4×4 par peur que ces véhicules soient utilisés dans des domaines politico-militaires.

Depuis bientôt une semaine, Déby a envoyé des éléments pour désarmer cette population qui s’est reconstituée en comité d’autodéfense comme celle du Tibesti. Mais aucun militaire envoyé ne veut passer outre pour désarmer ou encore confisquer, car pour les militaires, de l’autre côté il y a toujours un parent. Tout le monde se regarde en chiens de faïence. Déby fait passer le message aux Béri comme quoi c’est lui qui les a faits, enrichis et entretenus. Eux aussi disent de leur côté que c’est grâce à eux qu’il est président et qu’il réussit à garder son fauteuil. Cette situation peut s’éclater à tout moment, car la crise est à son summum.

Les 3 frontières et la Centrafrique.

Voilà un autre pou sur la tête des stratèges de l’état-major tchadien. Tout le monde sait avec certitude que la zone des 3 frontières foisonne des éléments subversifs, échappant à tout contrôle. Il suffit de lire les rapports des ONG qui opèrent vers Koukou-Angarana pour s’en rendre compte. Personne ne peut affirmer avec précision l’appartenance des hommes armés qui arraisonnent les marchés hebdomadaires dans ces zones. Le danger majeur est dit et redit à plusieurs reprises jusqu’à ce que l’armée de Déby soit positionnée au sud pour parer à toute éventualité.

Le sud de notre pays est devenu aussi par la circonstance des événements, une frontière comme à l’époque de la guerre froide, à cause de la présence russe en Centrafrique. Depuis que le président centrafricain Touadéra s’est rapproché de Vladimir Poutine, toute la sphère ou toute la galaxie de la françafrique est sur le pied de guerre. Cette tension se passe sans coup férir et sans que la population tchadienne ne sente directement les frissons des colères. Mais cette simple présence des forces russes dans ce pays inquiète les autorités françaises qui multiplient d’idées afin de ramener les centrafricains à leur bon sentiment. Les tiraillements observés aujourd’hui ne sont pas simples. Ils augurent d’un horizon obscur pour nos populations à la frontière entre les deux pays (Tchad-Centrafrique), et ne rassurent pas le régime Déby qui cherche d’ailleurs à monter une rébellion pour encore déstabiliser ce pays voisin.

Du nord à l’Est et au sud de notre pays, rien ne sent bon à cause d’un régime qui ne survit que grâce aux sentiments belliqueux, et la nature guerrière qu’il sait entretenir. Que Dieu sauve notre pays d’une guerre qu’il ne saura mesurer l’ampleur.

Tchadanthropus-tribune

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