Crise malienne, situation en Libye, sommet de l’Union africaine, politique intérieure, lutte contre la corruption, succession…Au pouvoir depuis vingt et un ans, l’ancien « Comchef » zaghawa est un acteur expérimenté. Avec souvent, des positions tranchées à lire cette semaine dans Jeune Afrique.

« Je ne suis pas né militaire. Bien sûr, je suis entré dans l’armée de l’air par vocation, puis il m’est arrivé de faire la guerre sur le terrain par nécessité, jamais par goût. L’odeur de la poudre ne me dit rien. Ce qui me passionne, ce ne sont pas les armes, c’est le développement. » C’est sur cette courte déclaration en forme de recadrage d’image qu’Idriss Déby Itno, 60ans, a voulu clore l’entretien que François Soudan a eu avec lui le 5 juillet au palais présidentiel de N’Djamena.


Auparavant, l’ancien « comchef » de l’armée
 tchadienne, ce fils de berger zaghawa né en pleine brousse, avait passé en revue l’actualité du continent. Avec en premier lieu, la crise malienne. « Depuis le début des opérations de l’OTAN en Libye et jusqu’à la chute de Kaddafi, je n’ai cessé de mettre en garde quant aux conséquences non maîtrisées de cette guerre pour les pays de la région. J’ai trop longtemps prêché dans le désert », déclare-t-il. La solution aujourd’hui ? « La gestion actuelle de la crise malienne par la Cedeao seule ne constitue pas une réponse appropriée à la situation. La bonne solution serait de mettre en place une force de l’UA avec appui de l’ONU comme en Somalie et avec l’aide logistique de l’OTAN. » Voilà pour le plan de bataille.

Alors que le sommet de l’Union africaine se déroule actuellement à Addis-Abeba, le président tchadien a clarifié sa position dans le face à face qui oppose le Gabonais Ping et la Sud-Africaine Dlamini Zuma pour la présidence de la Commission de l’UA. « Soit nous élirons à le candidat que proposera la SADC, Mme Dlamini Zuma ou un autre, soit si le blocage persiste, les deux candidats en lice se retireront du jeu. »

Autre dossier abordé dans cette interview, les relations avec Paris, et notamment la fermeture de la base militaire française souhaitée en son temps par Alain Juppé, l’ex-ministre des Affaires étrangères. Et aujourd’hui ? « Nous en avions alors pris acte, en précisant qu’il s’agissait là d’une initiative souveraine, à laquelle nous ne voyons aucun inconvénient. Des discussions ont suivi, dont l’unique résultat a été le projet de mise en place d’un comité mixte chargé d’étudier les modalités pratiques de ce retrait. Nous sommes prêts, le moment venu, à les reprendre. »

Enfin, l’après-Déby est-il d’actualité dans la perspective de la prochaine élection présidentielle prévue pour 2016 ? Le chef de l’Etat aura alors 64 ans, dont 26 ans au pouvoir. Réponse de l’intéressé, directe : « Disons que le fait d’être devenu chef de l’Etat à 38 ans ne joue pas en ma faveur. Ne croyez surtout pas que je m’accroche à mon fauteuil, mais 2016, c’est dans quatre ans. J’aurai alors un choix à faire. Il n’est pas encore tranché. »

Jeune Afrique.

 

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