
9 mai 2013 TCHAD: Le diabolique plan hégémonique d’Idriss Deby contre les pays voisins du Tchad.(Enquête MACT TCHAD)
ENQUÊTE – Le président tchadien Idriss Deby Itno multiplie, ces derniers temps, toute une kyrielle de gesticulations et de subterfuges militaro-diplomatiques pour se tailler une carrure d’acteur incontournable tant en Afrique centrale qu’en Afrique de l’ouest. En fait, il rêve de devenir le leader, non seulement de la sous-région Cemac, mais par-dessus tout de remplacer son mentor, le ci-devant « roi des rois » et « guide » libyen Mouammar Kadhafi. Ses pathétiques pantomimes ne parviennent en tout cas pas à masquer sa peur grandissante – qui se révèle chaque jour un peu plus aux yeux du public – d’être déboulonné de son pouvoir autocratique dans son propre pays, à cause de sa stratégie de déstabilisation des pays entourant le Tchad. Enquête.
Si sa calamiteuse gestion du pouvoir, notamment face à ses adversaires politiques, gênent au plus haut point le potentat tchadien, ce sont surtout ses sinistres manœuvres mettant en péril la nouvelle Libye, qui commencent à être dévoilées au grand jour. Ce qui empêche, bien évidemment, le locataire du Palais Rose de trouver le sommeil ces derniers temps.
Conséquence : Idriss Deby panique et nage en pleine sinistrose. Et quand on est dans ce genre d’état mental, il ne reste plus qu’à criailler aux oreilles de la communauté internationale en jouant les victimes, ou carrément d’inventer des coups d’état imaginaires ! Il faut le reconnaître : l’homme de N’Djamena est loin de maîtriser la situation !
Activisme multiforme
Ceux des Africains qui ont de la mémoire, se rappelleront sans peine de l’engagement clairement affiché du président tchadien – à l’époque du début du soulèvement des insurgés libyens –par le déploiement d’importants moyens logistiques et humains pour prêter main forte jusqu’au bout au « Guide » de la Jamahiriya Arabe Libyenne.
Un constat qui, en tout cas, n’a toujours pas empêché le président tchadien de s’activer encore plus depuis une année dans une mobilisation de multiples groupes composés d’anciens caciques et faucons du régime libyen. Il active, dans cette logique, son sbire, Abadi Sahir (ex-chef des services de renseignement, reconverti commandant exécutif des mercenaires tchadiens) auprès des proches de Kadhafi, notamment Béchir Salah Béchir, le général Abdel Hafiz Massoud (ex-gouverneur militaire de Sebha et cousin par alliance de Kadhafi), Grène Saleh Grène (ancien ambassadeur de Libye au Tchad) et le général Ali Chérif Riffi (ancien directeur du cabinet de Mouammar Kadhafi). Ces partisans inconditionnels du défunt colonel n’ont pour seul objectif que de perturber et de plomber à tout prix la transition en cours en Libye.
Pire, c’est Idriss Deby en personne qui avait préparé en février 2012 un rendez-vous entre Abadi Sahir et Moussa Koussa au Qatar, afin que ce dernier donne son adhésion dans le sens d’une contre révolution libyenne. Malheureusement, cette rencontre n’a pas été possible. Abadi Sahir n’a eu droit qu’à une conversation téléphonique depuis Dubaï.
Autre fait : le 28 mars 2012, une délégation d’hommes bien entraînés et déterminés, embarqués à bord de cinq véhicules 4 x 4 conduits par l’ancien ambassadeur libyen Grène Saleh Grène avait fait un déplacement au Tchad, pour rencontrer Idriss Deby ainsi que des communautés libyennes résidant dans la région du Kanem.
La rencontre en question, tenue au Palais Rose en fin mars 2012 avait été longue avec un ordre du jour consistant : Un méticuleux travail de planning, dont le rassemblement des pro-Kadhafi au Nord de Mali, au Niger et au Tchad sur une base implantée à la lisière des frontières Niger-Tchad-Nigeria, l’équipement de ces troupes en matériels de guerre, et bien entendu un agenda de multiples opérations militaires.
Au terme de ce premier regroupement, Deby s’était bien engagé en proposant comme base de rassemblement un camp fiché dans l’ex-maquis du Mouvement pour la Démocratie et le Développement (MDD) à Guèguï – une localité stratégique nichée dans la confluence des frontières Niger-Tchad-Nigeria – dont la singularité et le grand avantage géographique offrent une facilité de liaison avec le groupe islamiste Boko Haram, compte tenu de sa proximité avec la ville de Maiduguri (Nord du Nigéria). Quant aux armes, le président tchadien avait mis à leur disposition, dans un premier temps, 200 véhicules équipés d’armes lourdes et légères.
Ce regroupement avait été délocalisé un mois plus tard, au Nord du Kanem – à environ 300km au Nord de N’Djamena – précisément dans la localité de Nokou, près du puits Yeskouna. Grâce à la sensibilisation de Grène Saleh et d’autres pro-Kadhafi, environ 2500 hommes avaient été rassemblés pour cette diabolique mission. Dans cette localité, ces hommes ont reçu une formation accélérée.
Le Niger et l’OCI aussi…
Se prévalant d’être un homme de guerre, le président tchadien est même allé jusqu’à mobiliser des notables du Sud-est du Niger. En effet, le 04 mars 2011, il avait fait venir à N’Djamena, deux chefs traditionnels de grande envergure du Niger, pour leur signifier son intention de mettre un corridor de rassemblement des partisans du feu Kadhafi dans leur région. L’objectif était de solliciter le soutien de ces deux chefs traditionnels, en contrepartie d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Il importe dans la foulée de préciser par ailleurs qu’Idriss Deby et son homologue nigérien Mahamadou Youssoufou s’entendent comme larrons en foire quant à l’hostilité vis-à-vis de la nouvelle Libye. Tous les deux, dans le cadre de leur rencontre à N’Djamena le 09 mars 2012, auraient convenu de ce que les frontières de leurs pays respectifs avec la Libye sont extrêmement poreuses. Idriss Deby, arguant que son pays subit la pression des occidentaux, a carrément été intransigeant, ce qui lui a donné l’occasion d’interpeller son hôte quant à la préservation et la mise en valeur de leurs intérêts respectifs et communs dans la sous-région. C’est dans ce sens que M. Deby avait demandé à son homologue nigérien de lui envoyer Saadi Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi, afin que ce dernier vienne résider à N’Djamena ou à Am-Djaress.
En tout cas cette mobilité constante et toujours échelonnée dans le temps et l’espace n’est rien d’autre qu’une stratégie de préparation d’une guerre. Mais au-delà de celle-ci, ces actions de mobilisation et d’entretien de troupes sur le pied de guerre nécessitent forcément d’énormes ressources financières. Des sources proches du président tchadien évoquent la somme d’au moins 14 milliards de FCA déjà utilisées depuis le début de ces manœuvres.
Deby est notamment en contact permanent avec d’anciens caciques du régime Kadhafi en Libye, et tout autant en perpétuelle communication avec Aïcha, la fille unique de Kadhafi, réfugiée en Algérie depuis le 29 Août 2011 en compagnie de sa mère Safia Farkash et de ses frères Mohamed et Hannibal.
Comptant sur la tribu de sa mère et celle de son oncle par alliance Abdallah Senoussi, un des plus importants ex apparatchiks du régime Kadhafi, Aïcha Kadhafi n’a jamais caché « à qui veut l’entendre » sa détermination à déployer des moyens financiers non seulement à venger la mort de son père, mais aussi à conduire la déstabilisation de la nouvelle Libye.
Un trésor de guerre
Selon d’autres informations, une partie de la cargaison est soigneusement stockée dans le sous-sol de la résidence de Deby à Am-Djarass, et une autre dans une résidence de Deby à N’Djamena. Mais avant cela, certains caciques du régime qui savaient ce que contenaient les conteneurs avaient commencé à s’agiter, et même à entreprendre des velléités de chantage au sujet de ce que les plus proches de Deby savaient être un véritable trésor de guerre.
En fait, et selon des sources de première main puisées dans l’entourage proche d’Idriss, c’est Kadhafi en personne qui avait eu l’idée de mettre à l’abri, au Tchad voisin, la formidable cagnotte de devises, de lingots d’or et autres pierres précieuses qu’il possédait dans ses palais de Syrte et Tripoli, dans l’espoir de récupérer le tout par la suite et de le recycler.
Mais malgré ce « trésor », les troupes pro Kadhafi se sont toujours plaintes de mauvais traitement sur le terrain. C’était ainsi qu’une délégation expresse composée de deux officiers accompagnés par Grène Sahel Grène aurait été dépêchée le 04 décembre 2012 auprès d’Idriss Deby à N’Djamena pour lui signifier qu’ils sont las d’attendre. La promesse d’une aide financière et matérielle de la France dans le cadre du déploiement du contingent militaire du Tchad au Mali – dont le président Deby a manifesté l’intention de rétrocéder une partie à ses « mercenaires » – n’a pas convaincu les miliciens libyens.
Deby a trouvé une solution intermédiaire en leur fournissant deux citernes de carburant et trois gros porteurs bourrés de vivres afin qu’ils puissent quitter le camp mixte pro-Kadhafi – armée de Deby non loin de Bardaï. C’est ainsi que le 6 décembre 2012, ils se sont encore déplacés, cette fois vers la frontière nigérienne en direction du massif montagneux de Wour dans l’extrême Nord du Tchad.
A cette époque, usant de sa ruse habituelle, le président tchadien avait profité de la tenue du 12ème sommet de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) du Caire du 7 et 8 septembre 2012 pour bouger des mécontents de la révolution libyenne.