N’DJAMENA (Xinhua) – Après la longue grève qui a paralysé l’administration publique et parapublique au Tchad pendant plusieurs mois en 2012, le Comité National du Dialogue Social (CNDS) a réussi à réunir, le week-end dernier, le gouvernement et ses partenaires sociaux pour un nouveau round de négociations.

Mais celles-ci butent sur les préalables posés par la principale centrale syndicale du pays.


"Je ne dirais pas que j’ai gagné en ramenant les partenaires sociaux à la table de négociation. C’est un sujet très délicat", déclare à Xinhua Mbaïnaïssem Tedji, président du CNDS. L’ancien directeur de la Cotontchad, la société cotonnière nationale, reconnaît que la tâche ne sera pas facile, les principaux leaders religieux du pays y ont déjà échoué.


Créé par décret présidentiel en novembre 2009, le CNDS est une structure tripartite de 25 membres: 9 du gouvernement, 8 du patronat et 8 des centrales syndicales. Il est présidé par une personnalité indépendante.


"On a longtemps discuté avec l’Etat et les syndicats. Et au regard des conséquences assez dramatiques de la grève (des morts dans les hôpitaux, une administration paralysée, etc.), il faut dialoguer, poser tous les problèmes, en discuter et repartir sur de nouvelles bases", estime M. Mbaïnaïssem Tedji.


Mais du côté des syndicats, l’on soutient que les négociations en cours ne doivent concerner que la valeur du point d’indice salarial qu’ils veulent voir passer de 115 à 150. "Les acquis contenus dans le protocole d’accord (signé en novembre 2011 avec le gouvernement) ne doivent pas être remis en cause", martèle Barka Michel, président de l’Union des syndicats du Tchad (UST).


Il estime que les discussions ne peuvent se dérouler normalement que lorsque le gouvernement prendra un autre décret pour réinstaurer le décret 1249 augmentant l’indice salarial de 300 points qu’il a abrogé.


Le gouvernement "doit également annuler l’acte portant affectations des responsables syndicaux dans les provinces et des sanctions prises contre d’autres responsables syndicaux, ainsi que l’annulation du procès contre les responsables syndicaux", ajoute M. Barka Michel.


En septembre 2012, les trois principaux dirigeants de l’UST ( Barka Michel, Younous Mahadjir et Djondang François) ont été condamnés à des peines de prison avec sursis et à des amendes, pour avoir initié une pétition contre la mal gouvernance, ainsi que le directeur de publication d’un journal local qui en fait écho dans ses colonnes.


Trois autres leaders syndicaux, dont Younous Mahadjir et Djondang François, tous fonctionnaires au ministère de la Santé publique, ont été par la suite affectés en province. Et des retenues ont été opérées sur les salaires des fonctionnaires ayant respecté le mot d’ordre de grève.


Le gouvernement a montré sa bonne volonté en annulant la décision d’affectation des dirigeants de l’UST en province. Et le procès en appel de ce dernier est prévu pour le 28 janvier prochain, après plusieurs reports.


Mais tout cela ne suffit à rassurer les travailleurs. Ils refusent que les acquis antérieurs à la grève de juillet-décembre 2012 ne soient remis en cause, quitte à faire planer la menace d’une nouvelle grève à l’expiration de la trêve unilatéralement décidée par l’UST.


Début décembre 2012, le président Déby Itno a reçu les leaders des travailleurs et les a rassurés de s’investir personnellement pour décrisper la tension sociale qui paralyse son pays depuis plusieurs mois. Une semaine après cette audience, l’UST a décidé d’observer une trêve (jusqu’au 31 mars 2013) pour discuter à nouveau avec le gouvernement sur la question de la revalorisation des salaires.


Le président du CNDS espère que la trêve décidée par l’UST permettra aux partenaires sociaux de négocier sereinement et de conclure un pacte social qui satisfasse toutes les parties.


Le président Déby Itno a nommé, lundi, son directeur de cabinet à la tête du gouvernement: Djimrangar Dadnadji Joseph, en remplacement d’Emmanuel Nadingar. L’un des défis urgents du nouveau Premier ministre et du gouvernement qu’il formera dans les prochains jours, sera de parvenir à ce pacte social.


"J’attends les résultats de ces discussions qui doivent nous permettre de garantir la paix sociale", a déclaré le président Déby Itno dans ses voeux du nouvel an 2013.


Le chef de l’Etat tchadien a promis qu’il ne s’opposera à aucun partage des richesses nationales, mais veut une gestion du partenariat dans la sincérité et le respect des intérêts du plus grand nombre de ses compatriotes dont plus de 80% vivent en milieu rural.



 

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