(New York) – Le gouvernement tchadien devrait arrêter le Président du Soudan Omar el-Béchir ou lui interdire l’entrée au Tchad, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

De nouvelles informations indiquent qu’el-Béchir se rendra au Tchad pour participer à la Conférence de la Communauté des États sahélo-sahariens sur le projet de « ceinture verte », le 18 mars 2013. El-Béchir fait l’objet de deux mandats d’arrêt délivrés par laCour pénale internationale (CPI) pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au Soudan dans la région du Darfour.

« Le Tchad devrait se joindre aux nombreux pays africains qui ont indiqué leur intention d’arrêter el-Béchir ou d’empêcher ses visites », a déclaré Elise Keppler, juriste senior au programme Justice internationale à Human Rights Watch. « Des militants de toute l’Afrique ont exhorté le Tchad à se tenir aux côtés des victimes et à faire en sorte que le président soudanais soit remis à la CPI pour être jugé. »

En tant que pays membre de la CPI, le Tchad a l’obligation de coopérer avec la Cour dans la remise de fugitifs, a souligné Human Rights Watch. D’autres membres africains de la CPI –  notamment l’Afrique du Sud, le Malawi, le Botswana, la République centrafricaine, la Zambie et le Kenya –ont précisé qu’el-Béchir serait arrêté, ou ont annulé des visites ou même déplacé des conférences pour faire en sorte qu’il ne pénètre pas sur leur territoire.

Le Tchad soutient qu’en accueillant el-Béchir, il applique une décision de l’Union africaine (UA) appelant les gouvernements africains à ne pas coopérer à son arrestation. Toutefois, sur le plan du droit international, les décisions de l’UA ne peuvent contredire les obligations du Tchad en tant que membre de la CPI, selon Human Rights Watch.

Trois autres membres africains de la CPI seulement – Djibouti, le Malawi et le Kenya – ont autorisé des visites d’el-Béchir depuis qu’un mandat d’arrêt a été émis à son encontre en 2009. Toutefois, le Malawi et le Kenya ont annulé des visites ultérieures, à la suite des protestations diplomatiques et publiques.

Le Tchad est le seul membre de la CPI à avoir autorisé el-Béchir à se rendre en trois occasions sur son territoire. En février, en prévision d’une visite précédente, près de 100 organisations ont appelé le président tchadien à arrêter el-Béchir. La CPI, ainsi que l’Union européenne et le Royaume-Uni, ont également appelé le Tchad à coopérer à l’arrestation d’el-Béchir.

« Les obligations du Tchad au regard des traités internationaux ne peuvent pas être balayées par une décision de l’UA », a conclu Elise Keppler. « Le Tchad devrait arrêter el-Béchir, et non l’accueillir. »

HRW

 

 

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