Que cela soit dit une fois pour toute: le Mouvement du 3 Février a vocation à être le parti de l’ensemble des tchadiens, quelle que soit leur appartenance religieuse, leur origine ethnique ou leur statut social. Et qui entend tchadiens entend aussi tchadiennes. Car le M3F ambitionne de se préoccuper de cette moitié de la population qui trop longtemps, a été délaissée par les pouvoirs publics. Ce sujet est actuellement au centre des préoccupations, tout du moins en apparence. Un énième remaniement du gouvernement du premier ministre Kalzeubet Pahimi Deubet, le quatrième depuis le début de l’année, a vu l’apparition d’un Ministère de la femme, de l’action sociale et la solidarité nationale. Au-delà de la titulature fumeuse et incompréhensible, de la volonté de singer une fois de plus les institutions françaises (on se souvient du « gouvernement de combat » apparu au mois de mai, deux semaines seulement après l’annonce d’un même « gouvernement de combat » par Manuel Valls), la création de ce Ministère soulève un vrai problème dans notre pays, où les inégalités fondées sur le genre sont criantes.

 

 

Bien entendu, ce Ministère initié par Idriss Deby ne réglera rien ; tout au plus servira-t-il de faire-valoir pour appâter les organisations internationales et leurs juteux financements. Il ne permettra ni de sortir de l’ornière les 40 % de femmes rurales qui triment 12 heures à 13 heures par jour aux champs, sans compter les tâches domestiques, ni de les extirper des activités les moins lucratives auxquelles elles sont confinées. Il n’autorisera pas les femmes à concilier vie familiale et activité professionnelle, la seconde étant souvent délaissée au profit de la première, en raison notamment d’une natalité très importante (4,93 enfants par femme en moyenne). Il ne fera pas émerger les femmes au-devant de la société, que ce soit sur la scène des affaires où les marchés publics sont inévitablement confiés aux hommes ou sur la scène politique où elles sont réduites à des rôles relativement mineurs. Bref, ce Ministère de la femme ne sera pas plus efficace que les nombreuses actions de façade entreprises par la femme de Deby, Hinda, et qui n’ont mené à rien exceptée à une nouvelle démonstration du culte de la personnalité actuellement en vigueur au Tchad.

 

 

Le M3F qui, dans ses nombreux communiqués, a pris à bras-le-corps l’ensemble des problèmes touchant notre société, ne saurait laisser ce sujet brûlant de côté. Il formule dans ce présent communiqué plusieurs propositions destinées à améliorer la condition de ce que Simone de Beauvoir appelait ironiquement « le deuxième sexe » :

 

 

1/3 des sièges de l’Assemblée nationale devront être dévolues aux femmes par voie constitutionnelle (14,89 % actuellement, soit 28 députées). L’application de cette mesure ne se traduira pas l’obligation pour les partis de présenter 1/3 de candidates, ce qui serait trop facilement contournable par la création de micro-partis ou l’envoi des femmes dans les circonscriptions dites « imprenables ». Dans chaque circonscription, un parti devra présenter un binôme composé d’un homme et d’une femme ; à charge ensuite pour les partis de déterminer qui siégera effectivement à l’Assemblée nationale. Si, par exemple, un parti a trois élus, il aura pour charge d’envoyer A MINIMA une femme dans l’hémicycle.

 

 

Le gouvernement devra compter 1/3 de femmes, cet objectif n’étant pas une fin en soi et devra être constamment amélioré pour atteindre à terme une parité réelle. Les femmes ne seront plus confinées à des ministères « secondaires » et pourront occuper des postes régaliens.

 

 

La féminisation de l’administration et des entreprises publiques : sous cinq ans, les postes à responsabilité des grands corps de l’administration et des entreprises publiques seront occupés à hauteur de 25 % par des femmes. Ce quota sera fixé par voie législative.

 

 

Le but de cette féminisation de la vie publique n’est pas de favoriser l’égalité entre les sexes au détriment de la compétence. Le M3F, une fois arrivé au pouvoir, étudiera la possibilité d’une revalorisation des bourses et aides pour les jeunes filles décidant de poursuivre des études supérieures, au Tchad ou à l’étranger (voir les propositions contenues dans le communiqué n°11 sur les bourses pour les étudiants du supérieur). Il mettra également sur pied un programme de lutte contre la déscolarisation des filles du primaire et de secondaire, notamment dans les zones rurales, avec des financements conséquents à la clé.

 

 

Afin de mettre un terme aux peu d’opportunités dont disposent les femmes, le gouvernement tchadien, en partenariat avec les organismes de microcrédit, décidera d’une réorientation de ces aides en direction de la gente féminine. Les pensions de réversion seront également revalorisées et généralisées à tous les secteurs de la société, afin que plus une veuve tchadienne ne puisse se retrouver dans le dénuement.

 

 

Dans un pays qui a connu de nombreux conflits et une diminution conséquente de sa population masculine, l’émergence des femmes est une priorité. Le M3F, conscient que le régime d’Idriss Deby ne fait rien actuellement en leur faveur et s’appuyant sur des exemples aussi édifiants que ceux du Rwanda, compte bien mener à bien une vraie politique de féminisation de la société et de l’économie tchadienne. En un mot, le M3F est aussi le parti des femmes !

 

 

Fait à Ati le 17 septembre 2014,

Le Collectif

 

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