Le nouveau Code pénal tchadien qui prévoit l’abolition de la peine de mort est «une avancée majeure», a déclaré Saleh Kebzabo, chef de file de l’opposition.

 

Au Tchad, gouvernement et opposition sont enfin d’accord sur un principe: l’abolition de la peine de mort. Répondant aux demandes formulées depuis plusieurs années par la société civile tchadienne, le projet du nouveau Code pénal tchadien, adopté en Conseil des ministres le 4 septembre dernier, adopte l’abolition de la peine de mort. Ce qui constitue «une avancée majeure», selon le chef de file de l’opposition tchadienne, Salah Kebzabo, rencontré, à N’Djamena.

 

 
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Cette célèbre figure politique, connue pour ses critiques virulentes contre le régime d’Idriss Déby, partage pour une fois, la même position que le gouvernement. «Le respect du droit à la vie, du droit à un procès équitable sont des principes fondamentaux que nous devons tous respecter. Aucun être humain n’a le droit de disposer impunément de la vie d’autrui. Abolir la peine de mort est un grand pas, dans le sens du respect du droit à la vie et je me réjouis de cette avancée», a déclaré Salah Kebzabo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UND- opposition).

Dans la même perspective, il a poursuivi: «Il faut d’autres mécanismes pour réprimer les grands banditismes et les auteurs de graves crimes. Il faut trouver des solutions appropriées qui garantissent le respect du droit à la vie, c’est, du reste, une question d’éthique», ajoute-t-il. L’opposant avait «travaillé sur une proposition de loi pour l’abolition de la peine de mort», avoue-t-il. «La dernière fois qu’un homme a été condamné à mort et exécuté au Tchad, cela s’est déroulé dans des conditions inhumaines. Cela était semblable à un règlement de compte, et nous avons réellement vécu l’horreur humaine]», s’énerve l’homme, en revenant sur les neufs dernières exécutions qui ont eu lieu dans le pays les 8 et 9 novembre 2003, malgré un moratoire adopté depuis 1991.

Dans une déclaration l’inspecteur général des services judiciaires et ancien coordonnateur du PRAJUST (projet d’appui à la justice au Tchad), Issa To, impliqué dans la rédaction du nouveau code pénal, s’est réjoui de «cette loi qui cadre avec la modernisation de la justice» rappelant que «l’abolition de la peine de mort est un choix du gouvernement». Il a, au demeurent, rappelé que «la peine de mort a été en réalité remplacée par l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle».

«Avec mes collègues, nous comptons d’ailleurs présenter le projet d’ici le mois d’octobre (date de la tenue de l’assemblée générale ordinaire du parlement) et avant cela nous devrions assister courant septembre à une réunion à ce propos en Afrique de l’Ouest en compagnie de parlementaires africains et tchadiens. Malheureusement, la situation provoquée par l’épidémie Ebola a contraint les organisateurs à reporter la réunion», a annoncé Kebzabo. 

 

Par Abdoulaye Adoum-AA
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