Le pouvoir de Khartoum confronté à de multiples défis veut offrir à son peuple une ultime chance des retrouvailles nationales dans le but de jeter les bases d’une nouvelle société réconciliée entre elle et tournée vers la paix et la démocratie. Et cela ne se passe pas sans transition politique.


Le sujet est sur toutes les lèvres depuis que le président Omar Hassan El Bechir a annoncé la volonté de son gouvernement de réunir autour d’une table toutes les sensibilités soudanaises pour revisiter l’histoire de leur  pays , corriger les erreurs et projeter un nouveau cap sur l’avenir. Cette semaine devant le parlement, il a réitéré les mêmes intentions  de voir ses compatriotes se réconcilier entre eux dans le but de renaitre un Soudan moderne et démocratique. D’importantes décisions ont été prises à cet effet, surtout celles concernant la libération de tous les prisonniers de guerre et des détenus politiques.

 
Pour certains observateurs, le chef de l’Etat soudanais  qui ne cessait de répéter à qui voudrait l’entendre qu’il ne briguera pas un prochain mandat, serait entrain de préparer une  retraite tranquille dans son propre  pays car un exil doré serait risqué vu le mandat d’arrêt de la CPI qui, comme un épée de Damoclès, plane toujours sur sa tête.

 
A Khartoum, le landerneau politique  et la société civile s’agitent : des débats télévisés, des concertations inter partis  mais aussi des inquiétudes du côté du pouvoir en  fin de règne sans gloire. Les principaux partis d’opposition ont donné leur accord de principe sur la tenue d’un dialogue direct inter soudanais .Il s’agit de  congrès populaire soudanais  de l’islamiste Hassan Eltourabi ,ancien maitre à penser du pouvoir à Khartoum ; devenu par la suite depuis 1999 son farouche opposant  , qui refait la lune de miel aujourd’hui avec Elbéchir . Il y a aussi le Parti de Ouma’a de l’ancien prémier ministre Sadick Elmahdi  ainsi que le parti démocratique soudanais(PDS) qui divergent un peu sur la question procédurale. Les communistes quant à eux émettent des réserves et posent comme préalable l’annulation des lois sur le délit d’opinion  et de manifestation  jugées scélérates et liberticides. En ce qui concerne l’oppostion armée , celle-ci avance des graranties suffisantes et demande l’implication de la communauté internationale. Réunis au sein du Front Révolutionnaire Soudanais (FRS) , les mouvements rebelles  estiment que le régime doit  d’abord arrêter les massacres des civils dans le Nil Bleu , le Kordofan et le Darfour avant d’évoquer l’initiative d’un dialogue national qui devrait, selon eux, se tenir dans un pays tiers sous la supervision onusienne. On note ici que la convergence des vues  de  tous les acteurs soudanais  demeure une équation à géométrie variable. Entre un Dialogue inter soudanais direct proposé par le président Elbechir  et  qui requiert plus ou moins l’adhésion de principe des  poids de l’opposition intérieure  et un Dialogue en déhors du pays avec l’implication de la communauté internationale voulue par l’oppostion armée, il y a certainement du pain sur la planche. Entremps, le soudanais lambda peine à joindre les deux bouts dans un pays rongé par la corruption , la déliquescence  de l’Etat et les guerres civiles avec sa cohorte quotidienne des morts et des mutilés à vie.


Le régime d’Omar Hassan Elbéchir au pouvoir depuis 1989 aura marqué la conscience collective par sa brutalité dans la conduite de la chose publique .Principal responsable  devant l’histoire de la sécession du sud du  pays (devenu indépendant), ce régime policier  doit sa longévité à son important dispositif sécuritaire particulièrement répressif. Après vingt  cinq ans de pouvoir, Elbechir et son congrès national  se rendent compte en fin qu’ils sont en face d’un Soudan en voie d’effondrement et qu’il est temps d’amorcer un nouveau virage pour donner la chance au peuple de se frayer un chemin. N’est ce pas là une stratégie de sauver la face et de chercher à se mettre à l’abri de tout soupçon et de toute poursuite ?

 
Toutefois, le fait d’accepter de convoquer des assises nationales est en soi un pas  décisif dans la recherche des solutions à la profonde crise soudanaise. Contrairement au dictateur de Kafouri(
quartier de la famille présidentielle à Khartoum) , son homologue et voisin de l’ouest, le principal bras armé de la nébuleuse françafrique , continue à se donner les airs d’un Ramsès aveuglé par le sang de ses compatriotes  et par son hégémonie dans la sous région ne rêvant qu’une seule chose : faire du Tchad une dynastie héréditaire !  Idriss Deby , c’est de lui qu’il s’agit , défie  donc un peuple qu’il a  assujetti  par son implacable dictature  et réduit  à l’indolence par ses innombrables oppressions sanglantes .Mais malgré le poids du despotisme, le peuple est loin de se décourager d’une si longue résistance en vue d’un inévitable changement .

Ahmat Yacoub Adam

 

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