N’DJAMENA — Le gouvernement tchadien a annoncé vendredi l’expulsion d’un évêque italien, qui avait critiqué dans un récent sermon la gestion des revenus du pétrole tchadien.
La gouvernement a donné à l’évêque catholique de Doha (sud pétrolier) Mgr Michel Russo une semaine à compter du 14 octobre pour quitter le Tchad, pour s’être "adonné à des activités incompatibles avec son statut". De source proche du dossier, le prélat a prononcé le 30 septembre un sermon critiquant la gestion des revenus du pétrole tchadien, sermon diffusé sur une radio privée.
Dans son sermon, Mgr Russo avait regretté la mauvaise distribution des revenus soulignant que les population locales ne profitaient pas assez de l’exploitation du pétrole et vivaient dans "l’indigence".
Mercredi, le Haut conseil de la communication (HCC) tchadien avait diffusé un communiqué sur l’affaire sans l’évoquer directement mais mettant en cause la radio La Voix du Paysan: "Le HCC a statué sur l’émission +Messe en direct+ diffusée par la Voix du Paysan. En diffusant en direct cette messe, La Voix du Paysan a véhiculé des propos de nature à troubler l’ordre public. En conséquence, conformément à la loi en vigueur, le HCC met en demeure la radio la Voix du Paysan (de ne pas recommencer)".
De source officielle en 2011, le Tchad, qui exploite du pétrole depuis 2003, produit en moyenne 120.000 barils par jour. Les revenus pétroliers lui ont permis de moderniser son armée, de se doter d’un meilleur réseau routier et de construire de nombreux bâtiment publics. Certains membres de la société civile demandent au régime d’employer davantage cette manne pour l’amélioration des conditions de vie des Tchadiens.
Le Tchad s’était engagé à affecter 70% de ses revenus pétroliers à la réduction de la pauvreté en échange du financement par des organismes internationaux d’un oléoduc permettant d’acheminer le pétrole produit dans la région de Doba (450 km au sud-est de N’Djamena) sur plus de 1.000 km à travers le Cameroun jusqu’au Golfe de Guinée.
Mais en 2008, la Banque mondiale a supprimé son aide aux infrastructures pétrolières tchadiennes, reprochant à N’Djamena de n’avoir jamais respecté les accords.
Mercredi, l’opposition avait dans un mémorandum commun critiqué la mauvaise gouvernance. "Les Tchadiens pensaient que les revenus pétroliers pourraient aider les dirigeants à conduire le pays sur la voie du développement (…) Quelle désillusion ! Les revenus pétroliers (…) ne profitent qu?à quelques uns", écrivait-elle.
Le président Idriss Deby, au pouvoir depuis 1990, a été réélu président en 2011 lors d’une élection contestée.

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