En cette fin d’année 2014, il siérait de faire le bilan de la situation socio-économique réelle du Tchad, et ce, au vu des chiffres officiels rendus public par plusieurs ONG et agences internationales mesurant les performances des états. Ce bilan permettra à coup sûr d’éclairer les tchadiens et de rétablir la vérité sur les contre-performances socio-économiques de notre pays. Le bilan permettra aussi et surtout de couper court aux fanfaronnades et folklores des autorités tchadiennes qui clament haut et fort sur les médias nationaux que le Tchad a amorcé son développement et qu’il figurera dans le peloton des pays émergents à l’horizon 2025.

 

Eh bien cher lecteur, le Tchad n’a pas bougé d’un iota en 2014. Pire, le pays s’est même engouffré davantage dans la pauvreté et la misère.  Les graves crises socio-économiques qui ont secoué le pays en 2014 sont là pour démentir le Président Idriss Deby et son gouvernement dans leur fausse campagne sur les « prétendus progrès socio-économiques réalisés » en 2014.

 

Deby, les membres de son gouvernement le savent bien, malgré le déni, mais les tchadiens l’ont vécu dans leur peau, le Tchad est tombé en faillite en 2014. Tout va mal alors que les élites affiliés au MPS, parti au pouvoir ont perdu tout sens de patriotisme et d’intégrité en se dandinant çà et là pour se « sucrer » toujours sur le dos du tchadien lambda. Et pendant ce temps les tchadiens meurent faute de soins et de nourriture, les activités économiques sont au ralenti à cause de la pénurie de carburant et des délestages intempestifs, la corruption s’est généralisée, la sécurité des biens et des personnes s’est dégradée, la vie coute chère, les salaires ne sont pas payés et l’accès à internet est nul pour un pays qui prétend être le hub des nouvelles technologies de l’information et de communication.

 

Un internaute tchadien m’a mis la puce à l’oreille en listant les performances du Tchad réalisées par les agences internationales et ONG qui mènent des enquêtes socio-économique pour 2014 et je me fais le devoir de rapporter ces classements tout en rajoutant d’autres données. Jugez par vous-mêmes :

 

Environnement des Affaires

 

Le Tchad est selon le rapport Doing Business du Groupe de la Banque Mondiale l’OCDE est 2014, le pire pays pour faire les affaires. Doing Business classe le Tchad à la 185e place sur 189 pays, juste devant le Soudan du Sud, la RCA. Ce classement est le résultat des enquêtes qui ont porté sur les critères suivants : la facilité de faire des affaires ; la création d’entreprise ; l’octroi des permis de construire ; le raccordement à l’électricité ; le transfert de propriété ; l’obtention des prêts ; la protection des investisseurs minoritaires ; le commerce transfrontalier ; le paiement des impôts et taxes ; l’exécution des projets et le règlement de l’insolvabilité. Dieu seul sait que tous ces critères énumérés sont des problèmes auxquels font face tout nouveau ou ancien entrepreneur au Tchad.

Sécurité et Droits Humains

 

Sur le plan de la sécurité, un petit tour sur le site de l’ambassade de France au Tchad ou celui du Quai d’Orsay et vous vous rendrez à l’évidence que la France et mais aussi toutes les missions diplomatiques au Tchad ont inscrit le Tchad dans la liste des pays à sécurité dite « fragile » et moins sûrs et alertent leurs ressortissants vivant au Tchad ou en visite d’affaires de doubler de vigilance. Un couteau dans le dos de Deby par ses amis français qui par ces avis d’alerte découragent les investisseurs potentiels à s’aventurer au Tchad.

 

Au plan des droits humains pendant que nous attendons le Country Report i.e. le rapport/pays du département d’Etat des USA pour 2014, il faut lire celui de 2013 qui dit qu’au Tchad les abus des droits humains sont entre autre « les détentions et arrestations arbitraires, de longues détention avant procès, l’absence des procès équitables, la restriction par le  gouvernement  des libertés d’opinion, de presse, de rassemblement et de mouvement ».

 

Bonne Gouvernance et Corruption

 

Il est de notoriété publique que le Tchad fait figure de pays à gouvernance calamiteuse et où la corruption s’est érigée en sport national. Transparency International qui publie chaque année un rapport sur l’état de la gouvernance de la corruption des pays, classe le Tchad à la 154e place sur 174 pays faisant de notre pays l’un des plus corrompu au monde. Tandis que l’Indice Mo Ibrahim qui classe les pays à l’échelle africaine place notre pays  49e sur 52 pays, juste devant la Somalie et la l’Erythrée.

 

Santé Maternelle et Infantile


Les tchadiens sont nombreux à manquer de soins mais ce sont les femmes et les enfants qui payent un lourd tribut.  Pour illustrer cela nous brandiront le rapport annuel qu’a rendu public  l’union africaine en 2013 sur la situation de santé maternelle, infantile et néonatale en Afrique et donc au Tchad.

 

Tenez-vs bien le Tchad et la Somalie sont les 2 pays ou l’on enregistre les taux de mortalité maternelle les + élevés au monde.  Avec plus de 1000 décès pour 100000 naissances vivantes.

 

Cette tendance vient d’être confirmée encore 2014 par l’ONG Save The Children qui conclu que le Tchad est le pire pays au monde pour être mère.

Développement Humain

Le Programme des Nations Unies pour le Développement publie annuellement un rapport sur le développement humain par pays. Les trois critères analysés ici sont « l’espérance de vie, l’éducation et le niveau de vie ». En 2014, le Tchad est classé 184e sur 187 devant la RCA et le Niger, des pays sans ressources. Alors qu’au Tchad nous avons le pétrole.

Oxfam International, dans la même veine, confirme qu’en 2014, le Tchad est le pays où l’on mange le mois bien.

Cherté de Vie

Le Tchad est aujourd’hui un pays ou le coût de vie est le plus élevé alors que le fonctionnaire tchadien est le mal payé au monde. Comble de ridicule notre capitale Ndjamena a été consacrée par l’Enquête Mercier comme la 2e ville la plus chère au monde en 2014, surclassant même Paris, New York, Toronto, Tokyo et toutes les autres grandes villes.


Accès a Internet


Pour un pays qui s’est autoproclamé hub des nouvelles technologies de l’information et de la communication, nous tombons des nus quand on découvre le rapport  Global de l’Information et de la technologie 2014 produit par le Forum Economique Mondial, qui classe le Tchad à la 183e place sur 183, c’est-à-dire dernier pays quant à l’accès à  internet et aux outils de technologie de l’information et de la communication.


La balade de santé de la délégation tchadienne composée de 50 personnes au forum #IUTWORLD de Doha à Qatar est une preuve de l’amateurisme des autorités en charge de ce domaine au Tchad. La délégation tchadienne était composée des officiels, des sociétés comme TIGO, l’ONRTV, SOTEL et de GOLF COMPUTER alors que c’était un rendez-vous des entrepreneurs jeunes ou consacrés à la création des start-up.  Nous avons vu comment la délégation tchadienne a rasé les murs alors que les pays comme l’Ouganda, le Kenya et même le Soudan du Sud étaient à l’honneur et s’étaient illustrés par la présentation des projets et produits des start-up, développés par leurs citoyens au niveau local.


La liste des faillites et des échecs des autorités tchadiennes sur les plans socio-économiques en 2014 est longue comme un chapelet mais nous vous faisons l’économie de les énumérer tous.


Comme le rappelait un homme politique français alors qu’il parlait de son livre intitulé « L’esprit de cour » pour qualifier la présidence de Nicolas Sarkozy, le Tchad en 2014 aussi est devenu une monarchie avec un Président-Sultan qui ne distribue les grâces et les honneurs qu’à sa famille et aux courtisans. « Ceux qui sont recommandés ont la faveur du prince. Ceux qui plaisent au prince sont récompensés. Mais ceux qui ont le mérite de bien faire en sont pour leurs frais. Nous sommes dans un pays qui est gouverné par l’art de la séduction et le privilège est accordé à la famille et aux séducteurs. Le véritable talent qui est celui du mérite est simplement délaissé » dixit De Villepin dans ONPC. Cette sortie de Dominique de Villepin s’applique exactement à la situation du Tchad. Allez savoir qui dirige  les principales sociétés d’états et les régies financières au Tchad. D’où les tâtonnements, les « à-peu-près » et amateurismes de gestion qui ont coulé le Tchad en 2014.


Mais comme « Dieu ne laisse pas mourir les oiseaux du ciel, à plus forte raison nous les hommes », le vent chaud du calvaire Débyeen a été partiellement stoppé par la victoire des SAO du Tchad qui, en cette fin d’année 2014 nous ont donné une raison de sourire, d’atténuer nos souffrances et de nous redonner espoir en remportant pour la 1ere fois la coupe de la CEMAC.


Comme quoi 2015 doit être une année d’espoir et la société civile et les patriotes épris d’amour pour le Tchad doivent se battre encore plus fort pour venir à bout de ce régime.

 

Ousmane Hamay

Ottawa, Canada

 

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