N’DJAMENA (Xinhua) – La rentrée scolaire 2012-2013 a été lancée officiellement lundi au Tchad, avec une session spéciale du baccalauréat pour faire repasser les épreuves aux candidats dont l’admission a été annulée, une histoire extraordinaire mais qui reflète de nombreuses faiblesses du système éducatif d’ailleurs relevées lors d’un forum de réflexion tenu le mois dernier dans ce pays de l’Afrique centrale.

Début août dernier, le Premier ministre Emmanuel Nadingar a annulé partiellement les résultats du bac 2012 (27% de réussite pour près de 70.000 candidats), à cause d’un niveau d’admissibilité jugé trop bas. Après avoir revu les listes d’étudiants reçus, le jury n’a confirmé définitivement admis que les candidats ayant ont obtenu une moyenne supérieure ou égale à 10/20, ramenant ainsi le taux de réussite à 9%.

Et les repêchés sont appelés à repasser les épreuves du bac à partir du 2 octobre 2012. Dans beaucoup de collèges et de lycées de la capitale et des villes de provinces, les cours ont déjà débuté depuis la mi-septembre. Mais ils sont suspendus cette semaine pendant le déroulement du baccalauréat.

Cette session spéciale de bac illustre un des symptômes pronostiqués au système éducatif au Tchad: laxisme dans la gouvernance du système. En effet, lors du dernier forum de réflexion, beaucoup d’autres faiblesses ont été relevées: inégalité dans la répartition des ressources; inadéquation de la formation aux offres d’emploi; retard et mise en œuvre imparfaite du cadre institutionnel et du bilinguisme (le français et l’arabe); traitement insuffisant de l’éducation en milieu défavorisé nomade, chez les filles et les personnes handicapées.

En ce qui concerne la répartition des ressources, 80% des écoles communautaires et des écoles publiques sont implantées en milieu rural, elles accueillent 67% des élèves sur l’échelle nationale, selon un document intitulé "Principaux éléments de diagnostic du secteur de l’éducation au Tchad", publié mars dernier par les quatre ministères en charge de l’éducation au Tchad (Enseignement primaire et éducation civique; Enseignement secondaire; Formation professionnelle, arts et métiers; et Enseignement supérieur).

Mais le milieu rural demeure défavorisé en termes d’infrastructures et d’accès à l’école. On y trouve des écoles sans salles de classe, où des élèves prennent des cours à même le sol sous des hangars en paille ou en tiges de mil, révèle le document. Le personnel enseignant y manque également cruellement.

"Le défi majeur auquel le système éducatif tchadien est confronté dans le cycle primaire porte particulièrement sur la situation de l’achèvement qui reste faible et évolue très lentement", expliquent les "Principaux éléments de diagnostic du secteur de l’éducation au Tchad".

Selon le document, le faible taux d’achèvement du primaire est en réalité entretenu et perpétué par une faible capacité du système éducatif à garder en son sein les enfants jusqu’à la fin de leur cursus scolaire.

"Le taux brut de scolarisation est certes passé de 53% en 1990 à 91% en 2011 au primaire, et le ratio élèves-maîtres a baissé de 133 à 66% au cours de la même période, ainsi que le ratio élèves-classe de 130 à 68%", a confié à Xinhua Faïtchou Etienne, ministre tchadien de l’Enseignement primaire et de l’éducation civique.

Mais le taux de redoublement est de 22% et le taux d’achèvement à l’école primaire est de 37%, alors que la moyenne du taux d’admission en Afrique subsaharienne est de 64%, a-t-il déploré.

En matière de qualité des enseignements, les indicateurs sont faibles au Tchad. "Cela est dû, en partie, à l’insuffisance d’enseignants qualifiés", a expliqué Faïtchou Etienne. Au Tchad, le nombre des maîtres communautaires et des enseignants vacataires représente plus 70% de l’effectif total.

"Mon département est en train de finaliser une stratégie qui prévoit un recrutement massif d’enseignants formés dans les Écoles normales d’instituteurs (ENI) et les Écoles normales supérieures (ENS, couplée à la formation continue diplômante des maîtres communautaires", a promis le ministre. Les dispositions sont également prises pour un recrutement d’enseignants de matières scientifiques.

Au Tchad, 10,4% du budget général de l’Etat en 2012 ont été consacrés à l’éducation. La stratégie intérimaire pour l’éducation et l’alphabétisation, étalée sur trois ans, prévoit la construction de 1.300 salles de classe. "Le gouvernement fournit de gros efforts pour que, d’ici à l’effectivité du programme décennal de développement pour l’éducation et l’alphabétisation à l’horizon 2015, il y ait au moins 50 élèves par salle de classe", a affirmé M. Faïtchou Etienne.

Lors du forum national de réflexion sur le système éducatif, le président Idriss Déby Itno a lancé la "renaissance de l’école tchadienne". Selon lui, la nouvelle école tchadienne doit être le cadre de brassage des Tchadiens où sont enseignés l’écriture, la lecture, mais également les valeurs morales de tolérance et de respect d’autrui. Elle doit être un lieu du culte de l’excellence et un système d’éducation et de formation qui tienne compte des réalités du monde de l’emploi.

"Pour marquer le départ de la nouvelle école, le Gouvernement procédera à l’application de la loi d’orientation, dès la prochaine rentrée scolaire", a déclaré le président Déby Itno.


"Pour maintenir le nouvel élan, je demande au Gouvernement d’amplifier ses efforts en faveur de la condition des enseignants, des structures d’accueil, des équipements, des matériels pédagogiques et du pilotage de sa politique en la matière. Tout doit être mis en œuvre pour que cessent le démarrage tardif et l’arrêt précoce de l’année scolaire", a-t-il conclu.
 

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