Un juge d’instruction français va enquêter sur la disparition au Tchad en 2008 de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh. L’ouverture de cette enquête fait suite à la plainte déposée en février 2012 par deux des enfants du disparu. C’est contre l’avis du parquet de Paris que ce juge d’instruction avait décidé de le mener. Le ministère public avait donc fait appel de cette décision. Mais finalement la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a donné raison au juge et considéré que les critères juridiques étaient réunis pour autoriser son enquête sur cette disparition.

 

Ibni Oumar Mahamat Saleh a été enlevé par les forces de sécurité tchadiennes à l’issue de l’attaque rebelle sur Ndjamena en février 2008. Depuis, sa famille est sans nouvelles.

Il y a d’abord eu une commission d’enquête tchadienne créée dans la foulée de cette attaque. Le gouvernement tchadien souhaitait qu’elle ne s’occupe que des crimes commis par la rébellion. Mais après bien des pressions de la communauté internationale, sa mission fut finalement d’enquêter sur les événements survenus dans le pays entre le 28 janvier et le 8 février, c’est-à-dire les exactions commises de part et d’autres.

Et le rapport final est sans appel. Il établit que la disparition d’Ibni Oumar Mahamat Saleh est bien le fait de l’armée tchadienne et que cet enlèvement, comme ceux d’autres opposants le même jour, est le résultat d’une opération coordonnée et ordonnée par « les plus hautes autorités de l’Etat ».

Comité de suivi

Toutefois, cette commission d’enquête appuyée par des experts internationaux ne parvient pas à situer avec certitude le lieu de détention d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, ni même à établir les circonstances de sa mort. Dans les recommandations de cette commission, il est stipulé qu’un comité de suivi doit être mis en place pour s’assurer que des progrès soient accomplis à la fois dans les réformes proposées et dans les poursuites judiciaires.

Mais depuis, il n’y a pas eu d’avancées au Tchad, malgré la création d’un pool judiciaire chargé de coordonner l’enquête. Plus d’un million d’euros avaient pourtant été alloués et des observateurs étrangers désignés pour suivre le processus. Rien côté tchadien, et c’est ce qui a conduit deux des fils de l’opposant disparu à porter plainte en France en février 2012.

Mohamed Saleh Ibni Oumar est l’un des deux fils de l’opposant. Il accueille cette décision avec satisfaction, mais également avec beaucoup de réserves.

 

Mohamed Saleh Ibni Oumar

Fils de l’opposant Ibni Oumar

Nous nous posons beaucoup de questions pour savoir si ce juge aura réellement les moyens de mener ses enquêtes au Tchad. Nous attendions (…) une avancée dans cette affaire, mais nous avons aussi des inquiétudes

 

26/06/2013

 

 

 

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