13 avril 2014 TCHAD: les opérations sur le marché de la téléphonie mobile et de l’internet cachent-elles une vaste escroquerie ?
Le ministre des Postes et des NTIC, Daoussa Déby Itno (demi-frère du président Déby), a signé le 8 avril 2014 l’arrêté accordant la licence 3G et 4G à l’opérateur Airtel. Ni cette société ni le ministre n’ont souhaité communiquer le montant de l’opération comme s’il s’agissait d’un contrat portant sur un bien propre à Daoussa Déby. Une dissimulation du prix de vente inadmissible de la part d’un ministre de la République. Les Tchadiens ont le droit de savoir le montant engrangé par l’Etat à la suite de l’attribution des licences 3G et 4G.
En France par exemple, l’attribution de la licence 4G a rapporté à l’Etat 3,5 milliards d’euros. Les pouvoirs publics ont largement communiqué sur les prix proposés par les 4 opérateurs (Orange, Sfr, Bouygues, Free) candidats aux précieuses fréquences.
La transparence dans la gestion de la chose publique est un des attributs d’un Etat de droit. Les dirigeants tchadiens, à commencer par les proches d’Idriss Déby, doivent cesser de considérer la chose publique comme leur propriété privée.
S’agissant de la transparence, on se rappelle en effet qu’en 2012, le site internet de la présidence nous annonçait de façon pompeuse que « Le Tchad, à l’instar des autres Etats africains et de la planète est désormais connecté au réseau à fibre optique […] Le réseau à fibre optique … est aujourd’hui une réalité pour son utilisation à l’échelle internationale. Il est d’un coût global de 20 milliards de francs CFA entièrement financés sur fonds propres de l’Etat tchadien. »
Mais la vérité a fini par rattraper le gros mensonge des maffieux. La construction de la fibre optique à 20 milliards Fcfa, ce fut vraisemblablement une vaste escroquerie. Le 12 septembre 2013, l’agence de presse chinoise Xinhua rapportait que « seize mois après sa réception en grande pompe dans la capitale, la fibre optique n’est pas toujours accessible». Mais ce n’est pas tout. D’après l’agence Xinhua, au Tchad « l’accès à l’internet est cher et de mauvaise qualité ». Une réalité confirmée par le secrétaire général du ministère des postes et télécommunication qui déplorait qu’« avec un taux de pénétration d’internet de 1,9% en 2012, le Tchad reste significativement en dessous de la moyenne africaine qui est de 15,6% ».
Toujours dans le domaine des NTIC, M. Abdoulaye Sabre Fadoul, alors ministre des Poste et NTIC, déclarait en mai 2013, lors d’une réunion de travail avec les responsables de Sotel-Tchad que « Sotel-Tchad, en faillite depuis 2 ans, traine une dette de près de 20 milliards de FCFA » outre que « chaque mois, elle perd 400 millions de nos francs ».
Depuis le début de cette année, les pouvoirs publics ont décidé de lancer un processus de privatisation de cette société. Une nouvelle occasion pour les dirigeants de se sucrer sur le dos des Tchadiens ? Rappelons que Sotel-Tchad a déjà fait l’objet d’une première opération de privatisation en 2011 remportée par le Libyen Lap Green
Cela dit, avec des fréquences du dividende numérique 3G et 4G, les Tchadiens vont pouvoir accéder facilement au « très haut débit mobile » pour surfer sur les sites web depuis leurs téléphones portables et autres tablettes.
Bientôt, la navigation à la vitesse de l’escargot ne serait plus qu’un lointain et mauvais souvenir. L’emploi du conditionnel est ici un choix délibéré. Car dans ce pays, on nous a habitués à des effets d’annonce, pour ne pas dire à de l’enfumage destiné à masquer des détournements massifs de deniers publics.
Attendons de surfer avant de se réjouir.
© Tchadoscopie
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