Lorsqu’un  groupe de personne décidé de crée un Parti politique, c’est pour conquérir le pouvoir et non pas pour amuser la galerie en jouant aux sous-fifres pour revendiquer des strapontins de jouissance. 

De ce que l’on connait de l’UNDR, apparemment, ses fondateurs veulent aller loin, voilà pourquoi, depuis les premières élections de l’ère démocratique au Tchad, le parti a prouvé qu’il était bien enraciné dans le pays. En 1996-1997, il a battu le MPS (Mouvement patriotique du salut au pouvoir actuellement), lors des élections législatives et dans certaines circonscriptions emblématiques comme Fianga dans le département du Mont-Illi, Gounou-Gaya dans la Kabia. Et c’est au 1er tour qu’il a raflé la mise avec plus de 53% des voix, et bien entendu Léré dans le Lac Léré. Le parti au pouvoir n’a fait que voler les voix de l’UNDR lors de la partielle de 1997 lorsque Saleh Kebzabo a été appelé au gouvernement suite à l’accord que Parti a conclu avec le MPS dans le cadre de la DCP, démocratise consensuelle et participative. 

Au sujet  de ce fameux accord justement, les gorges chaudes ne semblent que se gonfler davantage sans que les gens ne s’arrêtent un instant pour s’informer sur les tenants et aboutissants de cet évènement, puisque c’en était un.

C’était la 1ère expérience politique au Tchad. Le pluralisme venait d’être expérimenté sur le plan politique. Chaque Parti politique devait se jauger par rapport à son poids réel sur le terrain et il était normal qu’après avoir analysé la situation de l’époque, l’UNDR ait préféré soutenir Idriss Déby Itno plutôt que le président de l’URD, Wadal Abdelkader Kamougué.

Au-delà de la souveraineté de chaque organisation politique, les dirigeants de l’UNDR à l’époque savaient que même leur soutien au défunt Président de l’Union pour la République (URD) ne pouvait lui permettre  de remporter l’élection présidentielle. C’est la France qui a porté au pouvoir Idriss Déby. C’est la même France qui fera tout pour que personne d’autre ne gagne l’élection présidentielle, car selon elle, il faut un militaire à la tête du Tchad pour stabiliser la situation sociopolitique après la dictature implacable de Hissène Habré (1982-1990), quitte à être plus ouverte pour l’évolution politique ultérieure du pays. 

Malheureusement, cette position française est devenue anachronique et n’a pas évoluée d’un iota, donnant aujourd’hui l’image que M. Idriss Déby Itno est devenu « une patate chaude » dans les pommes des français. C’est Paris qui empêche l’alternance au Tchad.

Pour revenir au leadership de l’UNDR, il faut dire qu’il est caractérisé par un dynamisme certains.

Saleh Kebzabo et son équipe ont montré leur détermination à conquérir le pouvoir pacifiquement et l’élection présidentielle d’avril 2016 a connu réellement le déclassement d’Idriss Déby Itno par Saleh Kebzabo.

Pourquoi vouloir absolument changer la tête du Parti quand celui-ci a de sérieuses capacités de déraciner le MPS malgré ses modestes moyens financiers et matériels ? Ceux qui s’offusquent du maintien du Président de l’UNDR savent-il  le fond de la décision du 6ème Congrès interdit à Mongo (dans le centre du pays) et qui a été délocalisé à N’Djaména du 16 au 17 avril 2019 ?

Les militants estiment que Kebzabo est bien entouré et qu’il a en sa possession une véritable banque à idées qui l’encadre sur le plan stratégique pour être Président du Tchad rien que par les urnes. C’est le fruit d’un militantisme qui ne s’est pas démenti depuis 1992 à la création de l’UNDR. Des proches de M. Kebzabo comme le journaliste Célestin Topona et beaucoup d’autres constituent l’ossature incorruptible du Parti, avec le défunt Docteur vétérinaire Abba Djouassab Koi. D’ailleurs, ce sont aujourd’hui, trois membres fondateurs de l’UNDR à savoir Mme Louise Djimtolabaye, Célestin Topona et Kebzabo lui-même qui restent au sein du Parti. Le Docteur Paboung Dagou vient de 

démissionner, happé après 27 ans de lutte dans l’opposition par les promesses d’Idriss Déby Itno.

 Et puis à l’UNDR, il n’y a pas de culte de la  personnalité. Le Président du Parti ne prend aucune décision seul, contrairement aux  fables racontées.

Observateur averti que je suis, je crois fermement que Saleh Kebazbao et ses amis constituent sans doute les plus redoutables adversaires politiques de M. Idriss Déby Itno qui lui, les prend comme ses ennemis jurés. Par contre, on constate un comportement puéril dans certains milieux de l’opposition qui combattent avec acharnement l’UNDR alors que eux-mêmes sont sensés s’organiser pour battre le candidat du MPS. C’est de la jalousie  tout court et c’est bien dommage  pour la démocratie tchadienne. Tout comme on ne comprend pas les fanfaronnades intellectuelles d’un Hourmadji Moussa Doumngor, qui a visiblement des difficultés pour s’assagir de sa pulsion maladive contre l’UNDR et son Président National.

Dans le Parti de Kebazbo militent beaucoup de cadres, des intellectuels qui se recrutent dans tous les milieux, et ils conseillent sans se faire voir, le bureau exécutif de l’UNDR, car ils veulent le changement politique à la tête du pays. Ce sont ces intellectuels dont le comportement éthique est exemplaire qui donnent un « coup de main » précieux aux dirigeants du Parti et il y en a qui sont dans le système du MPS et qui ne sont gère d’accord avec la gouvernance de leur Régime. Ils épousent  la lutte de l’UNDR. Il faudra donc que ceux qui n’ont  jamais affronté les affres de la lutte dans l’opposition se ravisent et n’induisent pas en erreur une opinion qui est dans sa quête d’informations objectives sur l’opposition démocratique tchadienne.

L’alternance à la tête de l’UNDR au final ne regarde guerre Hourmadji Moussa Doumngo, lui qui avait abandonné en son  temps feu le général  Wadal Abdelkader Kamougué pour aller manger et boire à satiété au MPS. S’il est normal qu’une position intellectuelle peut être donnée sur telle ou telle situation, et c’est la seule exception et tolérance qu’on peut concéder à M. Doumgor, il est inacceptable qu’il se mêle de ce qui  ne le regarde pas, car n’ayant jamais eu la carapace d’un lutteur politique dans l’opposition.

Est par contre surprenante la réaction de Nadjikimo Bénoudjita, lui qui sait très bien comment son « ami » Kebzabo se bat dans cette jungle politico-économique du système MPS. C’est  dommage qu’il plonge aussi dans le parti pris facile qui dénote d’un certain relent de régionalisme ou tribalisme rétrograde selon lequel, en 1996, l’UNDR de Saleh Kebzabo ne devait que soutenir Kamougué.

Au nom de quelle théorie politique, parce qu’il est du Sud du Tchad, Kebzabo, arrivé en 3eme position à la présidentielle dette année-là devait obligatoirement soutenir les yeux fermés Kamougué ? S’il ne l’a pas fait, il a trahi…mais il a trahi qui ?

Et si Célestin Topona a eu un poste de 2eme Vice-président de l’Assemblée Nationale, c’était bien la répartition normale des responsabilités au sein d’un hémicycle pluraliste, l’accord MPS-UNDR n’était que le support politique comme cela est constaté partout sur la planète.

À moins que M. Nadjikimo nous fasse la démonstration contraire.

Dans les débats qui se cristallisent actuellement  sur  l’UNDR, toute proportion gardée, on doit avoir du respect pour les militants de ce Parti qui, qu’on le aime ou pas, ont fait montre de grand courage face à la machine du Pouvoir tchadien. Ils ont décidé que leur Président national continue d’affronter Idriss Déby Itno aux prochaines élections présidentielles et lorsqu’il sera élu, un autre de ses camarades prendra ipso facto sa place à la tête du Parti.

Malgré le fait qu’il ait évoqué depuis 2003 la question de l’alternance, le dernier Congrès estime qu’il doit continuer à croiser le fer avec le candidat du MPS qui finira par mordre la poussière si des élections transparentes sont organisées. Il s’agit pour les Tchadiens dans leurs diversités de chercher une alternance pacifique et non de croire en un renversement violent du Régime par on ne sait quelle énième rébellion qui pourrait aussi s’éterniser à la tête du Tchad comme le MPS justement lequel s’est imposé par la force des armes de 1990 à nos jours.

Alors, aux citoyens tchadiens de savoir où sont leurs intérêts politiques en terme d’unité nationale et comment ils doivent s’organiser pour échapper aux contre-vérités débitées par des personnes qui sont promptes à faire étalage de leur soit disant sens de l’analyse politique, qui ont trempé dans l’organisation du chao actuel du Tchad et qui se positionnent en donneurs de leçons.

La vérité  revient à ceux qui croisent le fer sur le terrain avec le Régime de M. Idriss Déby Itno et non ceux qui préfèrent ergoter dans une sorte de « masturbation intellectuelle » loin des réalités du moment, alors qu’ils sont bel et bien dans cet environnement politique, social, économique qui étouffe les Tchadiens dans leur ensemble, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest.

De grâce, laissez ceux qui croient en la marche politique de l’UNDR tranquille. Laissez-les se remettre des émotions causées par  l’interdiction de leur Congrès, manifestations statutaires À Mongo et de l’arrestation illégale et arbitraire de leur ami Équato-guinéen, Andreas ESSONO ONDO qui croupit toujours dans les geôles de l’ANS, l’Agence nationale de sécurité, la tristement célèbre police-politique du Régime.

Quant au fameux accord MPS-UNDR de 1996 évoqué de façon hallucinatoire malgré le nombre écoulé d’années, il reste dans l’histoire. Après l’UNDR, combien de Partis politiques ont signé des accords avec le MPS ? Pourquoi n’en parle-t-on pas ?

D’ailleurs, si le Régime de Idriss Déby Itno avait été sérieux, en ne torpillant pas cette entente politique, le pays ne serait pas  dans cette situation de déliquescence avancée.

Et puis ceux qui suivent la politique chaotique du Tchad n’oublient pas les actions troubles des adeptes de la Francafrique. En son temps, Omar Bongo Ondimba, l’ancien Président du Gabon et père de l’actuel n’a-t-il pas favorisé un deal entre Wadal Abdelkader Kamougué et Idriss Déby Itno pour un semblant de 2ème tour ? De quel péché reprocherait-on l’UNDR de s’être déterminée librement dans le cadre de sa stratégie politique ? Il est important que les Tchadiens de l’intérieur comme ceux de la diaspora discutent de l’évolution de leur pays mais en n’occultant pas la lutte difficile et courageuse que mène l’opposition tchadienne véritable contre un système de gouvernement implacable, qui s’arc-bouter   coûte que coûte que coute aux commandes du Tchad en déroulant une gouvernance calamiteuse.

La question de la libération politique du Tchad doit être l’affaire de tous et celles et ceux qui sont en 1ère ligne pour empêcher la folie meurtrière du Régime MPS de mettre totalement à terre la République méritent plus que de la compassion mais le soutien.

Dans la mesure où nous n’avons pas un autre pays, un message clair doit être donné à nos gouvernants actuels : ils ne sont pas plus Tchadiens que la majorité silencieuse qui souffre le calvaire du fait de leur mépris managérial, du fait du pillage systématiques des ressources communes accaparées par une infime minorité. Cela ne doit laisser aucun citoyen indiffèrent.

Les intellectuels tchadiens devraient plutôt se mettre du côté de ceux qui luttent contre la dictature rampante du Régime MPS que de se  perdre en conjecture par des dissertations sommes toutes oiseuses sur l’UNDR, parce que tout simplement, ils n’aiment pas ceux qui dirigent cette 2ème force politique du Tchad par pure déficit éthique…et bassement par jalousie.

Le 21ème siècle n’appartient pas à ces types de penseurs.

Tchadanthropus-tribune

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