Les leçons sont faites pour être apprises, le 1er octobre dernier nous avisions ici même dans un éditorial qui a fait des vagues et produit des réactions vertes et pas mûres, l’abracadabrante histoire d’assistance aux sinistrés des inondations. Nous aurions voulu que l’histoire nous démentisse mais hélas aujourd’hui les faits sont avérés, la gestion de ces fonds n’a obéit que relativement à l’éthique et à la morale  tout court pour ne pas dire à l’orthodoxie financière pour emprunter ce terme aux économistes.
 Que dire, qui croire, et qui accuser ?
Les responsabilités sont de mon point de vue, entièrement partagées. Aussi bien du point de vue conceptuel que dans son opérationnalité, il a manqué du discernement et du bon sens. Autant le déficit du discernement est compréhensible, on agissait dans l’urgence, autant le défaut du bon sens laisse dubitatif et fait penser que les acteurs se sont servi sur toute la chaine.
Il y’avait 100 millions pour la ville de N’Djaména, 100 à 150 pour les autres régions sinistrées, pour un total d’un peu plus d’Un milliard de Fcfa. La réaction du gouvernement était diligente, il s’agissait bien d’une situation d’urgence mais le gouvernement qui est engagé dans un vaste programme de moralisation de la vie publique devrait pouvoir savoir que le simple fait d’exhiber des espèces sonantes et trébuchantes est porteur en lui même de graves tentations. Ce n’est pas par effet de mode ou une plaisanterie de banquiers que de transporter le liquide dans des fourgonnettes blindée. Dans le cas d’espèce puisqu’il n’est pas possible de blinder la conscience et l’éthique des hommes, il fallait s’assurer d’un minimum de prudence dans le partage de cette assistance.
Qu’est ce qui s’est véritablement passé. Voici à peu de détail près les faits. Une fois le cirque de la remise passée devant les objectifs des caméras de la télévision nationale, toute la suite de la procédure, enfin procédure n’est pas le mot juste, toute la suite de l’opération se fait tout naturellement sans témoin, c’est un huit clos absolu dans bien de cas à quelque rare exception près. Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Les émissaires dépêchés du Gouvernement ne se sont entouré d’aucune précaution d’usage en dehors de la rhétorique sinon la ritournelle du genre « ces fonds doivent aller aux sinistrés ».
Au jour d’aujourd’hui aucune structure gouvernementale n’est à mesure de donner le chiffre exact des familles sinistrées. Comment soulager les sinistrés si nous ne savons pas avec exactitude combien ils sont et surtout l’étendu du sinistre subit.  Ceux  qui se seront rendu coupable de prévarication dans cette opération auront à mon avis commis un double délit. Celui d’avoir défié l’autorité de la puissance publique et, plus grave, soustrait l’espoir à des concitoyens déjà lessivés par  une catastrophe naturelle sans précédent. Mais si on posait le problème autrement. Etait-ce  franchement, de leur faute puisqu’il n’y avait pas un cahier des charges, une sorte de mode d’emploi. Dans certaine régions de notre pays, les sinistrés avaient cru, du moins on leur aurait laissé croire qu’il s’agirait d’un prêt gouvernemental, voila où pourrait nous conduire le train de la forfaiture.
Maintenant  quelque soit la suite qui sera réservée à cette affaire le mal est fait, On trouvera des lampistes qu’on châtiera fatalement au besoin publiquement. Et après ! Le préjudice moral, qui va le réparer ? Ce pays, pour le servir, il faut l’aimer. La primauté de l’intérêt général est un principe cardinal dans une République. Ce principe sinon cette vertu n’est apprise dans aucune école au monde, dans aucune Eglise, dans aucune Mosquée, c’est dans la famille qu’elle doit être apprise.  On n’échappera peut être à la justice des Hommes, mais la justice divine reste inéluctable.

Par Ahmat Makaila 

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