Cérémonie d’hommage ce dimanche 27 janvier à Bamako aux dix casques bleus tchadiens de l’ONU tués dimanche dernier lors d’une bataille contre les jihadistes. La cérémonie s’est déroulée en présence du chef de l’État malien Ibrahim Boubacar Keita, de son Premier ministre, ainsi que du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif. Reportage.

Une cérémonie en hommage aux dix Casques bleus tchadiens tués le 20 janvier au Mali a été organisée dimanche à Bamako, en présence du chef de l’État malien, a rapporté un journaliste de l’AFP. Les dix soldats tchadiens ont été tués à Aguelhok (nord-est), à 200 km de la frontière algérienne, lors d’une « attaque complexe lancée par des assaillants arrivés à bord de nombreux véhicules armés », avait expliqué la mission de l’ONUau Mali (Minusma). Au moins 25 autres avaient été blessés. L’assaut a été revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda.

Devant plusieurs centaines de personnes, les dix cercueils des soldats tchadiens ont été exposés dans la cour de la Minusma, organisatrice de la cérémonie.

« Je viens m’incliner au nom de la république du Mali devant ceux qui sont morts. Soldats, dormez en paix », a dit le président Ibrahim Boubacar Keïta. « Il faut des tragédies au monde pour qu’il puisse prendre conscience de l’âpreté de la mission » a-t-il ajouté, avant de saluer « l’engagement constant du Tchad » aux côtés du Mali.

« Nos valeurs de paix, de solidarité, de tolérance sont plus que jamais remises en cause. Et dans ce combat des valeurs, ce pays ami (le Tchad) a payé le plus fort », a poursuivi le président Keïta sur Twitter.

Le représentant du secrétaire général de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, de nationalité tchadienne, s’est interrogé sur de possibles informateurs des « terroristes » sur les positions des Casques bleus.

« Il est désormais important de faire désormais attention à ceux qui sont parmi nous et qui observent nos faits et gestes », a-t-il dit. Le chef de la force de la Minusma, le général Hubert Cottereau, a donné davantage d’explications sur l’attaque d’Aguelhok du 20 janvier et les ripostes. « C’est vraiment une bataille où nous avons infligé une défaite tactique à l’adversaire, repousser ces ennemis qui ont été défaits, pourchassés ».

« Dans la première phase surprise, 150 adversaires, sur 15 à 25 pick-up, sont arrivés. Ils ont coupé les moyens civils de communications et ont attaqué simultanément trois de nos postes d’Aguelhok, à l’est et les sorties nord et sud », a dit le général Cottereau.

« Ils ont utilisé un véhicule suicide. Nous avons vite réagi en lançant trois contre-offensive. (La force française) Barkhane a déployé une patrouille de mirage 2000 (des avions de chasse) mais également des hélicoptères. C’est une vraie bataille et nous avons déjoué le plan de l’ennemi à qui nous avons infligé des pertes », a t-il poursuivi. Les dix corps des Casques bleus tchadiens ont ensuite été embarqués dans un avion, à destination du Tchad.

Déployée en 2013, après que le nord du Mali est tombé sous la coupe de jihadistes liés à Al-Qaïda, la Minusma compte près de 14.000 militaires et policiers.

Elle est la plus coûteuse en vies humaines des actuelles opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec près de 180 morts, dont plus d’une centaine dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des Casques bleus tués dans le monde depuis cinq ans. L’attaque du 20 janvier est la plus meurtrière pour l’ONU dans ce pays, toujours en proie à la menace jihadiste malgré plusieurs années d’intervention internationale. Les Casques bleus tchadiens ont payé un lourd tribut : cinq morts dans l’explosion d’une mine près d’Aguelhok en septembre 2014, puis cinq autres au cours d’une embuscade au nord de cette ville, en mai 2016.

En avril dernier, des tirs sur le camp d’Aguelhok avaient également coûté la vie à deux Casques bleus tchadiens et en avaient blessé plusieurs autres.

Tchadanthropus-tribune avec RFI & AFP.

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