Il y a trois mois, le 20 octobre, une manifestation de l’opposition, interdite par les autorités, était violemment réprimée. Le soir même, le pouvoir de transition autorités annonçaient un bilan de « 50 morts et près de 300 blessés ». Le principal opposant Succès Masra, qui est en exil depuis, évoquait un bilan beaucoup plus important : près de 200 morts. Depuis, alors que différentes commissions d’enquête, internationale et locale, sont en cours, le pouvoir et l’opposition se renvoient la responsabilité des évènements.

 

Au soir du 20 octobre, Saleh Kebzabo évoquait : « la soif de pouvoir de Succès Masra », origine selon le Premier ministre de cette tentative d’insurrection populaire armée ». Parti depuis en exil, Succès Masra estime que les autorités de transition ne sont plus légitimes. « Ils ont perdu leur âme en massacrant massivement les gens. Il y a que les Nations unies qui en dernier ressort peut s’impliquer pour un accord post-crise, qui permette de revenir sur les engagements que la junte n’a pas respectés. »

 

Ministre de la Réconciliation, Abderaman Koulamallah considère au contraire que l’État n’a rien à cacher et que les autorités n’ont aucune responsabilité dans les violences du 20 octobre. « Je n’ai pas à commenter les élucubrations de quelqu’un qui n’a absolument rien à dire sur ces événements qui restent des événements douloureux. Mais dont la responsabilité du gouvernement n’est absolument pas engagée. »

La commission d’enquête mise en cause

En novembre dernier, les autorités ont accepté la mise en place d’une commission d’enquête internationale. Commission chapeautée par la Commission économique des États d’Afrique centrale et le pouvoir de transition. Pour le ministre de la Réconciliation, cette commission qui poursuit ses travaux est une bonne initiative. « Cette commission a fait du bon travail, elle a reçu tout le monde. Nous attendons impatiemment ses conclusions et nous sommes absolument sereins de la suite de ces conclusions. »

 

Nombre de diplomates en poste à Ndjamena s’interrogent sur la volonté de cette commission d’aboutir. Dès novembre, Succès Masra, le président du parti des Transformateurs qui avait appelé à manifester malgré l’interdiction, a demandé à l’avocat français Maître Vincent Brengarth de faire un signalement au niveau de la CPI.

 

« Pour des faits susceptibles de revêtir la qualification de crime contre l’humanité. À partir du moment où nous atteignons cette intensité de preuves, on ne voit véritablement pas les raisons pour lesquelles la Cour internationale pourrait refuser de diligenter une enquête au regard de la gravité des faits. »

 

La Commission d’enquête internationale n’a donné aucune date pour présenter son bilan. La CPI n’a pas encore répondu aux avocats de Succès Masra. Critique avec les autorités comme avec l’opposition, Mahamat Nour Ibedou, président de la commission des droits de l’homme, estime que les deux parties ont leur part de responsabilité. « Nous ne travaillons que sur ce que nous avons réussi à confirmer, parce que le gouvernement a tendance à minimiser, et de l’autre côté, on a tendance à maximiser, vous savez. »

 

La commission de droits de l’homme annonce d’ailleurs la publication d’un rapport sur les évènements du 20 octobre d’ici à 15 jours.

Le Tchadanthropus-tribune avec Rfi

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