À l’issue d’un procès de masse à huis clos, la justice a prononcé des peines de deux à trois ans de prison ferme pour 262 des manifestants arrêtés lors des rassemblements meurtriers d’octobre dernier.

C’est en plein désert, dans la prison de haute sécurité de Koro Toro, à 600 km au nord-est de la capitale, qu’un tribunal a rendu son verdict : deux à trois ans de prison ferme pour 262 personnes arrêtées lors de la manifestation dont la répression a fait des dizaines de morts fin octobre. Quelque 80 autres sur les 401 personnes jugées lors de ce procès tenu à huis clos, sans avocats ni médias indépendants, ont écopé de un à deux ans d’emprisonnement avec sursis, et 59 ont été relaxées, a précisé à la presse, le lundi 5 décembre, le procureur de la République de N’Djamena, Moussa Wade Djibrine.

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Le procès a duré quatre jours et s’est achevé le vendredi 2 décembre, mais le procureur n’a rendu public le jugement que trois jours plus tard, à son retour dans la capitale.

Le 20 octobre dernier, une cinquantaine de personnes ont péri, essentiellement à N’Djamena, quand les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur les manifestants. Ceux-ci répondaient à l’appel de l’opposition contre la prolongation de deux ans au pouvoir du général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé chef de l’État le 20 avril 2021 à l’annonce de la mort de son père, le président Idriss Déby Itno, tué au front.

C’EST UNE PROCÉDURE DE DÉPAYSEMENT « ILLÉGALE » SELON LES AVOCATS, QUI ONT DÉCIDÉ DE NE PAS SE RENDRE AU PROCÈS

Les autorités avaient reconnu l’arrestation de 601 personnes – dont 83 mineurs – pour la seule ville de N’Djamena et annoncé leur transfert dans la prison de haute sécurité de Koro Toro, les accusant d’avoir voulu mener une « insurrection » et une tentative de « coup d’État ». Les manifestants condamnés ce vendredi ont été reconnus coupables notamment « d’attroupement non autorisé, destruction de biens, incendie volontaire, violence et voies de faits et trouble à l’ordre public », selon le procureur.

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Ce procès s’est déroulé dans le bagne de Koro Toro, et il s’agit d’une procédure de dépaysement « illégale », selon les avocats des accusés, qui avaient décidé de ne pas s’y rendre. Amnesty International avait pour sa part dénoncé « un procès à huis clos qui soulève de sérieuses inquiétudes concernant le respect du droit à un procès équitable […] du droit de préparer sa défense […] du droit à un procès public […] et du droit à l’information » du public.

L’ordre des avocats en grève

L’ordre des avocats s’était mis en grève sur tocut le territoire avant l’ouverture et pour la durée du procès, dénonçant l’ »arbitraire et l’injustice » d’une « parodie de procès ». Il a annoncé une reprise des plaidoiries à partir de mardi. Sur les quelque 600 personnes arrêtées pendant et après la manifestation à N’Djamena, les cas de plus de 200 sont encore sous le coup d’une enquête menée par des juges d’instruction, a précisé le procureur.

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Après les manifestations, l’opposition – dont les principaux leaders sont aujourd’hui cachés ou en exil –, des ONG locales et internationales ainsi qu’une partie de la communauté internationale – Union européenne (UE) et Union africaine (UA) en tête – avaient condamné un recours excessif à la violence « contre les civils ». Ce lundi, le gouvernement a annoncé la levée de l’état d’urgence décrété à dans la capitale et plusieurs villes du pays au soir du 20 octobre.

(avec AFP)

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