Que cela soit dit… plus rien ne sera pareil et la peur a radicalement changé de camp.

 

La marche de ce 25 janvier 2018 est à mettre sur le crédit d’un homme – Mahamat Nour Ibedou – qui a compris la portée de se distinguer des autres en maintenant cette marche qui faisait peur aux autorités de la dictature. Jamais, au grand jamais, le régime du dictateur Idriss Déby n’a pas été poussé ainsi dans ses retranchements. Mahamat Nour Ibedou est un homme courageux, et le peuple tchadien saura compter avec lui.

 

Mercredi dernier au soir, le réseau internet fut coupé avec la complicité des opérateurs téléphoniques (Tigô et Airtel). Les manèges du régime Déby avaient commencé par l’infiltration des policiers en civil parmi les organisateurs de la marche. Mais ce qui échappa à l’équipe de Taher Erda (DG de la police), ce qu’aucun des leaders de la société civile n’avait envisagé de passé la nuit à son domicile. Cela n’a pas permis aux sbires de Déby de mettre la main sur les têtes de la marche.

 

La police, les gendarmes et la garde nationale furent déployés dès 3 h 30 au petit matin sur les points névralgiques de la capitale N’Djamena. Les points désignés comme point de départ des manifestants furent aussi investis. Tout cela n’avait pas découragé la colère du peuple qui a décidé de faire entendre sa voix. Manifester est un droit inscrit dans la constitution du Tchad. Et cette marche est estampée de marche pacifique.

 

En milieu de matinée, malgré l’interdiction de manifester par le gouvernement de Déby et Pahimi, beaucoup de personnes sont sorties pour exprimer le ras-le-bol collectif sur la cherté de vie. Les forces de police n’ont pas pu arriver à bout du peuple. De Walia, Chagoua, Moursal (rond point Hammam), la jeunesse défie les forces de la dictature. 3 membres de la CTDDH (Abdelbassit, Mahamat Ali Acyl, et Ahmat Hassaballah) furent arrêtés dont l’un d’entre eux a été relâché plus tard. D’autres citoyens ordinaires furent aussi interpelés et ramenés au commissariat central, le nombre n’est pas connu à l’instant. Le président du collectif contre la vie chère (CTCV), Versinis a été aussi arrêté avant d’être relâcher. Matraques, Gaz lacrymogènes, chicotte à la cordelette ont fusé sur certains manifestants en course poursuite.

 

Les journalistes ont aussi eu leurs lots de brutalité. Des hommes en armes ont bousculé un correspondant de l’AFP et notre confrère du journal en ligne Alwihda Djimet Wiché, au niveau du rond-point Gazelle. Il a été trainé sur une centaine de mètres par 3 policiers. Il a fallu qu’un officier de police s’aperçoive de sa carte de presse pour ordonner son relâchement. Son appareil photo et son téléphone portable lui ont été restitués.

 

Selon un correspondant sur place, plus d’une centaine de manifestants ont pu faire passer le message sur la cherté de la vie. Ils ont été dispersés à coup de grenades lacrymogènes par la police en milieu d’après-midi. La situation serait revenue au calme au soir dans la capitale.

 

Il faut rappeler aussi que mercredi soir vers 20 h, en France, les patriotes de la diaspora ont accordé une conférence de presse en solidarité avec les marcheurs au Tchad. Ils ont animé la conférence en dénonçant la dictature au Tchad, les dénis de droits de l’homme et la mauvaise gouvernance.

 

Que faut-il retenir de cette journée?

Le message est passé 5/5, et la peur a changé de camp. Les tchadiens l’ont bien compris qu’ils sont tous solidaires, ils peuvent soulever des montagnes. Les gens n’auront plus peur d’aller revendiquer leurs droits dans la rue, et le pouvoir a peur de tirer ne serait-ce qu’une seule balle réelle sur un citoyen réclamant ses droits. Comme Amnesty internationale, l’opinion internationale tancera encore plus ce régime honni par les tchadiens.

 

Pendant cette manifestation, plusieurs de nos compatriotes ont pu faire passer des messages à travers les radios et les télévisions internationales. La cherté de vie, la dictature et la mauvaise gouvernance du régime Idriss Déby ont été égrenées partout.

 

Le peuple tchadien doit savoir exiger ses droits. Le droit à la libre expression, le droit à une vie décente, le droit à la bonne gouvernance, le droit à un état de droit, le droit à la justice, le droit à l’exigence du respect et du vivre ensemble. Sans cela rien ne se mettra sur les rails.

 

Ecouter l’avis des citoyens à N’Djamena – Reportage de RFI

Tchadanthropus-tribune.

 

     

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