Les faits ont eu lieu le 23 décembre 2020.

Après le directeur de la dette et le Trésorier payeur général (TPG), les enquêteurs de l’IGE (Inspection générale d’État) ont convoqué le ministre des Finances pour l’écouter sur le paiement de la dette intérieure sur instruction d’Idriss Déby.

L’IGE accuse le ministre des Finances que certains dossiers sont fictifs, et que plusieurs factures avaient été payées par DAO (dépenses avant ordonnancement), sans aucun respect des procédures. Il faut d’abord régler les factures et procéder aux contrôles après.

Il faut dire sincèrement que bien avant la rédaction a été assaillie par une correspondance à charge contre le ministre, mais que nous avions d’abord voulu mener notre propre investigation avant toute publication, et croyez-nous qu’il y a des affirmations qui ressemblent beaucoup à un règlement de compte qu’au lieu d’illustrer la vérité.

Avant toute conclusion de l’audition et de l’enquête sur la mission au ministère des Finances, l’IGE a fait fuiter l’information qu’il y a de fausses factures, et que la magouille était en place. Chose dérisoire qui fausse assez souvent même quand un travail est bien fait par ses inspecteurs.

L’IGE reproche au ministre d’avoir payé des factures des marchés fictifs, non exécutés ou surfacturés. Il y a des documents sans procès-verbal de réception, des procès-verbaux de réception signés sans les noms des membres de la Commission de réception, soit des marchés surfacturés, soit des montants des engagements non conformes aux montants prévus sur la facture ou les marchés, soit encore un montant des décomptes certifiés des marchés non conformes des marchés au montant engagé par la direction de la dette publique. Il y a certains marchés qui ne sont pas enregistrés à la direction des domaines, et beaucoup de dossiers sont sans pièces justificatives et donc classées comme fictifs.

L’IGE fait constater que courant l’année 2020, le contrôleur financier n’a pu consulter que 31 dossiers de la dette publique mis à sa disposition et seulement 4 de ces dossiers seraient potables.

  • Comptablement parlant sur un total de 5 075 533 401 de francs CFA, le montant des engagements sans procès-verbal ou des procès-verbaux non conformes est de 2 172 385 514 franc CFA.
  • Les marchés non enregistrés au domaine sont de 1 470 710 600 francs CFA.
  • Les marchés sous-évalués sont de plus de 300 millions de francs CFA et ceux sans pièces justificatives sont de 587 525 559 francs FCFA.
  • Les dossiers authentiques : 497 099 573 francs FCFA.

Un ancien directeur du ministère des Finances affirme « que les dossiers étaient d’abord rejetés par le contrôleur financier avant d’être engagés autrement. Et quand les factures sont payées par DAO, ce n’est plus la responsabilité des exécutants, mais celle du premier responsable qui paie. Il peut être poursuivi pour complicité de détournement ».

L’IGE reconnait aussi qu’il aurait des contrats non signés par le ministre Taher Hamid Nguilin qui se trouveraient à la dette publique… Qui les a mis là ? Va savoir…

Après l’instruction de l’exécutif, le ministre avait demandé le recrutement d’un cabinet d’audit pour savoir le volume et faire un recensement sérieux. Pour éponger la dette dans son ensemble et relancer le secteur économique comme l’avait instruit Idriss Déby, le ministère des Finances a procédé à travers la convention avec les 9 banques de la place, contracter le remplacement de la dette. En somme la dette n’est pas encore épongée. Les 30 milliards décaissés en DAO remplacent simplement la dette pratique qui y avait. Un simple jeu d’écriture qui permet aux banques de payer les fournisseurs. Chaque banque avait payé son client qui avait une ardoise établie au sein même de ladite banque.

D’ailleurs Tahir Hamid Nguilin l’explique très bien « les banques ont présenté des dépenses, les services ont contrôlé et marqué leur accord après quoi il a été accepté que les banques les paient et que l’État rembourse sur 9 ans à partir de 2021. Le trésor ne déboursant pas 1 franc d’ici là », informe-t-il.

Ce qu’il faut prendre en compte, et qui assez souvent cause un hic dans l’administration tchadienne est l’instruction faite par l’exécutif, assez souvent pour exécuter une ordonnance. Il est bien évident que le cas affirmé ne suit aucune procédure conforme, mais qui se rétablit après fait, quand le contrôle passe. Assez souvent quand le département contrôlé est sous audit ou face à des inspecteurs de contrôle, il faudrait y astreindre l’aspect circonstance particulière, attendre d’abord le facteur qui y témoigne avant d’accuser directement de détournement.

Il faut noter aussi qu’au ministère des Finances il y a eu beaucoup de changements. Les faussaires des marchés qui gravitaient autour du trésor public, ou encore ceux qui faisaient de la direction TPG une espèce d’anti-chambre sont tous éjectés. Cette salubrité n’a pas fait plaisir à plusieurs individus qui magouillent dans ce secteur et qui crient aujourd’hui aux loups.

Dans cette affaire certaines crapules ont obtenu 75 % de leur financement de marché alors qu’ils n’ont rien foutu. Ils n’ont pas honte d’exercer des pressions pour y être payés à 100 %. Quand le ministre bloque, il devient l’ennemi numéro 1. Voilà une des mentalités gavroches de ce monde.

Qui dit qu’il n’y a pas d’urgence pour payer la dette intérieure ?

L’IGE oublie que Idriss Déby ordonne de faire, personne ne peut dire non, ensuite quand des lobbys de commerçants au sein même du MPS font un pressing de tous les temps, rien ne peut attendre.

Il faut le dire aussi, qu’il y a un lobby qui cherche absolument la tête du ministre des Finances, et qui fait de cet audit l’occasion de descendre le ministre des Finances. Il devient malgré lui la victime qu’il faut lyncher pour l’éjecter au prochain remaniement. 

Affaire à suivre. 

Tchadanthropus-tribune

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