Les Etats utilisent des symboles à l’usage des entités publiques qui incarnent leurs autorités et ces symboles sont parfois plus expressifs que les mots. Pour qu’un symbole justifie sa raison d’être, il ne dépendrait pas d’une explication quelconque,  sinon il n’est guère un symbole. Partant de ce là, le message ainsi  convoyé  par un symbole est censé être évident à première vue. Ainsi les savants ont-ils choisi la balance pour symboliser la justice et l’équité, et le glaive comme symbole de puissance. Dans le même ordre d’idée l’Etat tchadien dans sa sagesse, comme d’ailleurs plusieurs pays de par le monde, utilise la balance  comme étant symbole de son système judiciaire et l’armoirie  symbolisant son autorité.
 

Aussi faut-il rappeler que les symboles choisis par l’Etat sont définis dans tous leurs aspects : les dimensions sont fixées au millimètre près, les couleurs sont fixées au pixel près, les formes sont fixées à la particule près, etc., bref rien n’est laissé au hasard ou à l’interprétation de qui que ce soit ou à l’expression du sentiment idéologique d’un obscurantiste.

 

Mais hélas, la génération des bâtiments des tribunaux de première instance, dernièrement construits dans les provinces, ne répondent pas aux critères en la matière, parce qu’à première vue, la seule chose qui vient à l’esprit c’est l’image d’un édifice ecclésiastique. C’est simplement une église, tant du point de vue stylistique que du point de vue symbolique.  Le symbole présenté comme une balance n’est, à vrai dire, qu’une croix artistiquement confectionnée. Le positionnement même des bâtiments est emprunté aux églises : Orienté est-ouest et la largeur du bâtiment donne sur la rue, positions réservées à le portique à l’ouest et l’excède à l’est, et perron sur l’aile ouest du bâtiment.  

                                                                                      

La balance qui est considérée comme le symbole de la justice, utilisée par des nombreux  pays dans le monde, n’est pas n’importe quelle balance parmi les balances (le Trébuchet, la balance romaine, la balance de Roberval, la balance de ménage, la balance commerciale, etc, ou même le peson, par exemple) mais surtout la balance dite à fléau, comme celle-ci.

                                                         

Sauf existence d’un acte statutaire pris par les autorités compétentes de la République, dans le passé récent, les dimensions régaliennes des bâtiments de justice ne sont pas respectées dans la conception et la construction des bâtiments des tribunaux de première instance nouvellement construits dans les provinces, et je ne suis pas convaincu que ce soit l’expression du fantaisisme d’un banal entrepreneur. Je reste convaincu que c’est un acte posé en connaissance de cause, par un agent de l’Etat, épris de tricheries confessionnelles. 

 

Le fait que la conception des symboles d’un Etat ou d’une entité soit influencée par la confession prédominante de cet état ou entité, n’est pas une mauvaise chose en soi ou une aberration quelconque. En Grande Bretagne, par exemple, dans tous leurs symboles : l’armoiries (the Coat of Arm) le drapeau (the Union Jack), ou même dans les logos des universités et des clubs de football, on observe la dominance criante de la croix. La Grande Bretagne étant un état chrétien et que la loi même de chaque pays n’étant pas un corpus des règles prescrites pour la société mais plutôt la codification des meurs et normes de cette société, il est tout à fait normal, donc, que la croix soit omniprésente dans la conception des symboles dans ce pays et que leurs symboles incarnent leur confession-le christianisme. Mais au Tchad, pays laïc par excellence -laïcité à la tchadienne, bien entendu, mais non pas à la française, bien sûr- où l’Etat n’est pas confessionnel, mais il soutient  les citoyens dans l’expression de leurs orientations religieuses dans les domaines de ses compétences, le symbole de l’Etat ne doit pas être inspiré de la confession d’une partie de ses citoyens.

 

Pour finir, ceux ou celui qui a conçu la forme actuelle des bâtiments des tribunaux de première instance dans les provinces du Tchad doivent expliquer aux Tchadiens, comment on est arrivé à cela .Faute d’explication convaincante, les autorités compétentes sont, par la présente, interpellées  pour diligenter une enquête poussée afin d’établir la responsabilité dans cette affaire et que des sanctions correctionnelles soient prises à l’encontre des auteurs de cet acte qui, à mon avis, porte atteinte à la Sécurité de l’Etat,  pour que d’autres tricheurs ne soient pas tentés par leur zèle confessionnelle de faire de même, et que cette anomalie soit immédiatement rectifiée. Car, il va de soi que, la religion est un sujet extra sensible et cet acte subtil, en apparence, mais grave dans son fond, pourrait déboucher sur un conflit sectaire.


 

Al-Amine M.A.Seid

elkanemi2@hotmail.com

 

 

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