De diverses sources qui entourent la mairie de N’Djamena et ses municipalités, la tension est à son comble. Déjà le Tchad est dans une crise sans précédent, et la moindre perception de recette ameute les vautours. Le régime Déby a habitué les cadres à détourner, voler sans aucune impunité, alors chacun s’en donne à cœur joie. Le problème qui perdure actuellement à la mairie existe pratiquement dans toutes les régies de recettes du pays. Le plus fort piétine le plus faible et la vie continue.

Si les faits à la mairie sont exactement comme ce qui a été narré, Mr Djibert avait raison de suspendre le maire pour exiger un audit. Mais assez souvent il faut faire attention aux règlements de compte, choses assez courantes dans le système Déby.

Selon une missive qui circule dans les réseaux sociaux, il est reproché des faits très graves au maire actuel.

Dans une lettre qu’ils auraient adressée en date du 21 juin 2019 au délégué du gouvernement, ils invoquent plusieurs motifs. Parmi lesquels, la mauvaise gestion des ressources humaines et financières de la commune, le clientélisme, les détournements de fonds, etc. Le journal La Voix a retranscrit, in extenso, la lettre pour vous.

Lisez :

Les Conseillers municipaux de la Ville de N’Djamena

A

Monsieur le Délégué général du Gouvernement auprès de la Commune de la Ville de N’Djamena

Objet : Retrait de la confiance au Maire de la Ville de N’Djamena

Monsieur le Délégué général,

Nous, Conseillers municipaux de la Ville de N’Djamena, venons par la présente porter à votre connaissance les dérives du Maire de la Ville de N’Djamena, qui nous conduisent à vous relater quelques faits relatifs à la mauvaise gestion des ressources de celle-ci par le Maire SALEH ABDEL – AZIZ DAMANE.

En effet, Monsieur le Délégué général, la Commune de la Ville de N’Djamena est régie par les textes tels que la loi organique n° 009/PR/2005 portant statut particulier de la Ville de N’Djamena et le décret n° 421/PR/2014 portant répartition des ressources financières entre la Commune de la Ville de N’Djamena et les Communes d’arrondissement pour ne citer que ceux-là.

Aussi, il est à relever que grande fut la surprise des Conseillers quand le Maire les narguait en disant qu’il n’a pas à faire à des Conseillers, ni les textes, il est imposé par la haute hiérarchie.

En outre, pour une bonne lecture, les Conseillers ont bien voulu vous relater en deux (02) grands points ce qui suit :

1- La gestion financière

➡ Le Maire actuel utilise une caisse d’avance de 30 000 000 F CFA gérée par un régisseur suspendu par l’Inspection générale d’État pour faux diplôme alors même que les ministres ne disposent pas de caisse d’avance de cette hauteur. Cela est contraire aux textes régissant les finances publiques et locales ;

➡ Le Maire s’est octroyé 25 000 000 de présents officiels pour une mission lors de voyage en Chine, hormis les frais de mission. Ce qui est contraire aux règles, les textes ne prévoient que 5000 000 FCFA ;

➡ Le Maire a contracté une dette de 200 000 000 FCFA auprès de la Banque Commerciale du Chari (BCC) sans l’avis du Conseil Municipal et de l’autorité de tutelle. Ce prêt a fait déjà fait engendrer des agios de presque 50 000 000 FCFA ;

➡ Il prélève 5 000 000 F CFA pour la journée de salubrité alors que ces prédécesseurs ne dépensaient que 300 000 FCFA ;

➡ La non-bancarisation des recettes, les ressources sont gérées directement à la caisse à l’insu du receveur, du Directeur financier et du Secrétaire général. Ce qui a conduit à la démission du Secrétaire général, à la relève du Directeur financier et à la tentative de relève du Comptable public (Receveur) ;

➡ Le Maire refuse délibérément d’appliquer les termes du décret n° 421 qui fixe la répartition des ressources financières entre la Commune de la ville de N’Djamena et les Communes d’arrondissement. Ce qui entrave le bon fonctionnement de ces communes ;

2- La gestion administrative

➡ L’Inspection générale d’État a proposé le licenciement de plus de 457 agents communaux en vue de réduire la masse salariale alors que le Maire actuel continue de recruter en parallèle…

➡ Le Maire actuel refuse de congédier les régisseurs de recettes coupables des détournements des fonds publics, à titre illustratif, on peut citer, entre autres : Ali Abakar Adjid, Issa Issakha, Mahamat Djegoutga ;

➡ La création d’un nouveau service sans l’avis du Conseil Municipal et de l’autorité de tutelle, sachant pertinemment que l’organisation administrative fait toujours l’objet de délibération du Conseil ;

➡ Le refus de payer les agents licenciés alors qu’il a payé plus de 2 000 000 000 aux fournisseurs selon la réunion tenue autour de votre prédécesseur en présence de 10 Maires d’arrondissement et du 1er Adjoint au Maire de la Ville de N’Djamena (Oumar Boukar)

➡ La nomination d’Oumar Mamar Mahamat comme Directeur du marché central alors qu’il est dégagé de l’effectif du personnel communal par le Conseil de discipline. Il a été réhabilité avec rétroactif de six (6) mois.

➡ Le Secrétaire général de la Commune de N’Djamena a démissionné pour avoir refusé de régulariser des dépenses irrégulières ;

➡ Le Directeur financier a démissionné du fait qu’il a refusé d’engager et de mandater des dépenses fictives ;

➡ Le refus de payer la part des ressources financières qui revient de droit aux 10 communes suivant les textes en vigueur ;

➡ L’Inspecteur des Services municipaux a démissionné du fait que le Maire refuse d’appliquer les recommandations du rapport de contrôle ;

➡ Le refus d’appliquer les instructions du Chef de l’État en s’octroyant des missions coûteuses sans aucun rendement bénéfique pour notre cité ;

NB : Nous tenons à vous informer que les curages des caniveaux sont très mal faits et attribués à des entreprises inexpérimentées. De ce fait, nous demandons d’étudier toutes les possibilités nécessaires pour sauver la ville des éventuelles inondations.

L’article 5 du décret n° 1645/PR/PM/MATD/2012 fixant les attributions et modalités de désignation du Secrétaire général dispose que le Secrétaire général et son adjoint sont nommés après avis conforme du Conseil Municipal. Mais le Maire est passé outre cette disposition en nommant les secrétaires généraux de la commune sans l’aval de l’organe délibérant qui est le Conseil Municipal.

Menant acte de la suspension du Maire de la Ville de N’Djamena par arrêté n° 030/PR/MATSPGL/DGGCNDJ/SG/2019 du 24/06/2019 du Délégué général du Gouvernement auprès de la Commune de la Ville de N’Djamena ;

De tout ce qui précède et au regard de l’article 55 de la loi organique n° 002/PR/2000 portant statut des collectivités territoriales décentralisées, nous sollicitons ce qui suit :

Nous demandons au Délégué général du Gouvernement auprès de la Commune de la Ville de N’Djamena de convoquer une session extraordinaire conformément à l’article précité pour statuer sur la désignation du nouveau Maire de la Ville de N’Djamena.

Nous vous saurions gré des dispositions indispensables que vous voudriez prendre à cet effet pour le bien-être de nos concitoyens.

Faits à N’Djamena, le 21 juin 2019

Les Conseillers

Tchadanthropus-tribune

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