N’DJAMENA (Xinhua) – Menacée par l’érosion provoquée par les eaux des fleuves Chari et Logone, N’Djaména, la capitale tchadienne, a adopté la semaine dernière un plan d’actions pour conforter et aménager les berges et garantir son développement durable.
Inspirée par l’Agenda 21, un plan d’action pour le 21ème siècle adopté par 173 chefs d’Etat lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, "la mairie de N’Djaména a décidé de se doter d’un tel document afin de garantir le développement durable de son territoire", déclare Yaya Djouda Mahamat, directeur de la Coopération et de l’action durable à la mairie de N’Djaména.
Avec ses 40 chapitres, l’Agenda 21 adopté en 1992 décrit les secteurs où le développement durable doit s’appliquer dans le cadre des collectivités territoriales. En l’Agenda 21 de la ville de N’Djaména, financé par l’Agence française de développement (AFD), s’oriente sur cinq thématiques: protection et valorisation des berges, aménagement d’espaces de détente et de sport, lutte contre la pollution des sols et des eaux, promotion des mobilités douces et atténuation des changements climatiques.
Après chaque hivernage, N’Djaména se voit amputer d’une partie de ses terres par deux fleuves qui s’y rencontrent pour se jeter au Lac Tchad, élargissant ainsi leurs berges. A l’exception du Palais rose, siège de la Présidence de la République, les immeubles situés le long du fleuve Chari sont ainsi menacés de disparition.
"Il y a deux ou trois décennies, le fleuve n’était pas si large. Un pêcheur d’ici pouvait communiquer avec quelqu’un de l’autre côté du fleuve, au Cameroun", se souvient Soussia Haroun, un pêcheur lamyfortain (NDLR: ancien nom de N’Djaména jusqu’en 1976).
En 2001, le vieux pont de Chagoua sur le Chari allait être coupé de la ville et isolé au milieu du fleuve Chari, n’eût été l’intervention d’une société des BTP française. Des grosses pierres ont été déposées au pied du pont à l’entrée et à la sortie de la ville pour arrêter l’érosion qui a dégagé la terre compactée.
Sur l’avenue Açyl Akhabach, qui relie le reste de la capitale à la zone industrielle de Farcha, au niveau du camp militaire appelé "Camp de 27", la berge est à moins de 10 mètres. Un minibus servant au transport en commun a terminé, en novembre dernier, sa course au fleuve.
"Les berges des fleuves Chari et Logone sont des éléments essentiels de N’Djaména. Pendant les périodes de hautes eaux, elles jouent un rôle protecteur en préservant d’importants quartiers et secteurs d’activités des crues. Pendant les périodes de basses eaux, elles se transforment en vastes périmètres de maraîchage", explique N’Diékhor Yémadji, urbaniste et enseignant à l’Université de N’ Djaména.
Soumises à différentes formes d’érosion, ces berges ne jouent plus pleinement leurs fonctions protectrices, remarque-t-il.
En plus, aucun aménagement n’a été fait pour permettre aux citadins de profiter de ces deux fleuves, tels que les points de vue ou des balades en corniche, ajoute l’urbaniste.
Ainsi, à travers son Agenda 21, la municipalité de N’Djaména propose des actions visant à conforter les berges pour pérenniser leur fonction protectrice et aménager certains secteurs des berges pour en faveur pour en faire des espaces de ballade et de détente.
"Sept exutoires seront aménagés, ainsi que des sections de la berge à trois autres endroits", précise M. le directeur de la Coopération et de l’action durable à la mairie de N’ Djaména, "les deux corniches de Farcha et Sabangali seront également aménagées".
"L’ambition portée par l’Agenda 21 est de formaliser l’affectation des sites les plus intéressants et de procéder à leur aménagement. L’offre en espaces récréatifs de proximité, notamment pour les plus jeunes, en sera durablement augmentée", promet Yaya Djouda Mahamat.
Plus précisément, des parcs publics et jardins municipaux seront aménagés, ainsi que des plateaux sportifs dans les cours des lycées et des boulodromes dans quatre quartiers.
En ce qui concerne la lutte contre la pollution des sols et eaux, la municipalité envisage de construire une buanderie publique pilote, et de blocs sanitaires publics au niveau des bâtiments municipaux, équipements marchands et écoles primaires communales. Elle compte aussi aménager une station de traitement des boues de vidange, moderniser des aires d’abattage et décentraliser le traitement des déchets biomédicaux de la ville. 
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