Ray’s Kim EDM, de son vrai nom Djasrabé Kimassoum Yilmian, artiste musicien, rappeur et slameur tchadien, s’est éteint ce mardi 7 octobre 2025, des suites de maladie.

 

Né le 25 juin 1989 à N’Djaména, il laisse derrière lui une empreinte artistique et sociale profonde, forgée par deux décennies d’engagement pour la musique et la jeunesse tchadienne.

 

Un parcours enraciné dans la diversité du Tchad

 

Né dans la capitale, Ray’s Kim EDM a grandi au rythme des affectations professionnelles de ses parents, séjournant successivement à Gounou-Gaya, Kélo, Djodo Gassa, Biltine et Bol.

 

Après le décès de son père en 1996, sa famille s’installe définitivement à N’Djaména, où le jeune Djasrabé découvre sa passion pour l’écriture et la musique.

 

C’est dès 1999 qu’il écrit ses premiers textes. En 2000, il cofonde avec des amis le groupe Jeunes Rayons Solaires (JRS), une aventure artistique prometteuse mais écourtée par le départ de plusieurs membres à l’étranger. Après plusieurs collaborations infructueuses, Ray’s Kim choisit la voie solo en 2006, déterminé à donner une identité propre à sa musique.

 

L’architecte du Bunda Hip-Hop

 

En 2009, il se fait remarquer en tant que finaliste du festival Gabao Hip-Hop de Libreville. L’année suivante, il sort son premier album, »Le Bilan », composé de huit titres. Il y dénonce notamment la mauvaise gouvernance et la prédation des biens publics. Sa carrière prend un tournant majeur en 2012, lorsqu’il rencontre Mawndoé, figure emblématique de la musique tchadienne. Ensemble, ils conçoivent le titre Bunda Hip-Hop, extrait de l’album Kydanc, une œuvre qui scelle la naissance d’un style unique mêlant rap et langue bunda.

 

 

Dès lors, Ray’s Kim EDM devient le porte-étendard de ce mouvement musical, faisant du bunda hip-hop le symbole d’une identité culturelle assumée et moderne. En 2016, il consolide son succès avec l’album Bunda Phénomène, avant de multiplier les singles et collaborations.

 

Un artiste engagé et une voix politique

 

Artiste de conviction, Ray’s Kim EDM n’a jamais dissocié son art de ses engagements sociaux et politiques. En 2024, il est nommé conseiller national de transition du Tchad, alors qu’il était porte-parole du parti Les Transformateurs. Ses chansons, comme »Baba » et »On est fâchés », sorties en 2025, abordent sans détour la pauvreté, le chômage des jeunes diplômés et les difficultés économiques du pays.

 

Son dernier grand projet musical, »C’est le peuple », devait marquer son retour sur la scène avec un concert événement prévu le 29 mars 2025 à N’Djamena. Ce rendez-vous symbolisait son renouveau artistique et sa fidélité à une musique au service des causes sociales.

 

Distinctions et reconnaissance

 

Au cours de sa carrière, Ray’s Kim EDM a été plusieurs fois récompensé :

 

2010 : meilleur rappeur à N’DjamVi

 

2016 : meilleur artiste de l’année aux Dari Awards et meilleur rappeur de N’DjamVi

 

2017 : nomination au Canal d’Or et distinction de meilleur rappeur à N’Djam Hip-Hop

 

2018 : meilleur rappeur selon la plateforme Valorisons la Musique Tchadienne avec Fierté (VMTF)

 

Héritage d’un pionnier

 

Ray’s Kim EDM laisse derrière lui un héritage artistique immense. Pionnier du bunda hip-hop, il aura marqué toute une génération d’artistes par son audace, sa plume et sa capacité à faire de la musique un instrument de conscience et de changement.

 

Sa disparition crée un vide dans le paysage culturel tchadien, mais son œuvre, empreinte d’authenticité et d’espoir, continuera d’inspirer les amoureux du rap et les défenseurs de la culture nationale.(Tchadinfos)

Tchadanthropus-tribune 

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