23 octobre 2017 #TCHAD #Niger : Les chefs rebelles de l’opposition armée arrêtés au Niger ne doivent pas être livrés au pouvoir Déby. (Voir documents-joints)

La voracité politique vous fait assez souvent perdre raison, sinon comment comprendre que les 03 membres de l’opposition armée peuvent être accusés de terrorisme. Dans l’obscurité, on a tendance à la confusion, mais malgré l’obscurité, ange et démon ne sont pas semblables.

 

Mahamat Hassan Boulmaye est connu des services de l’OFPRA en France, il est sous la protection des Nations unies en tant que réfugié politique en France comme l’atteste sa carte de séjour délivrée par les services compétents français. La convention de Genève est plus que claire, aucun de ces opposants ne peut être livré à N’Djamena.

 

Abderaman Issa est un cadre qui officiait au sein de l’Assemblée nationale tchadienne avant de rejoindre l’opposition armée après constat de l’aspect dictature du régime. Quoi de plus affirmer dans la démarche d’un homme, quand il décide de rejoindre une lutte par principe, en se coupant de sa famille biologique, son environnement, et son travail ? On ne choisit pas de se sacrifier par désamour de soi. Il y a toujours un mobile.

 

Adam Ahamat Yacoub est un réfugié politique établi au Caire et connu des services du HCR en Égypte, il est plus qu’autant concerné par la convention de Genève sur les principes de réfugiés. Tous ces membres de l’opposition aux arrêts ont toujours pris des positions publiques sur l’aspect dictature et déni de démocratie au Tchad.

 

Ces opposants comme en attestent leurs documents officiels voyagent librement et ne se cachent pas comme le font souvent les vulgaires terroristes.

 

Les journalistes et les ONG savent avec pertinence l’aspect public de leur posture qui n’a rien à voir avec le terrorisme et le djihadisme qu’ils combattent eux-mêmes de toutes leurs forces. Le Niger, un pays démocratique sous la conduite d’un chef d’État qui a toujours prôné la justice et la démocratie, ne doit jamais commettre l’irréparable, à savoir extrader ces hommes de principes vers le Tchad où leur vie sera en danger de mort. Le président nigérien doit se souvenir encore que quand il était sur le banc de l’opposition, son homologue Ibrahim Baré Maïnassara avait livré des opposants au même pouvoir dans les années 90, et qui les a tous assassinés sans aucune forme de procès. Le Tchad, dans sa lubie de vouloir éteindre toute voix discordante dénonçant les dénis de droits de l’homme, de démocratie, a dépêché son directeur général adjoint des renseignements de l’ANS (Police politique connue pour sa brutalité sur les citoyens) – Mr Abdelkérim Charfadine – est venu à Niamey pour officialiser la demande d’extradition du régime tchadien. Rien que le fait que ce soit un cadre de la police politique qui se déplace en lieu et place du ministre de la Justice explique en grand format ce qui attend ces 03 membres de l’opposition une fois livrés à N’Djamena. Le fait de les accuser sous la forme du terrorisme, est pour donner mains libres aux organes de renseignements afin de les torturer comme ils veulent. Ils savent qu’en les accusant sur l’aspect pénal, les services n’auront pas de manœuvres pour les mutiler.

 

Chose bonne à observer, est la réaction spontanée de toutes les organisations tchadiennes de l’opposition politico-militaire, de certaines organisations politiques démocratiques, et d’une société civile (CTDDH), dénonçant l’arrestation de ces camarades et surtout leur extradition vers le Tchad. Tout observateur s’en trouve comblée, mais pourquoi alors, cette union virtuelle ne peut faire place à une véritable plateforme contre un pouvoir au crépuscule? N’est-il pas illusoire, voir à demi hypocrite de faire corps dans un malheur et ne pas l’épouser dans les sentiments? Tout le monde est conscient que l’union fera partir la dictature, quelle qu’en soit sa nature. La seule fois où il y a eu un semblant d’union, l’opposition armée s’est trouvée à N’Djamena en 48 heures de marche, s’était un 2, 3 février 2008.

 

Les partenaires du Tchad doivent comprendre qu’en donnant un blanc-seing au régime tchadien, le légitimant sur tous les aspects, n’aident pas l’émergence d’une vraie démocratie. Depuis plusieurs années, l’Union européenne, les instances des Nations unies entre autres, en soutenant coûte que coûte le régime MPS, ont contribué à la négligence et l’émergence d’une vraie culture démocratique au Tchad. Les partis politiques et la société civile s’en trouvent lésés, négligés jusqu’à dans leurs méandres de culture. L’absence d’un vrai dialogue politique et les approches de débauchage ont contribué à éteindre toute culture de pacification classique et à baisser la tension sociale dans notre pays. Ceux qui sont obligés de prendre les armes et les opposants en exil de la diaspora n’ont pas choisi cette vie précaire par volonté propre. Ils s’y trouvent obligés de méconnaitre la densité d’injustice qui caractérise le MPS et sa culture de brutalité et d’arrogance.

 

Mieux, et au mieux dans cette affaire, est que l’exécutif nigérien prenne position au-delà de l’accord de coopération judiciaire existant entre le Tchad et le Niger. Mahamat Hassan Boulmaye, Abderaman Issa et Ahamat Adam Yacoub ne sont pas fichés au Tchad comme terroriste, raison de plus que le régime tchadien se prend à la dernière minute pour monter un dossier les accablant comme tel, ce qui résulte d’une démarche d’accusation fantaisiste et anachronique et leur faire porter le chapeau du mal du djihadisme qui taraude l’esprit de tout démocrate.

 

Mieux encore, le Niger devrait remettre ces opposants aux instances de réfugiés en les faisant partir de son territoire vers un autre pays garantissant leur sécurité physique.

 

Le hic dans l’affaire, pourquoi aucune instance internationale n’a indexé le CCMSR où autre organe politico-militaire d’organisation terroriste, il n’y a que le régime MPS seul qui sait distribuer les étiquettes et les brevets selon l’humeur du temps. Sommes-nous tous terroristes parce qu’on n’est pas d’accord avec les postures anti démocratiques de l’Etat-MPS ? Où sommes-nous des apatrides parce que l’on aime peut-être un peu trop notre cher pays et son peuple ?

 

Il faut dès à présent sortir des sentiers, de l’ombre pour dénoncer toute forme d’injustice, car si aujourd’hui certains d’entre nous fuient leurs responsabilités, demain l’histoire nous jugera…

 

Tchadanthropus-tribune

      

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