Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies doit se prononcer la semaine prochaine sur la création d’une commission d’enquête sur les exactions commises dans le conflit au Soudan. Ce projet de résolution porté par le Royaume-Uni, consulté par Africa Intelligence, renvoie dos à dos les Rapid Support Forces et l’armée soudanaise.

Les 47 États membres du Conseil des droits de l’homme des Nations unies seront appelés à se prononcer la semaine prochaine à Genève sur une résolution qui se veut décisive pour faire pression sur les belligérants soudanais.

Six mois après le début de ce conflit, qui oppose les Rapid Support Forces (RSF) de Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemeti« , à l’armée régulière (Sudanese Armed Forces, SAF) du général Abdel Fattah al-Burhan, le vote prévu lors de la 54e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (United Nations Human Rights Council, UNHRC) portera sur la création d’une commission d’enquête sur les violations des droits humains commises par les deux belligérants.

Un projet de résolution, consulté par Africa Intelligence, a été préparé par le Royaume-Uni et soumis à consultations. Ce texte de six pages est soutenu par les pays de la Troïka pour le Soudan (formée de la Norvège, du Royaume-Uni et des États-Unis) et par l’Allemagne. Ses auteurs souhaitent que la mission d’enquête soit composée de trois experts, dont le mandat initial serait d’un an.

Violences ethniques contre bombardements indiscriminés

Le projet de résolution renvoie dos à dos les deux acteurs de cette guerre. Si le texte condamne les exactions commises sur une base ethnique par les membres des RSF au Darfour, il ne manque pas non plus d’exprimer de vives inquiétudes sur les mêmes crimes perpétrés par les Sudanese Armed Forces (SAF) et les bombardements de son aviation contre des civils.

Les deux belligérants sont également épinglés pour les obstructions persistantes qui pèsent sur l’acheminement de l’aide humanitaire. Près de 25 millions de personnes en dépendent, selon les estimations des Nations unies. Sur ce point, l’administration soudanaise est, elle aussi, pointée du doigt en raison des restrictions de visas imposées aux employés des ONG et des organisations internationales.

Un vote incertain

Alors qu’il n’est pas encore finalisé, le texte fait déjà l’objet d’intenses tractations. Le ministère soudanais des affaires étrangères a fermement condamné le mercredi 4 octobre ce projet réclamé par les ONG de défense des droits humains. Le communiqué publié dans la soirée dénonce un texte biaisé et rejette le traitement sur un même plan des SAF et des RSF, qualifiées de « milice terroriste » (« terrorist militia »).

La mise en place d’une commission d’enquête demeure toutefois incertaine. En mai 2023, le UNHRC, réuni à l’occasion d’une session extraordinaire sur le Soudan, avait voté de justesse une résolution sur les effets du conflit sur les droits humains dans le pays. Plusieurs pays africains et arabes s’étaient opposés à ce texte, ouvrant ainsi la voie à la résolution prévue pour être soumise au vote la semaine prochaine. Figurent notamment parmi ces États, l’Afrique du Sud, le Sénégal, les Émirats arabes unis et le Qatar. L’Arabie saoudite, qui accueillait jusqu’à juin la médiation de Djeddah, s’oppose fermement au projet de résolution.

Africa intelligence

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