1 décembre 2020 #TCHAD #ONU #Libye : Pendant que l’ONU patine, Haftar et Sarraj se préparent à l’affrontement dans le Fezzan.

Le grand sud libyen pourrait devenir le prochain théâtre d’affrontement majeur entre les forces tripolitaines et celles de Khalifa Haftar, alors que les pourparlers s’éternisent.

La reprise (en visioconférence) le 23 novembre du Forum de dialogue politique libyen (FDPL) des Nations unies, après l’échec du round de Tunis, n’empêche pas les forces de l’ouest et de l’est libyen de se préparer à un nouvel affrontement. Et puisqu’Ankara comme Moscou considèrent l’axe Syrte-Jufra, objet du cessez-le-feu signé à Genève le 23 octobre, comme une « ligne rouge », c’est désormais le Fezzan, le grand sud du pays, qui concentre l’attention des états-majors.

Erdogan renforce son allié de Tripoli

Les forces armées turques, engagées par le président Recep Tayyip Erdogan en soutien des forces affiliées au Gouvernement d’union nationale (GUN) de Fayez Sarraj, ont renforcé depuis le début du mois leur pont aérien vers la Libye. Nouveauté : alors qu’ils desservaient jusque-là en priorité les aéroports de Mitiga (Tripoli) et Misrata, les gros-porteurs Airbus A400M se rendent de plus en plus souvent à al-Watiya, reprise en mai à l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar. Situé à 130 km au sud-ouest de Tripoli, ce gigantesque aéroport militaire offre un point d’appui indispensable à toute offensive en direction du Fezzan. Les militaires turcs ont aussi multiplié les transferts de matériels sophistiqués à l’armée de l’ouest. Dernier en date : des lance-roquettes multiples T-122, fabriqués par Roketsan. Ceux-ci ont été signalés sur le théâtre libyen dès le mois de mai, mais ils étaient jusque-là opérés par des militaires turcs.

Haftar rappelle al-Abaaj au front

Ce renforcement militaire vise à pouvoir challenger l’ANL dans le Fezzan, où Khalifa Haftar a redéployé ses forces en nombre ces derniers mois. La Brigade 128 a reçu le renfort de l’importante Brigade 116, ainsi que celle des mercenaires soudanais (Darfouriens) et des « spécialistes » russes de la société militaire privée Wagner, retirés fin octobre du croissant pétrolier. L’ANL s’attelle aussi à améliorer ses relations avec les milices locales. Le commandant de la Brigade 128, Hassan Mabrouk Zadma, est au mieux avec les forces « kadhafistes » subsistant dans le Fezzan. Mais le commandement opérationnel pour l’ensemble de la région est à nouveau assuré par Belkacem al-Abaaj, qui avait été relevé de ses fonctions quelques semaines plus tôt à la suite d’accusations de corruption. Ce dernier est membre de la tribu des Zway mais il est au mieux avec les Toubou, incontournables dans le Fezzan. De telle sorte que, d’Oubari à Sebha en passant par Mourzouk, l’ANL contrôle les principales localités de la région. Elle s’est aussi positionnée aux frontières algériennes, officiellement pour y combattre les trafics en toutes sortes…

Le joker pétrolier toujours aux mains de l’ANL

L’ANL contrôle, surtout, les principaux champs pétroliers de la région, à commencer par ceux de Sharara et El Feel. Ceux-ci constituent un « joker » de taille pour Haftar dans la poursuite des négociations de sortie de crise. Il est revenu au cœur de celles-ci depuis qu’il a su s’entendre avec le numéro deux du Conseil présidentiel tripolitain, Ahmed Miitig, pour permettre une relance de la production pétrolière. Ce rapprochement pourrait se poursuivre avec la formation d’une garde pétrolière réunifiée, placée sous la tutelle de la National Oil Corp (NOC).

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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