(…) Avant tout, à tous ces jeunes, je vous prie de me juger sur mes idées, sur ma logique et non qui je suis pour répondre à Masra.

 

Il s’agit là, de parler, du destin commun de notre peuple, du maintien de l’unité de notre pays. Ne soyons plus naïfs, ou du moins ne soyez plus naïfs, pour suivre aveuglement sans jugements lucides de votre part les politiciens de ce pays.

 

On nous a longtemps trompé et fait nager dans le beau mensonge. Seulement que, comme disait Abraham Lincoln « on peut tromper une partie du peuple tout le temps, et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps ».

 Cela dit, faisons la part des choses, disons tous ensemble, que le mensonge est mensonge même si tout le monde y croit et la vérité est vérité même si personne n’y croit.

 (…) Depuis ce jour où j’avais eu le privilège de comprendre la logique ainsi que les non-dits de Masra, je me suis senti obligé d’agir, illico, sur le champ. Car, sans cela le pays vivra les conséquences les plus dramatiques d’un discours que nous avons eu la malchance d’être témoins.

 Ce n’est pas comme si, je sauterai sur chacune des erreurs commises par Masra, pour le recadrer, chercher à le souiller ou me faire un nom sur son dos, tel n’est pas l’objectif cherché et beaucoup le savent. Mais là, il s’agit d’une question substantielle de survie d’un pays en tant que peuple uni, en tant que Nation en devenir, même s’il ne l’est pas.

 Sinon, souvenez-vous, lorsque Masra, annonçait partout, que : « les Traités et accords internationaux ou régionaux signés par le Tchad sont hiérarchiquement supérieurs dans l’ordre juridique de l’Etat à la Constitution, la norme des normes, et que par conséquent, elle devrait s’adapter aux traités ». J’étais là, j’y entendais, c’était une erreur capitale, une abomination inimaginable, une déception indescriptible, pour moi, l’universitaire, juriste publiciste, et je pouvais écrire de tonnes d’articles aussi à ce sujet pour le recadrer mais je n’ai dit mot.

 

(…) Alors, oui, avec ce projet de division, il a franchi ma ligne rouge par la ligne rouge qu’il s’est fixée lui-même, il a touché là où je ne permettrai à personne d’y toucher. De toute évidence, même si je retiens, toutes les autres ruptures mentionnées jusqu’ici par lui, je rejette catégoriquement, farouchement, ce projet de rupture du pays, et par là même, il a enclenché la rupture de confiance que j’avais en lui.

 

(…) Quoi qu’il en soit, diviser un pays, un peuple, ayant une histoire aussi amère que soit, n’est pas divorcer entre époux, même le divorce entre époux est d’une procédure assez longue, tracassière et aux conséquences toujours néfastes. O combien sera la division d’un peuple ?

 

Malgré tout, oui j’avais assisté, à ce discours déplorable pour l’histoire de notre pays organisé par des transformateurs démocrates dans leurs bouches et écrits mais dictatorial dans leur cœurs et esprits.

 

(…) Déplorable, parce que c’est un discours qui appelle fondamentalement à la haine, qui monte viscéralement les uns contre les autres, qui déchire les cœurs, qui nourrit les frustrations sociales.

 

(…) Déplorable, parce que c’est un discours qui dénote le raccourci à vouloir emprunter pour assouvir sa soif du pouvoir. Qui de ces leaders du nord d’Ibni Oumar Mahamat Saleh à Youssouf Togoimi en passant par Lol Mahamat Choua ou du sud de Medar à Yarongar avaient pensé et tenter de matérialiser cela ? Pourtant eux tous, étaient et sont des leaders qui se sont donné corps et âmes pour le pays. Ils pouvaient se rétracter aussi facilement avec un tel projet malsain, indigne et incongru face à un Deby accroché au pouvoir, coriace et qui ne lâchait pas prise. Notre voisin l’anglophone camerounais John Frundji ou le supposé ami de Masra Ousman Sonko du Sénégal dont le père est de la Casamance pouvaient aussi faire pareil pour sauver leur régions sécessionnistes contre ceux-là qui sont en guerre. Mais, niet, pour tous ces hommes d’Etat, l’idéal est le combat pour l’unité et dans l’unité.

 

(…) Déplorable, même à la mémoire des victimes des malheureux événements, parce que je suis certain que parmi les victimes, y compris celles du 20 octobre, beaucoup sont morts pour des causes d’unité, pour un Tchad libéré du joug des Deby, et non obtenir une quelconque division de ce pays !

 

(…) Déplorable, parce qu’en quoi Masra se serait rendu utile au peuple tchadien, si son objectif était juste de diviser le Tchad à ce moment, de quitter le navire alors qu’il coule, de changer de cheval au plein milieu de la rivière, tout en chantant jusqu’ici jour et nuit : « quand le chemin est dur, seuls les durs peuvent tracer le chemin ».  En quoi ce Masra aurait servi à ce peuple meurtri par le système des Deby ?

 

(…) Déplorable, parce que faire ses preuves dans la politique de ce Tchad malade, c’est survivre aux évènements, y compris la dynastie, aussi rude et abyssale qu’elle est, pour permettre à un sara et un doum de la combattre jusqu’au bout, côte à côte, main dans la main, coude contre coude.

 

(…) Déplorable, mais et surtout, parce que Masra s’est déjà permis d’essouffler à l’oreille de celui qui l’a entendu le mot : guerre civile. Et, malheureusement c’est vrai, n’y a pas de sécession possible sans morts entre deux camps, sans pertes de vies d’innocents, sans bain de sang inutile. Les tchadiens ont trop souffert des affres de guerres et ne peuvent se permettre encore de payer tribu aux calculs mercantilistes de ces politiciens pour des quêtes de division interne. A ce jour, je vous jure, je préfère que tous les tchadiens meurent pour la cause d’unité que de perdre un seul tchadien pour la cause de division. Pour moi, un être digne ne lutte pas pour diviser son héritage même dans la souffrance, il lutte pour en conserver ce qui reste de mieux et le solidifier dans des lendemains meilleurs.

 

En somme, depuis ce jour, je défini Masra comme étant, ni nationaliste, ni patriotique, ni panafricaniste, mais qu’un simple régionaliste sécessionniste. Et, amèrement mais certainement, je le compare au pire à Hitler dans sa manie de vouloir contenir la Nation sur des bases de religion, de langue, de culture et au mieux je le rapproche de tous ces autres machiavélistes convaincus que tous les moyens sont bons pourvu d’atteindre l’objectif.

 

(…) Pour moi, il n’est nullement pas panafricaniste, parce que, dans l’histoire du panafricanisme aucun panafricaniste ne s’est permis de diviser son pays. Au contraire, on les accuse tous de ne pas avoir acheminé le projet de la communauté des peuples africains. Alors, le panafricaniste, ne se réduit pas seulement au fait de bomber son torse et de crier « abat l’impérialisme » il se poursuit par la recherche de cet idéal de la communauté des peuples africains et non faire comme Masra pour diviser des peuples africains unis.

 

(…) Certes, le Tchad est tombé par terre dans tous les domaines du fait des Deby, et de leur protégée : la France, mais nous n’allons jamais pour autant nous permettre de l’enterrer. Nous allons pourtant tous ensemble, le relever de là, le soigner, chacun de nous apportant son médicament le plus efficace pour le rétablir de ses maladies. Nous allons être ses médecins qui lui redonneront le souffle de vie et non devenir ses euthanasistes qui lui écourteront sa survie en lui coupant les membres.

 

(…) Je pense que, nous avons, beaucoup à apprendre de l’intelligence, du sens de pardon et de la cohabitation de la Centrafrique voisine, qui a connu des crises religieuses majeures et encore plus graves.

 

(…) Je pense aussi que, nous avons à lire l’amère histoire de la crise ivoirienne post électoral des années 2000 pour en tirer profit du sérieux travail bâti après tout.

 

(…) Je pense encore que, nous avons à marcher sur les pas du réconciliateur africain Paul Kagamé qui a eu le génie de faire revenir le Rwanda en force sur la scène internationale après une crise sociale inouïe dans l’histoire du monde.

 

Pour finir, je parlerai comme Mandela qui disait à juste titre que : « j’ai appris une chose : je ne pouvais changer les autres que si je change d’abord » et je partage ce message au contenu salvateur à Masra et aux siens ! Ce Tchad n’est pas divisible et ne sera divisé par qui que ce soit.

 

 

Kelle Mahamat

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