Ali Abderaman Haggar : « Certains sont plus Français que Tchadiens et si le pays s’explose, Épervier et Barkane viendront les chercher »

J’observe le monde et le champ de ruines de la fraternité malmenée par toute sorte de politiciens et de décideurs dont certains sont plus français que tchadiens. Quand le Tchad explose, Épervier et Barkane viendront les chercher au quartier, les extirper de la fournaise des violences civiles pour les mettre en sécurité à la Base. Cela s’était vu en avril 2006 et février 2008. Et bien avant, en 1979 et 80. On n’a pas la mémoire courte. D’autres regagneront certaines chancelleries des pays voisins où ils ont des attaches. Le Tchad est certes un carrefour de civilisations mais c’est avant tout le pays des hommes et des femmes qui n’ont pas d’autres pays que le pays de Toumaï.

Je consulte régulièrement mes adresses TIC où des frères et des soeurs humains donnent envie de vivre. Mais il y a l’envers du décor. La bêtise s’inocule à coup de mégabits. L’ignorance est à fleur de clavier. Plein gaz d’insolence et d’irrévérence. Les charabia névrotiques sur les réseaux sociaux sont des charabia de bas étage mais ils sont suivis, applaudis comme des messages évangéliques, des oraisons funèbres, plutôt funestes. Ces charabia trouvent des tympans fertiles où s’ensemence la haine qui corrompt les cœurs et pousse à l’extrême. L’extrême, c’est la violence aveugle intercommunautaire que certains attendent comme un butin ou provoquent comme une pluie artificielle pour créer le déluge chez le voisin, en faisant passer le désordre comme un signe du ciel.

D’autres, les plus nombreux mais les moins bavards, redoutent la violence comme un cauchemar d’ivrogne. Les violences intercommunautaires finissent par des crimes de guerre, des génocides. Comment exorciser la violence, limiter les prêches des prophètes de l’apocalypse ? Les décideurs politiques et les faiseurs d’opinions sociaux doivent cesser de faire semblant. Les prophètes de la haine sont encore marginaux mais leur prêche est contagieuse vu les écosystèmes d’ignorance qui sont les nôtres. Une dynamique citoyenne est attendue à tous les niveaux. Dialoguons, ouvrons les jeux politiques et sociaux, cessons de diaboliser les adversaires, en amont et en aval, faisons de l’année 2020 une année de transition vers une décennie du changement positif, qualitatif. Un chemin a été cahin-caha parcouru. Il faut avancer. Il ne faut pas s’arrêter, tout casser et reprendre, repartir de zéro. Les enfants décapitent leurs poupées après saturation.

Les tchadiens ne sont pas des enfants. Et le Tchad n’est pas une poupée. Ça, c’est sûr. Amphithéâtre de l’université Cheikh Anta Diop. 29 janvier 2020.

Tchadanthropus-tribune avec Tchad Forum
Pascal Mayanga

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  • Bonsoir Mr le Docteur Ali Abdraman Haggar,
    C’est une bonne reflexion qui met une conclusion à ceux qui ont des oreilles attentifs mais les haines comme vous les dite, c’est semées puis quelques années seulement et comme il n’y aurait pas des gens comme vous, ces haines prendrait un chemin au quel personne ne peut arrêter et cela provoque aussi les malheurs de guerre civile qui produira les génocides, crimes contre l’humanité…

    Commentaire par Ahmat haroun SOULEYMANE le 11 février 2020 à 17 h 04 min
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