Le 11 août 1960, le Tchad tout entier, sauf le BET, s’était élargi de la colonisation française en obtenant son indépendance. Il y a de cela soixante-ans, un âge respectable pour un être humain, et une durée de vie assez longue pour bâtir une véritable nation et rétablir une histoire commune, ce qui ne fut pas le cas. Dix-neuf ans de balbutiement de la part d’un régime militaro-civil inexpérimenté de 1960 à 1979 ; quatre ans d’aveuglement sans pareil de 1979 à 1982 et surtout trente-huit ans de destruction systématique de 1982 à 2020.

Les Forces Armées du Nord et le Mouvement à la Flamme guerrière, avec la complicité des puissances étrangères dont la France s’y sont pris avec précaution et détermination pour soulever le peuple contre le peuple, détruire le peu de tissu industriel, saborder le système scolaire et annihiler le peu de confiance pour construire un avenir commun. Le Tchad est aujourd’hui le dernier pays en tous points de vue dans le monde.

Pour rappel, Hissein Habré n’avait pas été fait par le Général Félix Malloum chef de gouvernement au Tchad à la suite d’un acte de guerre, mais d’une négociation de paix obtenue en 1978 à Khartoum. Le déclenchement des tueries de février 1979 n’avait aucune justification d’autant plus qu’en face il n’y avait aucun véritable belligérant pour faire la guerre, le Général Malloum ayant pratiquement capitulé. Son silence jusqu’à sa mort en dit long sur ses véritables intentions cachées. Une guerre ne se déclenche pas à partir d’un lycée, ce qui fut le cas au Lycée Félix Eboué. Février 1979 était le début d’un génocide programmé dont les effets continuent encore jusqu’à aujourd’hui.

De plus, le motif propagandiste selon lequel il fallait rétablir l’équilibre entre le Nord et le Sud ne s’était pas justifié, d’autant plus que plus de quarante ans de règne des tendances du FROLINAT la supposée réhabilitation, par exemple, du BET n’a jamais été concrétisée. Les populations du Nord comme celles de toutes les autres parties du pays continuent de broyer du noir, sans le minimum vital dont l’eau ou l’électricité, les enfants mourant de faim, les femmes et les hommes ignorants à plus de 80% vivant avec moins d’un dollar par jour. Pire, la paix semble déserter les foyers les plus modestes. Les dirigeants ont excellé dans le communautarisme à outrance, en semant la division et le favoritisme au profit de la minorité au détriment de la grande majorité de la population qui représente une mosaïque de 256 ethnies.

Pour avoir tout cédé à la violence, nos guerriers avaient royalement oublié que toute victoire coûte certainement moins cher lorsqu’il y a moins de sacrifices en vies humaines et en ressources. Chez nous, ce comportement de guerrier est d’autant plus incompréhensible que ce sont nos propres compatriotes qui sont tués ou qui meurent par incapacité ou mauvaise volonté des dirigeants au pouvoir. A l’évidence, les comportements de nos dirigeants des quarante dernières années sont mus par la haine dont on ne sait d’ailleurs pas contre qui exactement. Et les haineux n’ont jamais remporté une victoire définitive pas plus qu’ils sont capables de construire une vraie paix.   

Certes, notre Maréchal fut considéré comme un héros pour certains combats. D’ailleurs, son actuelle distinction couronne la victoire qu’il a eues sur certains champs de bataille. Mais, pour le reste, il a capitulé devant la plus redoutable de toutes : la guerre sociale. Et pourtant, c’est cette guerre-là qui tue plus que toutes les batailles réunies. A côté des conséquences de celle-ci, les 40 000 exécutions de citoyens reprochées au génocidaire Hissein Habré, cumulées aux millions de pertes en vies humaines dues aux autres causes durant les trente-huit ans de règne sans partage d’Idriss Déby Itno sont sans commune mesure.

Sur la base des expériences et des actions menées par le Maréchal du Tchad, nous sommes convaincus qu’il n’y a plus à attendre du régime MPS. Le sixième mandat qui profile à l’horizon suite à la machine de fraude mise en place par la quatrième république, aidée en cela par le CNDP et la CENI, sera un de trop. Aussi, tous les patriotes doivent se mobiliser pour mettre fin à une nouvelle escroquerie qui pointe à l’horizon.

Ce 11 août 2020, jour anniversaire du soixantième anniversaire de notre indépendance, doit être considéré comme le jour de l’engagement de tous les patriotes pour la refondation d’un Tchad nouveau, totalement orienté vers un avenir meilleur pour tous et toutes. Notre histoire commune reste à écrire, et elle ne le sera que par nous. Le Tchad est notre patrimoine commun. Notre liberté naitra de notre courage.  Si ce n’est pas nous, qui le fera à notre place ?

Prof. Avocksouma Djona Atchénémou

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