En tant qu’ancien activiste lanceur d’alerte, je reviens à la charge pour dénoncer cette situation explosive et quasi-insurrectionnelle en cours dans notre pays.

Il y a plusieurs foyers différents qui n’ont pas forcément des liens entre eux mais se nourrissent d’un sentiment général de gouvernance biaisée laissant libre cours à tous les essais :

– Le front social des revendications corporatistes liés aux contentieux mal gérés des contrats de travail ;

– Le front judiciaire mobilisant pêle-mêle les victimes de la répression politique, policière ainsi que les nombreuses familles spoliées de leur habitat et moyens de production ;

– Les protestataires habituels des mouvements politico-société civile, principaux clients de la police ;

À cela, il faut ajouter les mouvements à fort potentiel de violence et de désordre :

– Les conflits ruraux, tantôt intercommunautaires, tantôt entre populations civiles et fds dans le pays profond ;

– Les manifestations anti-françaises non signées officiellement par des groupes légaux : ces manifs cachent plusieurs facteurs explosifs en attente, à savoir :

1) une tentative de revanche historique des régions culturellement hostiles à la France et qui avaient naguère été pacifiées dans le feu et le sang au début de la colonisation,

2) une défiance à l’égard du pouvoir CMT/MPS considéré par ceux-là comme l’instrument d’une nouvelle domination politique imposée par la France et ses alliés,

3) des officines cachées qui émergeront brutalement sur la scène une fois la situation devenue totalement hors de contrôle à travers le pays ;

– L’obstination de l’ancienne majorité politique de revenir au 6e mandat pour préserver à tout prix ses privilèges et se prémunir contre la réclamation de redevabilité de ses trois décennies de gestion décriée : c’est d’ailleurs la plus grande menace rampante entretenue par le pouvoir actuel contre lui-même !

– La confusion croissante de la géopolitique régionale qui fait espérer à certains groupes armés et certains cercles obscurs au sein du pouvoir même le recours aux coups de force, sachant que les condamnations seront de pure forme.

Dans un tel contexte de pré chaos, est-il raisonnable de tout attendre de Doha et du DNIS ?

À Doha, c’est une catégorie spécifique d’acteurs qui négocient d’abord pour eux-mêmes, dans une logique bien huilée quoique incertaine.

Le DNIS n’a pas été vraiment défini et sa préparation actuelle ne prend pas en compte les vraies questions prioritaires : une énième messe de bonnes intentions sans profondeur, n’a aucune chance de régler quoique ce soit de la crise tchadienne récurrente. Par contre, un DNIS de poids nécessiterait en préalable l’apaisement du climat général délétère, ce qui n’est pas encore le cas.

Ainsi, malgré la confiance excessive aux armes et à la brutalité, les facteurs cités ci-dessus sont tous potentiellement déclencheurs du pire et à tout moment.

C’est pourquoi le PCMT devrait prendre toutes ses responsabilités, en prenant d’abord de la hauteur et de la distance prudente envers les uns et les autres, y compris ses proches.

Ensuite, il devrait complètement revoir la gouvernance administrative, sécuritaire et politique du pays, en restaurant une vraie transition, éviter les erreurs fatales de la junte du CSM du général Malloum (1975-1979) qui a conduit le pays au chaos.

La tenue du DNI, dans le climat actuel, est un risque si des mesures concrètes de redressement de la gouvernance et de l’apaisement général ne le précédaient pas préalablement.

Cela ne dépend ni de parrains extérieurs, ni de proches privilégiés, ni des armes mais d’un SURSAUT DU PCMT EN SON ÂME ET CONSCIENCE ! L’Histoire en jugera…

Énoch Djondang

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