13 novembre 2020 #TCHAD #Opinion Libre : Au fil du temps… Le temps des charlatans (Par Parfait Djimasra)
À la faveur du 2e Forum national inclusif (FNI2) et sa suite, les charlatans de tous poils ont refait surface dans le landerneau politique. Tous y viennent chercher des viatiques pour leurs derniers jours. Revue de détail.
Premier de cordée… et le plus pitoyable, Mahamat Annadif Youssouf, ex-député de la 3e législature (il a troqué son siège au profit d’un certain nombre de maroquins au dernier gouvernement de la 3e République) et chef d’un petit parti allié (Al Nassour). Son fait d’armes : aux assises du FNI 2, le brave monsieur a sorti de son chapeau, une histoire terrible. En voulant défendre l’imposition d’un certain niveau d’étude pour siéger à l’Assemblée nationale, l’ancien élu du Hadjer Lamis n’y voit pas une opportunité d’exiger un minimum de diplôme de licence pour être député. Fondement de l’argumentaire : depuis son accession à la souveraineté internationale, le Tchad n’a connu qu’un seul chef d’État diplômé, Idriss Déby Itno. Et de s’interroger dans la plus grande ignorance ou malhonnêteté intellectuelle, pourquoi voudrions-nous que les députés aient un minimum de licence alors que pour la plus grande charge du pays, on a vu des semi-lettrés ? Est-ce une ignorance ? Pas si sûr. Si on demandait honnêtement au brave député de lister les présidents tchadiens, sortis de bonne école, il mettra le nom de Hissein Habré en tête de liste. Comprenons notre ancien député et ministre qui rase les murs depuis plus de deux. En prononçant ces propos absolument insensés, Mahamat Annadif Youssouf cherche à se refaire une place auprès du Maréchal. Sauf que la flagrance de cette ignorance ne peut lui ouvrir les portes qu’il souhaite défoncer.
Ousmane Chérif
Député du Parti pour les libertés et le développement (PLD) de l’illustre disparu, Ibni Oumar Mahamat Saleh. Aux assises du FNI 2, il a dit des choses graves pour la cohésion de la République. Mais l’assistance n’y a rien retenu. Rebelote, le député de l’opposition, qui a, depuis plus de deux ans, pris des distances avec sa formation politique à récidiver. Au cours d’un point de presse et parlant de l’épineuse question du code des personnes et de la famille, Ousmane Chérif, du haut de sa stature de représentant du peuple, propose que « chaque communauté ait son propre code de la personne et de la famille ». Que met-il dans le terme communauté ? Difficile de pénétrer sa pensée. Mais vu ses penchants pour l’islamisation du Tchad, l’on pourra comprendre aisément que le député insinue que chaque religion doit avoir son code de la personne et de la famille. Au lieu d’un code unique qui gouvernera notre vivre ensemble, Ousmane Chérif milite pour la matérialisation de deux codes, un pour les chrétiens (catholiques et protestants), là aussi, ce n’est pas gagné d’avance et l’autre pour les musulmans. Que ferons donc les « comme ça gens » ? Conclusion, l’honorable a manqué une occasion de se taire. La République, ça ne fonctionne pas comme cela.
Mahmoud Ali Seid
On l’aura connu sous toutes ses coutures. Mais au FNI 2, le coordonnateur de la Coalition des associations de la société civile (CASAC) a mis une couche supplémentaire sur son immaturité (intellectuelle ?). En évoquant la haine ambiante entre Tchadiens par réseaux sociaux interposés, l’actuel directeur administratif et financier (DAF) de la présidence de la République propose la déchéance de la nationalité pour tout citoyen qui crique sur les réseaux sociaux, le chef de l’État et les institutions de la République. Comment peut-on honnêtement et aisément déchoir un citoyen ayant acquis sa nationalité par le lien du sang et du sol ? Pour sûr, Mahmoud Ali Seid n’a pas encore lu le code de la nationalité en vigueur en République du Tchad. Renvoyons-le simplement à une lecture intégrale et sagace de ce précieux document. Et il s’en rendra compte qu’on ne peut pas se lever un petit matin et ôter la nationalité à un citoyen qui l’a acquis naturellement. À moins que ça ne soit du charlatanisme pour s’attirer les faveurs du prince.
La meilleure du mois : Djimet Clément Bagaou
Chef d’un minuscule parti politique de l’opposition, l’élu de Bongor a montré son vrai visage, la semaine dernière. La tête d’un obscur groupe composé de 82 personnalités et artistes, celui qui fut candidat à la présidentielle de 2016 appelle à la candidature d’Idriss Déby Itno à la magistrature suprême. « Le président Idriss Déby Itno est le seul capable de fédérer les Tchadiens et de les conduire vers un avenir meilleur. Il est le plus à même de porter leurs attentes. » Ces propos sont ceux du député Djimet Clément Bagaou. Pourtant, il n’y a pas longtemps, le même déversait du vitriol sur le même Idriss Déby Itno. Quelle mouche l’a-t-elle piqué au point de renier sitôt ses propres convictions politiques ? La réponse est dans son ventre. Sauf que la plupart des artistes qu’il a grugés ne se reconnaissent pas dans ce théâtre. C’est du charlatanisme pur et dur.
Paru dans La Voix n° 533 du 11 au 17 novembre 2020