Le chef de l’État du Tchad Idriss Deby Itno a fait son énième forcing pour pouvoir briguer son 6éme mandats. Face à l’ire de la population, le régime de Ndjamena mène désormais une série d’opérations militaires et policières sur l’étendue de territoire. Ces derniers, répriment les manifestants et toutes celles et ceux qui osent lever le petit doigt.

N’en déplaisent aux nervis du chef qui écrivent ses discours en dépeignant une face rose de notre pays à l’entame du 9e congrès extraordinaire du Mouvement patriotique du salut, parti état, je suis aux regrets de vous apprendre que notre pays est depuis 30 ans sous un régime autoritaire. Votre champion dirige ce pays envers et contre tous. Est-il encore permis d’en douter vu le niveau d’abyme dans lequel notre cher et beau pays se trouve ? Point de place au doute !

Sinon comment s’expliquer à défaut de comprendre, qu’après plus d’une trentaine d’années de règne supposé être démocratique, des simples et pacifiques opposants sont emprisonnés pour avoir osés seulement répondre à l’appel du peuple pour dénoncer l’arbitraire ? Qui plus est, non content de les emprisonner, vous les faites passer à l’occasion en ennemis car ne supportant pas qu’ils puissent braver votre soi-disant autorité.

Déjà, en 2015, pour éviter un soulèvement populaire face à la chaotique situation financière conséquence d’un prêt hasardeusement négocié chez des mafieux, vous avez mis le pays sous cloche prétextant des possibles attentats terroristes dont en réalité vous n’avez que faire. Qu’avez-vous fait alors que 2 attentats venaient de tuer une quarantaine de N’Djamenois ? N’étiez-vous pas resté en Afrique du Sud comme si rien de grave ne s’était produit au pays ? Sous d’autres cieux, un vrai chef qui adore son pays et son peuple aurait écourté son séjour pour compatir avec son peuple. Et même plus tard, êtes-vous allé à la rencontre des familles des victimes, que nenni !

Aujourd’hui, vous prétextez, pour interdire toutes manifestations, le contexte sanitaire lié à la pandémie de la Covid19. Cette pandémie, vous a-t-elle interdit d’organiser vos tournées préélectorales dans toutes les grandes villes du pays ? Ou encore, d’organiser votre grotesque carnaval d’investiture ?

On le sait, votre assurance à toutes épreuves n’explique pas à elle-seule votre longévité. Bien hélas, il est notoirement admis que vous bénéficiez de la compromission des pays se désignant comme étant de « grande démocratie » que nous connaissons.

Vous vous prétendez démocrate. Sachez que dans une démocratie, l’on n’emprisonne pas ses opposants politiques, l’on n’interrompt pas le réseau internet ni interdit une manifestation pacifique non plus ; C’est de la violence attentatoire aux libertés fondamentales d’expression, de réunion, de mouvement, etc. Le paradoxe, c’est que ces droits sont consacrés par notre loi fondamentale. Avez-vous pris la peine de la lire avant de la promulguer lors de l’un de vos derniers shows ?

Le peuple tchadien vit dans la terreur ; c’est le moins qu’on puisse dire. Avouez que la seule paix que vous nous offrez est celle des cimetières ou de l’exil. Et même là, il vous est arrivé de refuser à des exilés, décédés en exil, de reposer en paix sur la terre de leurs ancêtres.

Les institutions se délitent et se caractérisent par un manque de contre-pouvoir laissant le champ libre à toutes les dérives autoritaires. Rien ne fonctionne normalement tant vous incarnez à vous, tout seul, tel un dieu des temps obscurs, tous les pouvoirs consacrés par notre loi fondamentale à savoir l’exécutif, le législatif et le judiciaire. D’ailleurs, pour paraphraser un de vos ex conseiller qui disait, avec une certaine ironie, ce qui est d’ailleurs une évidence : « …au Tchad, il ne reste que Dieu et Deby… ». C’est à se demander si certaine fois, vous ne vous prenez pas pour Dieu lui-même tant votre mode de gouvernance est analogue, enviable par les pires des tyrans que l’humanité ait connus.

Les médias officiels, en l’occurrence la Radio et la Télé-Tchad, ne sont que vos instruments de propagande, vantant et chantant votre gloire à longueur de journée. Pour votre information, nous autres exilés, on en est arrivé en à avoir honte de ces médias lorsqu’on se trouve en présence d’un étranger tant les programmes, marqués par une indigeste propagande, sont insupportables. Fort heureusement, et ce, malgré toutes les entraves, le seul espace de liberté pour exercer notre droit légitime se trouve être les réseaux sociaux pour mettre en lumière et à nu les méandres de votre abjecte dictature.

Que dire de la gestion calamiteuse des affaires publiques. Notre pays, après 17 ans d’exploitation pétrolière se retrouve à faire la manche auprès des bailleurs de fonds pour avoir dilapidé pour des raisons obscures tout son argent. En êtes-vous fier ? J’ose le penser.

Le Tchad va mal et en tant que dignes fils de ce pays, nous ne cesserons de vous le rappeler afin que vous retrouviez raison. Vous pouvez nous enfermer, nous embastiller, nous occire, mais nos plumes, nos idées et notre certaine idée du pays finiraient, tel un cauchemar, par toujours vous rappeler à nous. Personne ne viendra à bout de ce brasier de liberté qui brûle en nous et celui-ci ne s’éteindra pas tant que notre pays demeurera une dictature. Le moment venu, nous chanterons tous le chant de la liberté.

Le Tchad est un bien commun et nul ne peut s’en accaparer tel que vous le faites avec les soudards acquis à votre cause. Notre liberté d’expression ne pourra être bridée dans le cadre des partis politiques que vous manipulez à votre guise ; vouloir l’imposer, c’est aussi ça la dictature.

On le sait, vous continuez aisément à prospérer sur ces divisions factices et artificielles qu’on nous rabâche depuis les malheureux évènements de 1979. Ne vous en déplaise, il n’y a qu’un seul Tchad et les tchadiens ne se réveillent pas le matin en se demandant s’ils sont du sud ou du nord. A la limite et à titre proprement privé, ils prient pour la paix selon la croyance à laquelle ils croient. Donc vos jérémiades enfermant les uns et les autres dans une appartenance, tantôt géographique tantôt cultuelle, est une énième forfaiture qui contribue à phagocyter la société et perpétuer votre machiavélique règne. Ce dernier, n’avait-il pas théorisé le diviser pour règne ? Que dire aussi de la multiplication par 100 le nombre de ces cantons sans ressort territorial ? le Tchad et donc les tchadiens avaient-ils exprimés un besoin réel en ce sens ? N’avaient-ils pas vécu depuis la nuit des temps avec les seules autorités traditionnelles qu’ils ont respectés en tout temps ? Pourquoi s’acharner à diviser les tchadiens si derrière cela vous n’avez pas des intentions inavouées ?

Vous parlez souvent des dictatures implacables qui ont précédé la vôtre. Ne croyez-vous pas que la description ubuesque que vous en faites, vous ne faites que décrire la réalité aujourd’hui vécue par le tchadien lambda sous votre règne ? Oui, le tchadien, à quelques détails près, vit le même cauchemar déjà vécu sous vos prédécesseurs. Libérez les prisonniers politiques, Dieu seul sait qu’ils sont nombreux, respectez déjà les mesures d’amnistie accordées aux milliers d’exilés forcés, mettons-nous autour d’une table et discutons tous ensemble de l’avenir de notre pays. Sans cela, on ne peut que vous affubler du qualificatif de DICTATEUR.

L’insupportable double discours commence par agacer. Ainsi, expliquez-nous pourquoi « l’amnistie générale » que vous avez proclamée, à grand renfort médiatique, en faveur de tous les opposants politiques en exil par l’Ordonnance N°19/PR/2018 du 23 mai 2018 est exécutée de manière sélective ? Selon votre conception du droit, y a-t-il des opposants amnistiables et d’autres pas ? Qu’est-ce qu’il faut penser des détenus politiques, malgré l’amnistie proclamée, qui croupissent toujours dans vos prisons de manière extrajudiciaire ? Faut-il penser que cette amnistie n’est accordée qu’à des opposants devenus inoffensifs à votre régime despotique ?

Soyez en assurer, nous prions tous les jours, la fin des misères que vous faites à notre pays, pays qui, au fil des jours, est devenu un bateau sans boussole, tanguant au gré des vagues. Notre devoir à tous est de le sauver de ce naufrage imminent. On peut tout fuir sauf sa conscience. Cette petite lumière intérieure qui fait de nous des êtres humains.

Puisse la raison dorénavant vous habite !

Abdelmanane Khatab

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