Les Tchadiens, dans leur grande majorité, s’interrogent sur les voies à suivre pour en finir avec le régime actuel. Il faut dire qu’après trois décennies de désordre, le pouvoir en place s’est illustré par son incapacité à bâtir un Etat tchadien digne de ce nom. Et pendant ce temps, chacun y va de sa petite réflexion qui frôle la vérité absolue. Or, philosophiquement parlant, il n’existe point de vérité absolue. Toute vérité est relative.

Tout cela pour dire tant que les Tchadiens, du moins ceux s’impliquent dans la lutte d’une façon ou d’une autre, ne convergent pas vers une solution politique durable et à même de rassurer la Communauté internationale. Par conséquent, il y a fort à parier ce statu quo amoindrit toute chance de sortir le pays de l’impasse. A cet imbroglio s’ajoute d’autres facteurs internes inhérents au communautarisme exacerbé, semés sciemment par le régime actuel dans le but d’asseoir son emprise totale. C’est chose faite. Maintenant, place à la diversion.

En dénichant une solution soi-disant miracle pour faire diversion à l’issue du jeu de cirque déguisé en « Forum national inclusif », le régime actuel croyait dur comme fer faire table rase des 28 années de gabegie avec sa IVème République mort-née. Tant que les mauvaises pratiques ne changent pas, c’est vain de changer des Républiques. Pire, la IVème République est un concentré des pouvoirs entre les mains d’un seul individu. Bref, une dérive dans un océan des dérives. Revenons à la Communauté internationale.

Pourquoi, en explorant toutes les solutions susceptibles de donner une lueur d’espoir aux Tchadiens, devrait-on insister sur la position à adopter vis-à-vis de la Communauté internationale ? Cette réflexion s’explique par le simple fait que, pour l’heure, les Tchadiens ne sont pas maîtres de leur destin. Notre destin se décide à Paris, tête de pont de la Communauté internationale. Or, cette dernière n’agit qu’en fonction de ses intérêts vitaux et géostratégiques. Alors qu’observe-t-on, ces dernières années, dans la zone d’influence de Paris en Afrique ? Une menace terroriste grandissante couplée à l’hégémonie chinoise, sans oublier une présence massive russe en RCA qui commence par inquiéter Paris.

En effet, la menace terroriste a mis en évidence la fragilité de pays de la zone sahélo-saharienne. Une vaste zone difficilement contrôlable. Qui plus est, à la chute du dictateur libyen, la Libye est devenue un marché d’armes à ciel ouvert. A partir de ce constat limpide, il devient un secret de polichinelle que la porosité des frontières de pays de cette zone constitue une source d’alimentation en armes pour raviver les tensions. Et par conséquent, qui dit menace dans le pré carré, dit menace aux intérêts vitaux et géostratégiques de la Communauté internationale. En Occident, l’électricité sert, en priorité, à faire tourner l’industrie et l’économie. Et les centrales nucléaires ont besoin de l’uranium pour fonctionner. Et le Tchad dans tout ça ?

Le Tchad, au-delà de ses immenses ressources naturelles peu exploitées, compte tenu de sa situation géographique, occupe une place de 1er choix dans le pré carré français en Afrique. Autant dire que le choix d’un pouvoir politique au Tchad ne se décide pas à la légère. Parce qu’il en va de la sauvegarde des intérêts vitaux et géostratégiques de Paris dans sa zone d’influence. Est-il nécessaire de répéter que la Communauté internationale dispose suffisamment de moyens pour défendre ses intérêts directement ou indirectement par le biais de ses gardiens de temple ? Je ne le pense pas. Juste une modeste contribution à la réflexion.

 

Abderahim Mahamat

abderahim80@yahoo.fr

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