Hissein Abbas est le fils ainé de Abbas Koty, ancien chef d’état-major de l’armée assassiné le 22 octobre 1993 dans des conditions mystérieuses juste après la conférence nationale souveraine. Dans une tribune, il estime que « sans vérité, justice et réconciliation, le dialogue ne servira à rien ».

« Son corps n’a jamais été retrouvé et jusqu’à nos jours, nous aspirons à découvrir la vérité sur les circonstances de sa mort et aussi de savoir où est le reste de son corps puisque nous savons que ses assassins sont des acteurs politico-militaires toujours en service dans ce pays », déclare-t-il.

Hissein Abbas estime que « 25 ans après la conférence nationale souveraine, un dialogue dit inclusif a été organisé. Ce dialogue n’a rien pu apporter de concret à la réconciliation nationale, car, au cours de ces assises, aucune question liée aux crises sociopolitiques et aux frustrations qui empoisonnent notre pays n’ont été abordée ».

« Je veux parler des crimes, des assassinats à l’exemple de celui de mon père, des exclusions, des injustices, impunités et autres. Aujourd’hui, on nous parle encore d’une autre assise pour une transition apaisée, démocratique, de paix et de réconciliation nationale pour permettre selon eux au pays de partir sur de nouvelles bases. Je n’y crois pas du tout ». À ses yeux, « on ne peut s’asseoir autour d’une table et dialoguer tant que la rancœur et la haine nous rongent ». Il nous faut d’abord « nous pardonner et nous réconcilier, avant de parler d’un quelconque dialogue ».

Hissein Abbas propose, à l’exemple de plusieurs pays africains qui ont face à une situation similaire au Tchad, d’adopter le processus de vérité, justice et réconciliation, car « c’est la seule manière de ramener le pays sur de nouvelles bases au lieu d’organiser un énième dialogue qui une fois de plus ne changera rien » : « Je sais que comme moi, beaucoup de Tchadiens réclament que la lumière soit faite sur l’assassinat de leurs parents ou leurs proches. Pour le cas de mon père, je sais qu’il y a des acteurs politiques et militaires de l’époque qui ont été témoins de ce crime et qui sont encore vivants. La famille voudrait savoir qui a tiré sur Abbas Koty et où sont les restes de son corps pour que nous puissions faire notre deuil ».

Hissein Abbas Koty

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